Zoom par Patrick Adler
Un train pour Milan
« Ceux qui m'aiment prendront le train »
« Aimez-vous Brahms ? »
Ces deux titres de films pourraient illustrer le seul-en-scène aussi puissant que macabre proposé par François Feroleto.
« Aimez-vous Brahms ? »
Ces deux titres de films pourraient illustrer le seul-en-scène aussi puissant que macabre proposé par François Feroleto.
Entre récit et conte, entre réel et fantasmé, entre personnel et référencé - puisque Inspiré de Dino Buzzati - il déroule la vie de Marcello, un père valeureux mais condamné dans la période la plus noire de l'Italie , celle de Mussolini. Et là encore s'imposent les contrastes qui construisent le récit : la chaleur de la Calabre et le froid de Milan, le Sud miséreux et le Nord florissant, la sincérité des petites gens et l'hypocrisie et la cupidité des nantis.
Ce théâtre d'ombres où surgissent, épars, quelques instants lumineux comme la rencontre de Giulia, sa future femme, la naissance de son fils Paolo, le veston magique - fabrique éphémère de richesse -, les standards joyeux d'Adriano Celentano et Paolo Conte, ne saurait faire oublier la mélancolie ambiante de son lieu de vie : la prison où depuis douze ans, il peaufine le discours qui pourra le rendre libre. Car...
« Vox populi, Vox dei ».
Une mélancolie appuyée par ce « Trop tard » susurré , chapitrant comme un chœur antique les séquences qui, d'emblée, sonne le fatum, la malédiction. Et elle commence très tôt , cette malédiction, puisque, orphelin de mère et , quelque part, de père ( la scène de la dédicace où l'enfant, face à lui, refuse de donner son patronyme, se contentant de son prénom, est bouleversante), elle se poursuit dans cet exil au Nord où il ne trouvera pas sa place et en viendra même à perdre son identité dans son village natal. «Milanais en Calabre, Calabrais à Milan ». Douleur de l'enfance qui perdure.
En convoquant tous ces fantômes, tous ces souvenirs maléfiques avec cette voix grave et légèrement éraillée, cette stature imposante qui n'est pas sans rappeler Kris Kristofferson, François Feroleto , talentueux en diable, ne nous laisse aucun répit et cette histoire sombre qu'il déroule est palpitante. La scénographie est réduite et intelligente car elle gère à la fois le huis clos du condamné , reclus, et la vie alentour. Ainsi, les paravents qui ,figurant au départ une cellule, s'ouvrent et se ferment sur les côtés au rythme des séquences qui nous amènent sur les plages de Calabre, dans les rues de Milan, chez le tailleur, habillent l'ensemble. Tout comme les lumières, savamment dosées et la bande-son, très étudiée.
Ce « Train pour Milan » est lugubre et beau comme un tableau de Goya ou, comme le dit Michel Bouquet en voix off, parlant de la vie la nuit dans le jardin :
« La kermesse de la mort avait commencé au crépuscule et elle continuerait à jamais »
En voulant tout gagner et en ayant tout perdu, Marcelo va-t-il, face au jugement populaire, sauver sa peau ? Et le veut-il seulement ?
Embarquez dans ce train, il n'est pas « trop tard », surtout quand Brahms vous accompagne ...jusqu'au jugement !
Ce théâtre d'ombres où surgissent, épars, quelques instants lumineux comme la rencontre de Giulia, sa future femme, la naissance de son fils Paolo, le veston magique - fabrique éphémère de richesse -, les standards joyeux d'Adriano Celentano et Paolo Conte, ne saurait faire oublier la mélancolie ambiante de son lieu de vie : la prison où depuis douze ans, il peaufine le discours qui pourra le rendre libre. Car...
« Vox populi, Vox dei ».
Une mélancolie appuyée par ce « Trop tard » susurré , chapitrant comme un chœur antique les séquences qui, d'emblée, sonne le fatum, la malédiction. Et elle commence très tôt , cette malédiction, puisque, orphelin de mère et , quelque part, de père ( la scène de la dédicace où l'enfant, face à lui, refuse de donner son patronyme, se contentant de son prénom, est bouleversante), elle se poursuit dans cet exil au Nord où il ne trouvera pas sa place et en viendra même à perdre son identité dans son village natal. «Milanais en Calabre, Calabrais à Milan ». Douleur de l'enfance qui perdure.
En convoquant tous ces fantômes, tous ces souvenirs maléfiques avec cette voix grave et légèrement éraillée, cette stature imposante qui n'est pas sans rappeler Kris Kristofferson, François Feroleto , talentueux en diable, ne nous laisse aucun répit et cette histoire sombre qu'il déroule est palpitante. La scénographie est réduite et intelligente car elle gère à la fois le huis clos du condamné , reclus, et la vie alentour. Ainsi, les paravents qui ,figurant au départ une cellule, s'ouvrent et se ferment sur les côtés au rythme des séquences qui nous amènent sur les plages de Calabre, dans les rues de Milan, chez le tailleur, habillent l'ensemble. Tout comme les lumières, savamment dosées et la bande-son, très étudiée.
Ce « Train pour Milan » est lugubre et beau comme un tableau de Goya ou, comme le dit Michel Bouquet en voix off, parlant de la vie la nuit dans le jardin :
« La kermesse de la mort avait commencé au crépuscule et elle continuerait à jamais »
En voulant tout gagner et en ayant tout perdu, Marcelo va-t-il, face au jugement populaire, sauver sa peau ? Et le veut-il seulement ?
Embarquez dans ce train, il n'est pas « trop tard », surtout quand Brahms vous accompagne ...jusqu'au jugement !
Paru le 20/10/2023
(44 notes) THÉÂTRE DE LA HUCHETTE Du jeudi 24 août au samedi 25 novembre 2023
SEUL-E EN SCÈNE. Dans une heure, Marcello sera face à la foule pour plaider sa cause et tenter de retrouver sa liberté. Si la foule l’applaudit, il sera libre. Si elle le siffle, il retournera en prison pour toujours. Pourquoi a-t-il été condamné ? C’est l’histoire qu’il va nous raconter. L’histoire d’un Calabrais...
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