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© Bruno Perroud
Article de Jeanne Hoffstetter
Benjamin Egner
en philosophe invité au «Repas des fauves»

Trois Molière en 2011, un succès non démenti à chaque reprise depuis sa création en 2009, la pièce s'installe cette fois au théâtre Hébertot. Benjamin Egner rejoint la distribution pour remplacer en alternance Julien Sibre dans le rôle de Vincent, professeur de philosophie dont l'humour dévastateur n'a d'égal que son cynisme.
Cinéma, télévision, doublages, jeux vidéos, théâtre... il tourne et joue sans temps morts. A peine vient-on de le voir sur scène dans "Madame Ming" d'Eric-Emmanuel Schmitt et "La Voix d'or" d'Eric Bu, que le voici invité à ce "Repas des fauves". Une table devant laquelle il préfère s'installer vierge de toute référence. Le film de Christian Jacque ? Pas vu. Les représentations précédentes ? Pas vues. « J'ai simplement vu un peu Julien, que je connais bien, car je n'ai que trois semaines pour reprendre le rôle une semaine sur deux en alternance avec lui, mais je préfère arriver vierge sur la création d'un rôle. »

Dans la France occupée de 1942, sept amis se retrouvent pour fêter l'anniversaire de leur hôte mais, suite à un événement inattendu, la fête du début se termine en cauchemar et deux d'entre eux doivent mourir. Mais lesquels ? A eux de se mettre d'accord. Tout philosophe qu'il est, Vincent est pris au milieu de ce sauve qui peut dévastateur... « Les circonstances font que toutes les bassesses humaines ressortent et que face à la menace de mort, le plus cartésien des humains peut verser dans les extrêmes de manière animale. Personnellement, je ne sais pas ce que c'est que de vivre en temps de guerre, mais ça devait être comme ça, alors tous les grands discours pour juger et dire ce que l'on aurait fait nous dans de telles circonstances... »

La pièce se présente comme un thriller historique entre le drame et le rire


« Vincent, mais je ne veux pas trop le dévoiler, est quelqu'un de très intelligent, cynique et plein d'humour ; ses répliques font rire, mais en même temps il connaît bien l'âme humaine et il est très droit. J'aime beaucoup ce personnage. La pièce se présente comme un thriller historique entre le drame et le rire, un huis-clos étouffant très dialogué, avec phrases courtes, silences, voix basses ou plus aigües... J'aime la musicalité du texte, comme si l'on passait d'une fugue à un requiem, et les vidéos sublimes de dessins à la plume d'une poésie folle.»


Pour peindre ce tréfonds de l'âme humaine, huit comédiens sur scène, ensemble en permanence, ce n'est pas si courant mais cela participe au plaisir de Benjamin Egner, formé au théâtre public dans la troupe d'Emmanuel Demarcy Mota avec laquelle il a passé sept ans. « C'est un spectacle choral qui demande une grande concentration, une grande écoute des autres et qui exige aussi de connaître parfaitement leurs textes. J'ai eu la chance de travailler avec Michel Bouquet dans "L'avare" et j'ai toujours en mémoire ce qu'il m'avait dit : "On reconnaît un grand acteur à son écoute". Personne ne m'a écouté sur un plateau aussi bien que lui, quand je parlais. Non seulement il m'écoutait, mais son regard me scannait littéralement, et ça c'est magique. "Le Repas des fauves" me donne en outre l'occasion de travailler pour la première fois avec Thierry Frémont, un acteur d'une grande puissance que j'aime beaucoup. Oui, tout ça est passionnant !»

* Pièce de Vahé Katcha (1960) adaptée et mise en scène par Julien Sibre en 2010.
Paru le 23/09/2023

(153 notes)
REPAS DES FAUVES (LE)
THÉÂTRE HÉBERTOT
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