Article de Jeanne Hoffstetter
Un train pour Milan
Mêler l'histoire de son père à des nouvelles de Dino Buzzati tout en nous faisant traverser l'Italie du sud au nord, sur cinquante ans ... Entre réalité et un brin de fiction pour faire le lien, telle est l'idée folle de François Feroleto, soutenue par la voix amicale de Michel Bouquet...
François Feroleto,
l'auteur et metteur en scène est aussi seul en scène : la barre est haute cette fois pour cet acteur qui nous avait habitué à... plus classique qu'à jongler pour la première fois entre autant de casquettes ! Une folie aussi que d'être parvenu à créer un fil narratif en faisant coïncider, parce qu'il les aime, certains récits de Buzzati entre eux, quand ils n'ont rien à voir les uns avec les autres, tout en y intégrant la vie de son père et des souvenirs de sa propre enfance en Italie. « Ça me fait plaisir que vous disiez ça, parce qu'effectivement, j'ai senti avec cette histoire si personnelle que c'était le moment de cumuler ces premières fois, auxquelles on peut même ajouter celle de co-producteur puisque j'ai créé ma Compagnie pour coproduire ce spectacle avec Thalia Prod dirigée par Joseph Arragone. Finalement, j'ai écrit un texte sur l'émigration et le déracinement est au cœur de mon spectacle, à travers ce qu'a vécu mon père qui demeurait celui qui était parti quand il rentrait en Italie, et restait l'Italien à l'étranger. C'est ce qui continue d'exister aujourd'hui avec tous ces gens qui quittent leur pays pour espérer trouver une vie meilleure. Moi-même, j'ai toujours été partagé entre deux cultures, deux langues, deux pays. Mais à travers ce spectacle je le fais vivre ce train pour Milan qui traverse l'Italie. J'ai même appris à danser la tarentelle et à jouer de l'harmonica ! Et pour m'accompagner, Michel Bouquet, avec qui j'ai joué plus de cinq cents fois dans "A torts et à raisons", m'a fait un cadeau inestimable en acceptant d'enregistrer quelques minutes de "Douce nuit", une nouvelle que j'adore. C'est son dernier enregistrement et je suis modestement heureux de lui rendre hommage et de faire à mon tour ce cadeau aux spectateurs. »
Gaëlle Billaut-Danno,
la collaboratrice artistique. Pour avoir joué "Trahisons" de Pinter avec lui en 2017, connait bien François Feroleto. Leur entente était si parfaite qu'ils s'étaient promis que leur coup de cœur amical et professionnel ne s'arrêterait pas là. Mais elle le dit : « Là, c'est sur François qu'il faut mettre l'accent. Pour ce qui me concerne, je parlerais plutôt de complicité artistique. Je l'ai accompagné. Je suis partie de ce qu'il me proposait, du décor qu'il avait pensé pour créer des images, des atmosphères différentes et nourrir le récit. J'ai aimé le fait que François s'empare de nouvelles de Buzzati et son univers onirique en les entrelaçant avec des parties plus personnelles qui résonnent avec l'histoire de son père, immigré italien. C'est très touchant. Il y a des passages dont on se demande si c'est Buzzati ou François qui les ont écrits tant les choses s'entremêlent. Loin de la course folle que nous vivons, ça fait un bien fou d'entrer avec ce personnage dans une autre époque, un autre rythme, une autre musique. En tant que spectatrice, j'aime être touchée et que mon imaginaire soit convoqué. C'est ce que François nous offre avec "Un Train pour Milan". Et je suis très fière d'avoir été à ses côtés dans cette aventure.»
Paru le 10/09/2023
(44 notes) THÉÂTRE DE LA HUCHETTE Du jeudi 24 août au samedi 25 novembre 2023
SEUL-E EN SCÈNE. Dans une heure, Marcello sera face à la foule pour plaider sa cause et tenter de retrouver sa liberté. Si la foule l’applaudit, il sera libre. Si elle le siffle, il retournera en prison pour toujours. Pourquoi a-t-il été condamné ? C’est l’histoire qu’il va nous raconter. L’histoire d’un Calabrais...
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