Zoom par Patrick Adler
Kessel
La liberté à tout prix
Kessel et Desmedt ou Desmedt est Kessel ?
Ou quand l'incarnation atteint la perfection ...
Il le dit en avant-propos. Une heure et dix minutes ne suffiront pas . Il y a tant à dire sur lui. Lui , c'est Kessel. Joseph Kessel. Jef pour les intimes. Ou Franck. On ne sait pas , on ne sait plus. On en parlera plus tard.
Ou quand l'incarnation atteint la perfection ...
Il le dit en avant-propos. Une heure et dix minutes ne suffiront pas . Il y a tant à dire sur lui. Lui , c'est Kessel. Joseph Kessel. Jef pour les intimes. Ou Franck. On ne sait pas , on ne sait plus. On en parlera plus tard.
Bien sûr, il y a Kessel. Ce boulimique de sensations qui , en un tournemain, peut faire basculer sa vie à 180 degrés. Il eût pu, comme Lazare, son frère regretté parti si tôt, être comédien. Il sera finalement journaliste, puis aviateur, correspondant de guerre, romancier et même académicien. Un amoureux éternel de ce qui se vit, des femmes, des hommes, des mots, des sensations fortes, de la vitesse, des contrées lointaines. C'est à la fois un œil et une plume, forcément liés. Il écrit ce qu'il voit. Et il écrit par nécessité. Il décrit aussi bien ses soirées de beuverie dans les salons Parisiens que ses pérégrinations en Afrique ou en Afghanistan, les esclaves échangés ou achetés. Et comme il écrit bien, il sert la France ( dixit le Grand Charles). Il ne compte ni ses mots, ni ses kilomètres au volant d'un avion ou d'autres véhicules motorisés. Sa vie est faite de coups de volants. Par chance pour lui, le permis à points n'est pas encore apparu. Heureusement, puisque ce bois-sans-soif qui n'aime rien tant que l'alcool (« Combien sont nés grâce à lui ?, écrit-il, ajoutant même que « le whisky est la médecine de l'âme ») aurait mal vécu nos nouveaux interdits. Sa vie, son ADN, c' est l'adrénaline, ce doux parfum qui fait que « la plus belle aventure est celle qu'on n'a pas encore vécue ! »(sic) . Kessel a le goût du métier, ce qui pour lui équivaut au goût du risque. Aussi se meut-il avec agilité dans ce tourbillon d'aventures inimaginables qui émaillent sa vie.
Bien sûr, il y a Kessel mais que dire de celui qui l'incarne ? Donnez-lui une partition - de qualité, évidemment - et il vous en fait un chef-d'œuvre.
Avec le texte finement ciselé, la bande-son et la mise en scène de Mathieu Ranou, Franck Desmedt nous offre un voyage exaltant où, sans nous accorder le moindre répit - car même ses silences et ses ruptures nous tiennent en haleine - il figure tout.
D'une ass scénographie épurée ( une longue toile blanche et quelques vêtements et couvre-chefs accrochés à un perroquet) par le simple jeu des éclairages de Laurent Beal, il s'invente le monde de Kessel, l'habille a son gré, s'offrant même des rencontres imaginaires - ou réelles ? - avec un de Gaulle sentencieux , un Bogart éméché et un Huster exalté qu'il imite à la perfection. Il n'a pourtant pas le physique imposant de Kessel et pourtant il est Kessel par sa fougue, sa flamboyance, sa témérité, sa folle énergie, son souffle. Dire qu'il nous hypnotise n'est même pas trop fort. La virtuosité rend coi.
Céline disait de New York que c'est une ville debout. Kessel , lui aussi, est debout. Ce qui nous renvoie à sa réflexion : « le soleil se couche , moi, jamais ! »
Coïncidence ? Le public ne semble pas non plus enclin au sommeil puisqu'il est ...debout Dix minutes de standing-ovation pour cette claque magistrale, cette leçon de théâtre que nous offre Franck Desmedt dans ce champ des possibles où nous sommes déjà prêts à le suivre pour « le chant des partisans ».
« Rideau après rideau, la terre m'a ouvert son théâtre », écrivait Kessel.
Au Théâtre Lucernaire, « Kessel. La liberté à tout prix» affiche complet depuis le 30 août.
Courez-voir ce biopic théâtral de génie avant que le rideau ne se ferme ! Conseil d'ami.
Bien sûr, il y a Kessel mais que dire de celui qui l'incarne ? Donnez-lui une partition - de qualité, évidemment - et il vous en fait un chef-d'œuvre.
Avec le texte finement ciselé, la bande-son et la mise en scène de Mathieu Ranou, Franck Desmedt nous offre un voyage exaltant où, sans nous accorder le moindre répit - car même ses silences et ses ruptures nous tiennent en haleine - il figure tout.
D'une ass scénographie épurée ( une longue toile blanche et quelques vêtements et couvre-chefs accrochés à un perroquet) par le simple jeu des éclairages de Laurent Beal, il s'invente le monde de Kessel, l'habille a son gré, s'offrant même des rencontres imaginaires - ou réelles ? - avec un de Gaulle sentencieux , un Bogart éméché et un Huster exalté qu'il imite à la perfection. Il n'a pourtant pas le physique imposant de Kessel et pourtant il est Kessel par sa fougue, sa flamboyance, sa témérité, sa folle énergie, son souffle. Dire qu'il nous hypnotise n'est même pas trop fort. La virtuosité rend coi.
Céline disait de New York que c'est une ville debout. Kessel , lui aussi, est debout. Ce qui nous renvoie à sa réflexion : « le soleil se couche , moi, jamais ! »
Coïncidence ? Le public ne semble pas non plus enclin au sommeil puisqu'il est ...debout Dix minutes de standing-ovation pour cette claque magistrale, cette leçon de théâtre que nous offre Franck Desmedt dans ce champ des possibles où nous sommes déjà prêts à le suivre pour « le chant des partisans ».
« Rideau après rideau, la terre m'a ouvert son théâtre », écrivait Kessel.
Au Théâtre Lucernaire, « Kessel. La liberté à tout prix» affiche complet depuis le 30 août.
Courez-voir ce biopic théâtral de génie avant que le rideau ne se ferme ! Conseil d'ami.
Paru le 18/09/2023
(117 notes) THÉÂTRE DU LUCERNAIRE Du mercredi 30 août 2023 au dimanche 7 janvier 2024
SEUL-E EN SCÈNE. Joseph Kessel, écrivain, grand reporter et aventurier, a traversé le XXe siècle, dont il a été l’infatigable observateur. Explorateur du monde et de la nature humaine, témoin de son temps, il avait une soif de vivre (et de boire) inextinguible. Kessel – La liberté à tout prix est un spectacle qui ...
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