Zoom par Patrick Adler
Ceux qui restent
Elle court, elle court, la maladie d’amour… Ne pleure pas, mon p’tit loup…
Voilà la B.O. idoine et élégante d'une pièce courageuse et digne sur la maladie, la mort, l'acceptation du départ, le suicide accompagné...autant de sujets que certains pays ont su traiter avant nous. La Suisse est de ceux-là. Et J.Luc Godard n'est plus là pour nous en parler.
C'est un sujet sensible, délicat, qui eût pu conduire au casse-pipe s'il n'avait été traité avec finesse dans le jeu et l'écriture par Camille Prioul et sa troupe. Evitant les pièges du pathos, trouvant même par l'ironie et l'humour des échappatoires salvatrices, la pièce est dans la lignée de « Oublie-moi », quatre fois Moliérisée en 2022, dont la B.O (« Words » de F.R.David) illustrait aussi à merveille le propos. En convoquant de doux souvenirs, ses « madeleines », la mère (magnifique Anne de Peufeihoux) est le lien et le liant entre deux générations. C'est elle qui va partir, c'est elle qui est condamnée à mourir, c'est aussi elle, ce bain de jouvence délicieux qui dans son apparente légèreté interroge. Comme quoi... La plus âgée, la plus dépendante - vu son état - est pourtant la plus libre en choisissant sa mort, le jour et l'heure de sa mort. Comme un pied de nez à la Grande Faucheuse qui l'attend, elle jouit pleinement de ses derniers instants, s'offrant même un florilège d'espiègleries, riant de tout et surtout d'elle-même (« Sardou ? On a tous sa part d'ombre »).
Elle est gourmande de mots comme de nougats. Acidulée, tendre, aimante, sage conseillère, elle est ce phare qui illumine la pièce et balaie l'idée de l'absence qui ronge sa progéniture. Entre l'incertitude, la peur de l'engagement des jeunes, elle démontre « qu'on est souvent plus heureux quand on s'autorise à l'être » (sic).
Voilà une pièce qui, par ces destins croisés, nous fait un bien fou. Si vous ajoutez à cela un casting d'exception pour un thème qui n'est pas forcément sexy, vous allez prendre une belle leçon de vie.
Elle est gourmande de mots comme de nougats. Acidulée, tendre, aimante, sage conseillère, elle est ce phare qui illumine la pièce et balaie l'idée de l'absence qui ronge sa progéniture. Entre l'incertitude, la peur de l'engagement des jeunes, elle démontre « qu'on est souvent plus heureux quand on s'autorise à l'être » (sic).
Voilà une pièce qui, par ces destins croisés, nous fait un bien fou. Si vous ajoutez à cela un casting d'exception pour un thème qui n'est pas forcément sexy, vous allez prendre une belle leçon de vie.
Paru le 18/10/2023
(9 notes) THÉÂTRE FUNAMBULE MONTMARTRE Du lundi 11 septembre au mardi 31 octobre 2023
COMÉDIE DRAMATIQUE à partir de 14 ans. Étienne, un trentenaire, accompagne sa mère malade en Suisse pour un suicide assisté. Dans le même temps, il tombe amoureux de Juliette. Tandis qu'il balance entre les premiers "je t'aime" d'un côté, et les derniers de l'autre, Annie, celle qui part, profite avec gourmandise de ses derniers moment...
|