Interview par Jeanne Hoffstetter
Lilo Baur
met en scène “Une journée particulière”
Quarante-cinq ans après sa sortie, le film d'Ettore Scola continue d'inspirer les metteurs en scène. C'est au tour de Lilo Baur de faire sienne cette "Journée particulière" qui sera présentée au théâtre de l'Atelier en décembre.
Vous montez régulièrement des Opéras, reprenez la mise en scène de "La Puce à l'oreille" à la Comédie Française et abordez aujourd'hui "Une journée particulière". Pourquoi ce désir, maintenant ?
J'avais tellement aimé ce film ! Quand j'ai lu la pièce que Valérie Six et Claire Béjanin m'ont proposée, je l'ai trouvée si pertinente qu'elle aurait pu être écrite aujourd'hui. Elle va bien au-delà de la montée du nazisme et de l'homosexualité ! Pour moi, il s'agit surtout de la rencontre fortuite de deux solitudes. Celle d'un intellectuel homosexuel très cultivé, espiègle, seul et abandonné et qui sait qu'il vit sa dernière journée avant d'être déporté, et celle d'une bonne patriote qui se croyait tranquille, occupée à ses devoirs domestiques et qui, au fil de cette journée, va se sentir écoutée, respectée et va réaliser qu'elle était une femme humiliée, trompée, méprisée. On parle là de la place faite aux femmes dans la société qui pose encore des questions aujourd'hui si l'on pense ne serait-ce qu'aux femmes d'Iran et d'Afghanistan.
Avez-vous hésité sur le choix des comédiens pour incarner vos personnages ?
Non. C'est un choix fait ensemble avec Valérie et Claire. Lorsque j'ai rencontré Laeëtitia Casta, je me suis dit : mais c'est elle Antonietta ! Cette femme qui rayonne, c'était elle qui représentait pour moi la noblesse qu'avait en elle cette femme du peuple. La même chose pour Roschdy Zem, je l'ai immédiatement vu incarner ce journaliste. Ce sont des personnages tout en nuances et tellement forts en même temps. C'était une évidence.
Vous avez collaboré avec Peter Brook ainsi que très régulièrement avec la troupe de la Comédie Française, deux expériences très différentes qui nourrissent votre travail ?
Peter Brook restera un maître, le but avec lui était de raconter une histoire ensemble quelles que soient nos croyances, nos cultures et nos divergences, et c'est ça au fond le but du théâtre. Ce qui était formidable aussi, c'est que, lorsque l'on était avec lui, on avait l'impression que personne d'autre n'existait, même si ce n'était que dix minutes. Ça exprimait une confiance totale en vous. J'ai passé douze ans en Angleterre où j'ai beaucoup travaillé l'improvisation. Alors avec la Comédie Française, j'ai pensé apporter cette étique apprise avec Peter Brook, le côté physique où tout le corps est engagé, qui vient pour moi d'Aristote qui était à la fois coureur de marathon et une tête. Pour fonctionner, le cerveau a besoin d'utiliser le corps. Partant de là, j'improvise beaucoup avec la troupe de la Comédie Française qui est constituée de comédiens formidables. Je leur apporte une palette de possibilités pour les emmener là où j'aimerais et, de leur côté, ils m'apportent leur univers. C'est encore une fois le mot ensemble qui a toute sa signification et qui me tient à cœur.
J'avais tellement aimé ce film ! Quand j'ai lu la pièce que Valérie Six et Claire Béjanin m'ont proposée, je l'ai trouvée si pertinente qu'elle aurait pu être écrite aujourd'hui. Elle va bien au-delà de la montée du nazisme et de l'homosexualité ! Pour moi, il s'agit surtout de la rencontre fortuite de deux solitudes. Celle d'un intellectuel homosexuel très cultivé, espiègle, seul et abandonné et qui sait qu'il vit sa dernière journée avant d'être déporté, et celle d'une bonne patriote qui se croyait tranquille, occupée à ses devoirs domestiques et qui, au fil de cette journée, va se sentir écoutée, respectée et va réaliser qu'elle était une femme humiliée, trompée, méprisée. On parle là de la place faite aux femmes dans la société qui pose encore des questions aujourd'hui si l'on pense ne serait-ce qu'aux femmes d'Iran et d'Afghanistan.
Avez-vous hésité sur le choix des comédiens pour incarner vos personnages ?
Non. C'est un choix fait ensemble avec Valérie et Claire. Lorsque j'ai rencontré Laeëtitia Casta, je me suis dit : mais c'est elle Antonietta ! Cette femme qui rayonne, c'était elle qui représentait pour moi la noblesse qu'avait en elle cette femme du peuple. La même chose pour Roschdy Zem, je l'ai immédiatement vu incarner ce journaliste. Ce sont des personnages tout en nuances et tellement forts en même temps. C'était une évidence.
Vous avez collaboré avec Peter Brook ainsi que très régulièrement avec la troupe de la Comédie Française, deux expériences très différentes qui nourrissent votre travail ?
Peter Brook restera un maître, le but avec lui était de raconter une histoire ensemble quelles que soient nos croyances, nos cultures et nos divergences, et c'est ça au fond le but du théâtre. Ce qui était formidable aussi, c'est que, lorsque l'on était avec lui, on avait l'impression que personne d'autre n'existait, même si ce n'était que dix minutes. Ça exprimait une confiance totale en vous. J'ai passé douze ans en Angleterre où j'ai beaucoup travaillé l'improvisation. Alors avec la Comédie Française, j'ai pensé apporter cette étique apprise avec Peter Brook, le côté physique où tout le corps est engagé, qui vient pour moi d'Aristote qui était à la fois coureur de marathon et une tête. Pour fonctionner, le cerveau a besoin d'utiliser le corps. Partant de là, j'improvise beaucoup avec la troupe de la Comédie Française qui est constituée de comédiens formidables. Je leur apporte une palette de possibilités pour les emmener là où j'aimerais et, de leur côté, ils m'apportent leur univers. C'est encore une fois le mot ensemble qui a toute sa signification et qui me tient à cœur.
Paru le 04/12/2023
(13 notes) THÉÂTRE DE L'ATELIER Du samedi 2 décembre au dimanche 31 décembre 2023
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