Des grands classiques aux plus singuliers des contemporains, quand ce ne sont ses rares et propres pièces, qui n'a vu un jour, amoureux du théâtre, un spectacle monté par Pierre Pradinas? Il anime, dirige ici, enseigne là-bas, fonde sa Compagnie du Chapeau rouge, écrit, réalise parfois, et surtout met en scène. Dedans, dehors, des plus prestigieuses aux plus intimes, il en connait des scènes, il en a fait des expériences entrainant derrière lui notre curiosité ! Mais revenons à Tchékhov et à ces Nouvelles et courtes pièces souvent peu connues et, pour cause, on en compte plus de six cents ! En écoutant Pierre Pradinas détailler la manière qu'il a eue d'aborder ce travail longuement réfléchi, on se dit que : Mais c'est bien sûr ! Que l'idée nous promet de savoureux moments de théâtre. Ainsi, de "La Demande en mariage", de "L'ours", des "Méfaits du tabac, ou d'un drame" et de "La mort d'un fonctionnaire", il porte le focus sur les personnages qu'il croque à sa manière dans le respect du texte original. Pas d'adaptation, il le précise.

Travailler comme dans un atelier de peinture pour faire ressortir les traits, un peu comme ces dessins de Daumier

« Les Nouvelles m'ont toujours accompagné, j'en aime le trait fort, rapide, qui dessine des personnages que l'on peut côtoyer partout. Mon choix a été de faire à partir de là un travail sur les acteurs habillés en costumes d'aujourd'hui, en les faisant évoluer dans un petit espace de sorte qu'on les voit bien, de travailler comme dans un atelier de peinture pour en faire ressortir les traits, un peu comme ces dessins de Daumier. J'adore les acteurs avec qui je travaille, ensemble on arrive à aller très loin dans la conception des personnages. Nous avons été très exigeants sur ces pièces en essayant de leur rendre justice sans chercher à faire rire à tout prix et en leur donnant une réalité d'aujourd'hui. J'ai fait là le choix d'un certain style de théâtre. Pour moi, Tchékhov a cela de très moderne qu'il pouvait mêler la tragédie et la comédie, ce qui n'était pas vraiment compris à son époque. Il souhaitait que les gens s'amusent en voyant ses pièces. Mais il ne faut pas sous-estimer les plus courtes qu'il travaillait beaucoup et dont il reprenait constamment l'écriture. »

Déjà présentées lors de Festivals en province, sous différentes formes selon les lieux et impératifs, quelles seront les propositions au théâtre du Lucernaire où le spectacle s'installe pour plus de deux mois ?
En gros, la totalité du spectacle est portée par neuf comédiens. Je l'ai conçu au départ de manière à ce qu'il puisse être découpé en morceaux d'un peu plus d'une heure. C'est comme du fusain, des traits simples et c'est le jeu de l'acteur qui fonde vraiment le personnage. Au Lucernaire, il y aura trois modules visibles séparément. Tous les quinze jours, nous changerons la distribution et bougerons un peu le programme, auquel il suffira de se référer. L'ensemble est féroce, drôle avec cet esprit acéré encore plus ludique dans ses courtes pièces !