Vieux souvenir de dissertation pour certains, inconnu pour d'autres, oublié peut-être... Le relire, m'étais-je dis avant d'aller à La folie théâtre assister à l'une des toutes premières représentations. Diantre ! Mais comment allaient-ils s'en sortir ? Comment restituer cette force mystérieuse et invisible que le narrateur nomme dans son journal intime « Le Horla », chose indéfinissable venue d'on ne sait où distiller son venin au cœur d'un esprit sain pour chaque jour le déposséder un peu plus de son identité, pour prendre sa place ? Qui va là hors de lui, de son champ de vision ? Jusqu'au jour où... Le voilà, je le tiens, vite le tuer... Oui, mais comment ? Suis-je atteint d'un virus ? Suis-je en train de devenir fou ?

Comment théâtraliser ce récit fantastique, froid, analytique, cynique, hallucinatoire, à la conception extrêmement sophistiquée. Mon attente fut comblée. L'adaptation et la mise en scène de Frédéric Gray sont remarquables. Sur scène, jeux d'ombres et de lumières, cadres vides suspendus utilisés à bon escient tout comme l'est la bande son, et deux comédiens. L'impressionnant Guillaume Blanchard, en narrateur peu à peu gagné par le doute et l'angoisse, quand Frédéric Gray et Olivier Troyon se partagent en alternance tous les personnages secondaires de cette histoire, quel meilleur moyen de donner vie aux dialogues de ce journal intime ? L'ensemble donne naissance à un spectacle envoûtant digne de la nouvelle de Maupassant. Nul doute qu'il donnera l'envie à tous de se plonger dans ce journal intime !