Il a choisi de figurer le Siècle ou plutôt la mort de ce siècle - le 19è du nom - et comme les minutes lui sont comptées (80, pas une de plus, pas une de moins), il s'offre et nous offre en cinq séquences les morceaux d'anthologie qui ont bercé notre enfance. Exit donc les « Lagarde et Michard », laissons- nous bercer par cette voix qui va faire revivre les vers comme la prose de ceux et celles qu'il a choisis. Et il les connait bien, comme nous le connaissons bien lui aussi. Christophe Delessart restera cet inoubliable Jean Valjean à l'Essaïon. En comédien chevronné et ô combien talentueux, il a la maîtrise du verbe, de la métrique, de la prosodie. Jouant aussi bien la gravité que la légèreté, il rend agréable ce petit voyage littéraire. Servi par Johanna Boyer-Dilolo à la mise en scène - très épurée - et Tristan Delessart à la bande-son et à la vidéo - toutes deux particulièrement soignées - il se délecte dans le rôle du conteur qui reprend avec gourmandise Zola, Rimbaud, Sand, Vigny, Rostand mais aussi Olympe de Gouges, Louise Michel, Flaubert et le Grand Hugo devenu orateur.

Les salons littéraires se font rares de nos jours. Raison de plus pour s'offrir avec ces beaux textes 80 minutes de culture, délicieuses de poésie et de délicatesse.