L'auteur scrute ici le comportement d'un couple dont les liens se sont copieusement distendus mais que le confinement contraint à se supporter des heures durant. Quel a été le ressenti d'Emmanuelle Bercot face à un sujet qui demande peut-être réflexion avant de s'engager ? « Je connaissais déjà l'écriture de Dennis Kelly et j'ai trouvé la pièce à la fois drôle et noire, comme le sont souvent ses textes. J'ai aimé le fait qu'il parle de l'intimité du couple, tout en y ajoutant une dimension politique à travers la révolte contre la gestion de la pandémie. Porter cette parole-là me plaisait. En revanche, je vous avoue en effet que je me suis demandé si les gens auront envie de se replonger dans cette période. Mais j'ai pensé que l'écriture pleine d'humour de Dennis Kelly avait des chances de faire rire le public. Les rôles sont beaux, à la fois antipathiques, piquants, égocentrés, tout en laissant entrevoir leurs failles, leur vulnérabilité. C'est une écriture sur le fil qui suppose de réussir à rester à la fois dans la cruauté et l'humour, sans verser dans une comédie facile à laquelle pourrait se prêter le texte. Il y a beaucoup de choses à jouer à travers ces personnages et cette sorte de montagnes russes est très amusante. Et puis ça me plait d'interpréter une femme antipathique » dit-elle en riant.

L'envie de mettre en scène, je l'ai et je pense que ça finira par arriver

Petite, ses parents l'emmènent souvent au spectacle et, du plus loin qu'elle s'en souvienne, elle voulait « être sur scène ». Les grands spectacles de Robert Hossein la marquent. « Une chose très importante aussi c'était Au théâtre ce soir, l'émission que j'attendais toute la semaine avec impatience ! » Alors, plus tard, ce sera le Conservatoire ! Mais elle manque la première marche et se retrouve à la FEMIS, école de cinéma d'où elle sort littéralement happée par les métiers de l'image. Nous la verrons donc très peu sur une scène de théâtre... « Sept ou huit pièces en 30 ans, c'est vrai que c'est peu, mais mon amour du théâtre et mon plaisir d'en faire sont intacts. La vie fait bien les choses, il y a sept ans, j'ai enfin eu un peu de liberté et pile à ce moment-là j'ai reçu des propositions de théâtre, ce qui a tout réenclenché. »

Écrire ou mettre en scène un jour peut-être ne serait-ce pas la logique des choses ? « L'envie de mettre en scène je l'ai et je pense que ça finira par arriver. Mais l'écriture, j'y pense et puis j'oublie, comme dit le chanteur ! Ça me semble extrêmement difficile, exigeant, et contrairement au cinéma tout repose sur le texte. Le théâtre ? Il est aussi pour moi un grand plaisir de spectatrice. Il conserve quelque chose d'extrêmement pur, ce sont des acteurs sur une planche de bois et des gens assis dans une salle. Il est une passerelle éternelle entre ceux qui racontent une histoire et ceux qui les écoutent, et ça c'est inégalable. »