La petite troupe s'installe, on se croirait dans un film. « Les Amandiers » de Valeria Bruna-Tedeschi, avec Louis Garel en Chéreau, ça vous dit quelque chose ?

Sur scène , ça batifole, ça bavarde à l'envi, de tout, de rien, du théâtre un peu, du reste beaucoup... Un comédien est même signalé en retard. Le public s'interroge. Où sommes-nous ? Et c'est là l'originalité du projet : une immersion théâtrale, une manière habile de (re)découvrir une pièce, de l'expliciter. C'est d'autant plus aisé que la petite troupe est aguerrie, qu'il n'y a pas la moindre touche d'amateurisme chez eux.

Si le début a pu surprendre, tout en revanche est en place dès lors qu'on joue la pièce. Le metteur en scène, Jean-Marie Ledo a imaginé une « Mere confidente » transposée dans les années 60 , ce qui n'est pas banal et pas mal réussi. On l'aurait cependant aimé moins sage, plus audacieux, plus rock, notamment dans le choix de la bande-son et des costumes à la fin. Ses punchlines de départ, si amusantes et fines à l'endroit des comédiens, sa gestion du texte (son « Marivaux, c'est bien écrit » est un must !), se sont, elles aussi, atténuées. Dommage ! Mais sa direction d'acteurs, elle, est très inventive. J'en veux pour preuve son Ergaste « deux de tension » ( formidable Laurent Moulin) mué en "Précieux ridicule », à la démarche lente et mécanique. Savoureux ! Vous l'aurez compris, en dépit de ces petits bémols - le diable se cache toujours dans les détails - vous allez aimer ce projet très pédagogique qui donne envie aux profanes d'aller au théâtre.