Zoom par Patrick Adler
Jessé dans "Message personnel"
au Théâtre du Marais
Jessé n'est pas J.C. Ne pas confondre. Jessé n'est pas dans les clous et son chemin de croix à lui est bien loin. La résilience est en marche. Il a choisi l'humour. Bingo ! On ne connait pas meilleur cicatrisant.
A défaut d'être Dieu, Jessé pourrait bien devenir iconique. Il s'est déjà trouvé une parentèle en Israël avec un autre Jessé, l'un des huit princes chargés de garder la terre d'Israël. Las ! Même circoncis, il apprendra qu'il n'est pas juif. Un phimosis soigné... comme Louis XVI. Il n'est pas non plus riche, ses parents ne cultivent que quelques champs de pommes de terre mais lui trouve plus chic de dire qu'ils possèdent des terres.
Ces fantasmes de beau, ce besoin d'élégance et d'excellence, qu'on retrouve jusque dans le drapé de ses rideaux de scène, dans sa tenue vestimentaire - il y a déjà une signature chromatique chez Jessé : le vert d'eau -, ce chic, c'est sa marque de fabrique. Assurément, Jessé est un humoriste chic. Diction parfaite, mots choisis, textes finement ciselés, sens de la punchline, excellence dans l'interaction avec le public, il coche toutes les cases du stand-up de haut rang. Chez lui, tout est fluide, tout passe crème, même les propos grossiers, voire trash, qu'il contrebalance aussitôt avec des saillies plus référencées, plus fines, ses fameuses vannes CSP+ (dixit l'intéressé). Jessé a la carte, connait tous les codes. Il s'amuse de tout. Il a ce côté "pute mais pas dupe" assumé. S'il raille avec bonheur ses coreligionnaires, il a aussi de l'auto-dérision. Derrière ce canevas très travaillé, ce sourire omniprésent, ce charme hypnotique, il y a l'histoire personnelle, lourde de ce résilient. Enfant, il a connu le harcèlement, l'homophobie et surtout une crise identitaire qu'il semble aujourd'hui balayer d'un revers de main. Il a un papa, une maman, un géniteur. Diantre ! Il est brun, ses parents sont tous deux blonds. Cherchez l'erreur. Un facteur s'est glissé entre les deux.
Peu lui chaut aujourd'hui d'être juif, catholique, musulman, il est "une graine de couscous qui a bien grandi", il est "pédé comme une rangée de tentes", il assume tout. Il aime ses parents, son chien, son homme. Il s'amuse de ses références futiles et fashion (Paris Hilton). Il sait qu'il y a chez lui de la profondeur et de la mélancolie. Cela donne aujourd'hui des failles narcissiques qu'il soigne sur scène en "racontant ses traumas devant un parterre d'inconnus" (sic), Au fond, Jessé n'est qu'amour, ne parle que d'amour. Et cela fait écho chez le public, même si, pour l'heure, il est essentiellement LGBT+.
Les salles sont bondées depuis le début, la tournée en province s'annonce déjà sous les meilleurs auspices. Jessé devrait rapidement gagner un public familial. Après ses deux T dans Télérama qui ravissent sa mère...
Jessé est à suivre. Comme le Messie ?
Ces fantasmes de beau, ce besoin d'élégance et d'excellence, qu'on retrouve jusque dans le drapé de ses rideaux de scène, dans sa tenue vestimentaire - il y a déjà une signature chromatique chez Jessé : le vert d'eau -, ce chic, c'est sa marque de fabrique. Assurément, Jessé est un humoriste chic. Diction parfaite, mots choisis, textes finement ciselés, sens de la punchline, excellence dans l'interaction avec le public, il coche toutes les cases du stand-up de haut rang. Chez lui, tout est fluide, tout passe crème, même les propos grossiers, voire trash, qu'il contrebalance aussitôt avec des saillies plus référencées, plus fines, ses fameuses vannes CSP+ (dixit l'intéressé). Jessé a la carte, connait tous les codes. Il s'amuse de tout. Il a ce côté "pute mais pas dupe" assumé. S'il raille avec bonheur ses coreligionnaires, il a aussi de l'auto-dérision. Derrière ce canevas très travaillé, ce sourire omniprésent, ce charme hypnotique, il y a l'histoire personnelle, lourde de ce résilient. Enfant, il a connu le harcèlement, l'homophobie et surtout une crise identitaire qu'il semble aujourd'hui balayer d'un revers de main. Il a un papa, une maman, un géniteur. Diantre ! Il est brun, ses parents sont tous deux blonds. Cherchez l'erreur. Un facteur s'est glissé entre les deux.
Peu lui chaut aujourd'hui d'être juif, catholique, musulman, il est "une graine de couscous qui a bien grandi", il est "pédé comme une rangée de tentes", il assume tout. Il aime ses parents, son chien, son homme. Il s'amuse de ses références futiles et fashion (Paris Hilton). Il sait qu'il y a chez lui de la profondeur et de la mélancolie. Cela donne aujourd'hui des failles narcissiques qu'il soigne sur scène en "racontant ses traumas devant un parterre d'inconnus" (sic), Au fond, Jessé n'est qu'amour, ne parle que d'amour. Et cela fait écho chez le public, même si, pour l'heure, il est essentiellement LGBT+.
Les salles sont bondées depuis le début, la tournée en province s'annonce déjà sous les meilleurs auspices. Jessé devrait rapidement gagner un public familial. Après ses deux T dans Télérama qui ravissent sa mère...
Jessé est à suivre. Comme le Messie ?
Paru le 23/02/2024
(32 notes) THÉÂTRE DU MARAIS Du vendredi 7 octobre 2022 au vendredi 29 mars 2024
SEUL-E EN SCÈNE. On aurait pu écrire plein de choses, esquisser des phrases toutes faites et vanter sa plume. On aurait pu dire "petit-fils de paysans", "premiers amours", "géniteur inconnu", ou "regards en biais dans les pissotières". On aurait pu. On aurait pu dire "honnêteté, transparence, vérité", mais à l'ore...
|