Il arrive, tout de blanc vêtu. Il porte beau, est souriant et posé comme un gendre idéal et pourtant, par sa diction très étudiée , le choix de ses mots, sa folle délectation pour les chiffres , il fait plutôt l'effet d'un Professeur Nimbus en herbe. Décalé. Quid de cette blouse blanche qu'il porte ? Est-ce celle de l'enseignant ? Ou celle du soignant ?

Baptiste nous apporte la réponse : Il a été diagnostiqué HPI, il se sent donc à la fois singulier et pluriel, d'où le titre choisi : « Quelle différence ça fait ? » qui, forcément, attend un complément. Il a pour le représenter un animal totem : le caméléon. Comme lui pluriel, forcément pluriel... Mais il s'interroge : quel parallèle peut-on faire avec ce reptile qui ne vit pas en troupeau ? Lui appartient, malgré sa singularité, à un groupe humain. Certes, sa gymnastique intellectuelle, qui lui fait gagner tous les prix, le met en marge du troupeau mais elle ne le laisse pas en paix. Car tout bout dans sa tête. A croire qu'ils sont plusieurs à occuper son cerveau. En perpétuelle activité, curieux de tout et même des autres, il a choisi il y a peu de sortir de sa tour d'ivoire , d'aller au contact. Son lot de questions, il les posera et en débattra sur scène. Manière de catharsis, diraient ses collègues psy, formation dont il est lui-même issu. C'est ce partage, cette interaction avec le public qui rend aujourd'hui le spectacle plaisant. Son show, très construit et diablement intelligent tient à la fois de l'absurde, du réel et de l'identité. Avec pour point d'orgue la « Tirade des nez »qu'il a revisitée et quelques moments lunaires : ses digressions sur les pigeons. Il abhorre les pigeons. Allez comprendre pourquoi...

Baptiste Defrance est finalement un drôle de zèbre.