Elle parle doucement. Elle a la candeur de celle qui a vécu un drame mais qui l'a apprivoisé depuis. Elle est solaire. Elle n'en veut à personne, pas même à la vie puisqu'elle est née et a été éduquée dans une HLM à Clermont-Ferrand dans ce qu'elle appelle "la culture de la bonne humeur".

Au départ donc était la joie. Elle a tout connu : l'entrée de la musique dès la maternelle, les premières gammes, la découverte du concerto pour clarinette de Mozart - un choc esthétique -, l'acquisition de son premier instrument, ses premiers concours, sa joie d'être une "prima donna" dans un milieu machiste et peu engageant, ses premières victoires - elle devient vite incontournable dans les orchestres -, ses tournées à l'international comme concertiste.

Las. Le corps un jour trébuche. La vie se conjugue alors au ralenti, les rêves s'envolent mais l'art et la passion, chevillés au corps, restent envers et contre tout des soutiens indéfectibles, des baumes puissants qui lui offrent... un second souffle. Ironie du sort pour une clarinettiste qui s'est vu couper le sifflet, ou plutôt son anche. Et pas qu'une fois. Maudits pneumothorax !

Julie-Anne Roth a opté pour une mise en scène minimaliste, parfaitement adaptée, avec un jeu de chaises (musicales ?) inspiré et une direction d'acteurs au cordeau. Les brillants Nicolas Wanczycki et Bertrand Saunier endossent en alternance tous les rôles du récit que nous livre une Morgane Raoux qui n'aime rien tant que sublimer.
Ce poignant « Second souffle » est une histoire qui nous parle, qui fait sens. Entre fable et hymne à la vie, ce seul(e)en-scène est puissant, lumineux, émouvant. Quand sublimer devient sublime, on ne saurait passer à côté...