Zoom par Patrick Adler
L’abolition des privilèges
Au Théâtre 13
En route pour une immersion pédagogique au Théâtre 13 où l'on a - presque - reconstitué la salle des Etats- Généraux pour un des événements qui fera date : la nuit du 4 août 1789 où nous avons eu le privilège de les voir - presque - abolis !
Dans ce théâtre engagé et participatif, Hugues Duchêne, le metteur en scène, a choisi de disposer les chaises en quadri-frontal, ce qui permet de placer d'un côté la Noblesse, de l'autre le Clergé, les autres allant au Tiers-Etat. Car, pour paraphraser Brel « Faut vous dire, Monsieur que chez ces gens-là...on ne se mélange pas » ! Le spectateur, quant à lui, devient ...député.
Ce pourrait être le récit attendu d'un moment de la Révolution Française mais la grande intelligence du texte comme du rendu scénique est de l'inscrire dans le réel d'aujourd'hui. Ainsi démarre-t-on par un « live » en selfie du comédien - formidable Maxime Pambet - qui figure le député Duquesnoy en route vers ce que l'on nommera plus tard l'Assemblée Nationale. Il nous livre ses premières impressions avant d'entrer en scène et dérouler pendant quatre-vingt minutes - la pendule fait foi - l'histoire de cette folle nuit du 4 août. Exit les ténors du barreau, les Mirabeau, les Sieyès - tout juste évoqués -, place à ces presque inconnus (qui se souvient aujourd'hui du Président Le Chapelier, du duc de Noailles, du duc d'Aiguillon ?) qu'on n'avait pas non plus vu venir et qui vont signer, eux aussi, la fin de l'Ancien Régime. Maxime Pambet a sans doute retenu l'adage qui dit que « en politique, le corps compte autant que les paroles ». Alors, à l'instar d'un « Maxime d'Aboville dans « Révolution », il se mue en narrateur et orateur. Respect. Admiration.
Et Il les campe tous, ces députés, dans un flot de paroles ahurissant. La voix tonne, le corps vit. Le spectateur a l'impression de vivre une épopée. C'est chevaleresque, brillant à souhait, on prend des notes car tout est info, tout fait sens. Tel un sprinter, il mime - avec humour - ces débats tumultueux et surtout interminables où l'on put croire au Grand Soir, où l'on se prit à rêver d'harmonisation, de Justice sociale, où chaque privilégié fit amende honorable. Las !
C'est ce moment-là que choisit le metteur en scène pour intervenir, coupant net la fougue du virtuose. En l'interrogeant sur ses influences dans la construction de son rôle, il casse le jeu, revient au réel et en profite pour établir un parallèle avec le monde d'aujourd'hui. A-t-il autant changé ? Quid de la déconstruction ambiante, du déboulonnement de statues, quid des énergies fossiles, du carboné, du wokisme, du « blanchiarcat », des émeutes en banlieue ... A croire que l'histoire se répète.
Zoom arrière. Le jeu reprend. L'Acte II et III de la pièce - car c'est ô combien théâtralisé - va davantage s'intéresser aux nuits d'avant et aux nuits d'après. Pour ne pas s'endormir, pour rester éveillé.
On vient de prendre un merveilleux cours d'histoire. Aussi virevoltant que virtuose. C'était un privilège que nous ne saurions renier. Merci à l'auteur, le brillant Bertrand Guillot, à Maxime Pambet pour sa belle performance, à Hugues Duchêne pour sa rigueur mâtinée d'humour. Comme disait une ex-Première Dame : « Merci pour ce moment ».
Ce pourrait être le récit attendu d'un moment de la Révolution Française mais la grande intelligence du texte comme du rendu scénique est de l'inscrire dans le réel d'aujourd'hui. Ainsi démarre-t-on par un « live » en selfie du comédien - formidable Maxime Pambet - qui figure le député Duquesnoy en route vers ce que l'on nommera plus tard l'Assemblée Nationale. Il nous livre ses premières impressions avant d'entrer en scène et dérouler pendant quatre-vingt minutes - la pendule fait foi - l'histoire de cette folle nuit du 4 août. Exit les ténors du barreau, les Mirabeau, les Sieyès - tout juste évoqués -, place à ces presque inconnus (qui se souvient aujourd'hui du Président Le Chapelier, du duc de Noailles, du duc d'Aiguillon ?) qu'on n'avait pas non plus vu venir et qui vont signer, eux aussi, la fin de l'Ancien Régime. Maxime Pambet a sans doute retenu l'adage qui dit que « en politique, le corps compte autant que les paroles ». Alors, à l'instar d'un « Maxime d'Aboville dans « Révolution », il se mue en narrateur et orateur. Respect. Admiration.
Et Il les campe tous, ces députés, dans un flot de paroles ahurissant. La voix tonne, le corps vit. Le spectateur a l'impression de vivre une épopée. C'est chevaleresque, brillant à souhait, on prend des notes car tout est info, tout fait sens. Tel un sprinter, il mime - avec humour - ces débats tumultueux et surtout interminables où l'on put croire au Grand Soir, où l'on se prit à rêver d'harmonisation, de Justice sociale, où chaque privilégié fit amende honorable. Las !
C'est ce moment-là que choisit le metteur en scène pour intervenir, coupant net la fougue du virtuose. En l'interrogeant sur ses influences dans la construction de son rôle, il casse le jeu, revient au réel et en profite pour établir un parallèle avec le monde d'aujourd'hui. A-t-il autant changé ? Quid de la déconstruction ambiante, du déboulonnement de statues, quid des énergies fossiles, du carboné, du wokisme, du « blanchiarcat », des émeutes en banlieue ... A croire que l'histoire se répète.
Zoom arrière. Le jeu reprend. L'Acte II et III de la pièce - car c'est ô combien théâtralisé - va davantage s'intéresser aux nuits d'avant et aux nuits d'après. Pour ne pas s'endormir, pour rester éveillé.
On vient de prendre un merveilleux cours d'histoire. Aussi virevoltant que virtuose. C'était un privilège que nous ne saurions renier. Merci à l'auteur, le brillant Bertrand Guillot, à Maxime Pambet pour sa belle performance, à Hugues Duchêne pour sa rigueur mâtinée d'humour. Comme disait une ex-Première Dame : « Merci pour ce moment ».
Paru le 22/03/2024
(2 notes) THÉÂTRE 13 - BIBLIOTHÈQUE Du mercredi 20 mars au samedi 30 mars 2024
SEUL-E EN SCÈNE à partir de 12 ans. Après Je m'en vais mais l'État demeure, Hugues Duchêne revient au Théâtre 13 pour présenter l'adaptation du roman historique de Bertrand Guillot : L'Abolition des privilèges. Un solo virtuose porté par Maxime Pambet, plongeant les spectateur·rice·s en plein coeur des États généraux de 1789.
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