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© Bruno Perroud
Portrait par Jeanne Hoffstetter
Charles-Henri Ménival
“Preuve d’amour”, au Guichet Montparnasse

La seconde pièce de Charles-Henri Ménival, mise en scène par Bernard Pisani, nous donne l'occasion de retracer avec lui les étapes d'un parcours parfois inattendu mais accompagné de la constante présence du théâtre...
-J'ai rendez-vous ce matin de février à la librairie théâtrale rue Marivaux, ce lieu mythique dont il est depuis huit ans co-propriétaire avec avec Guillaume Benoit et Rémi Delieutraz. « Preuve d'amour » sera à l'affiche en avril. Jeune, sympathique, il parle avec plaisir et l'on se prend vite au jeu, on questionne, il raconte, ouvre des portes inattendues, évoque l'avenir, explique ses points de vue. C'est à Nantes où il voit le jour que commence l'histoire, des parents médecins, quatre sœurs, et sa découverte du théâtre. « Tout petit, mon père qui avait le goût des Belles Lettres et me l'a transmis, me faisait jouer "Le médecin malgré lui". Quant à l'envie d'écrire, je l'ai depuis que je sais écrire. »

Féru de littérature, Musset apparait d'emblée dans son panthéon. « Dans mon adolescence, je me sentais en résonnance avec le romantisme de Musset. Je suis aussi fan de littérature russe, j'ai adoré Tolstoï, Gogol, Gontcharov, il y a là tant de vie et d'humour ! Les récits de Thomas Bernhard me font hurler de rire, c'est un génie absolu. Plus noir, Cioran permet de relativiser beaucoup de choses.»

Contrairement à ce que l'on aurait pu imaginer, le jeune homme passe un bac scientifique. « Puis, je suis monté à Paris pour faire la plus grande école de théâtre de France, c'est-à-dire Sciences Po.» dit-il en riant. « Je voulais me laisser des portes ouvertes et Sciences Po me donnait cette opportunité avec ses nombreuses perspectives d'insertion, tout comme Paris capitale littéraire et artistique... Au cours de mes études, j'ai retrouvé le chemin du théâtre, j'ai monté ma première pièce « Quiproquos », qui a remporté le prix de la Fondation Jean-Manuel Bajen, avec la troupe Rhinocéros Sciences Po. J'ai fait des stages au théâtre Sylvia Montfort, au théâtre Raymond Kabbaz de Los Angeles, j'ai travaillé au Cent Quatre... Je me destinais plutôt à l'administration d'un établissement culturel. » Les événements s'accélèrent, Christophe Mory éditeur et ancien directeur de cette librairie, contacte le jeune auteur, édite la pièce, ainsi que « Dupont et Durand » transposition en alexandrins modernes de l'œuvre de Musset. « Voilà comment notre rencontre a marqué le début d'une histoire d'amour entre ce lieu et moi ! » Si « Quiproquos » ou « Preuve d'amour » apparaissent d'emblée comme des comédies proches du vaudeville, il apparait aussi clairement que le jeu dissimule un sous-texte.


J'essaie toujours de trouver un procédé qui permet de se dire : Ici, on est vraiment au théâtre

« Oui, oui, il ne faut pas tomber dans le panneau du vaudeville. Dans « Quiproquos », je joue sur les codes du boulevard, de la satire, et de la comedia del Arte puisque les accessoires que je mets en scène sont utilisés comme masques. C'est à la fois un exercice de style et une manière de renouveler une certaine tradition théâtrale. » Pour avoir lu la pièce, je confirme, le jeu est bluffant. Dans « Preuve d'amour », l'auteur se fait aussi comédien. L'histoire est celle d'un couple pris en otage par les disparitions et réapparitions d'une bague à la veille de son mariage dont la donne sera bouleversée. « Là, j'ai de nouveau imaginé une histoire liée à un objet. Un psychanalyste ne retrouve plus la chevalière familiale qu'il vénère de façon obsessionnelle. Que s'est-il-passé ? On va tenter de le savoir. » Dans ce drôle de jeu, avoir fait de l'homme un psychanalyste ne semble pas anodin... « J'ai été bercé par ces notions-là, ça fait partie de mon imaginaire. Pour moi, on est tous héritiers d'une histoire familiale, de ses récits, sans en avoir fait le choix. La psychanalyse est un moyen de dire : maintenant, je prends la parole, j'écris ma propre histoire. Alors oui, il y a un peu de ça. » De là à penser que pour écrire Charles-Henri Ménival prend le temps... « Ma première version de « Preuve d'amour » date de 2018 et je n'ai pas encore terminé ! L'écriture est un long travail qui m'engage autant qu'un travail psychanalytique peut engager. Le fruit s'épanouit lentement dans l'inconscient. »
En conclusion : « Très tôt, j'ai réalisé que nous sommes complètement abasourdis par les divertissements que nous proposent la télévision, Netflix, etc. Alors, pour quelles raisons les gens iraient-ils encore au théâtre ? Rencontrer des personnes vivantes sur scène n'est à mon avis pas suffisant si on ne tire pas parti des contraintes propres à cet art. J'aime utiliser la convention théâtrale d'une manière qui fait qu'il n'est pas possible d'envisager une adaptation cinématographique. J'essaie toujours de trouver un procédé qui permet de se dire : ici, on est vraiment au théâtre. »
Paru le 03/06/2024

(2 notes)
PREUVE D'AMOUR
THÉÂTRE DU GUICHET-MONTPARNASSE
Du dimanche 7 avril au dimanche 23 juin 2024

COMÉDIE ROMANTIQUE. Maxime, psychanalyste de profession, s’apprête à épouser Mathilde. Mais, la veille de leur mariage, il ne retrouve plus son porte-bonheur : une chevalière en or. Il soupçonne Mathilde de lui avoir volée et menace de ne pas se marier tant qu’elle ne lui aura pas rendue. Mais le mystère s’épaissit a...

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