Spécial Avignon par Patrick Adler
La danse du poisson
A L’Oriflamme
Sous ce titre poétique et/ou surréaliste se cache peut-être une histoire personnelle et tragique car pour qui a connu la série des visites d'un tiers à l'hôpital, les mots, même débités dans le vide, font sens.
En reprenant ce seul-en-scène écrit et joué trente ans plus tôt, Christophe Guichet nous offre une réflexion sensible sur la maladie, l'absence. Des mots utiles pour des maux en cours.
En reprenant ce seul-en-scène écrit et joué trente ans plus tôt, Christophe Guichet nous offre une réflexion sensible sur la maladie, l'absence. Des mots utiles pour des maux en cours.
Avec cette politesse et cette élégance qui n'appartiennent qu'à lui, Christophe Guichet se garderait bien de nous offrir un pensum, une réflexion sombre sur la maladie. Aussi, à la manière d'un peintre impressionniste, s'attache-t-il à glisser ça et là quelques touches de fantaisie et même de l'humour dans le récit. Il y a, de plus, dans ces dix visites, un jeu à la Tati aussi déconcertant que séduisant. La logorrhée verbale pour combler le vide sidéral entre le visiteur et le malade deviendrait presque cocasse, si elle n'était mâtinée d'angoisse, tout comme l'évolution dans la collecte du courrier qui nous en dit à chaque fois un peu plus de la personne - invisible - sur scène à qui il s'adresse. Tout au plus sait-on que c'est un voisin, chez qui François - campé par Christophe - accepte d'arroser les plantes. D'une aphasie suggérée, on tend peu à peu vers le coma et ce sentiment d'impuissance face à la maladie, dont on ne prononce pas le mot parce qu'il fait mal, parce qu'il est encore tabou. La routine de l'employé de banque qui en fait un être « toujours dans le même sens » va connaître dans la chambre 211 quelques soubresauts via des révélations que nous ne saurions spoiler. Car de la première à la dernière visite, il y a un suspense digne d'un polar.
Entre la finesse de l'écriture, la maîtrise du jeu - il se partage entre son propre personnage, le malade - imaginé - qu'il a en face, la mère du malade - cette habileté à dire sans dire vraiment, à suggérer, à poétiser l'ensemble (« J'imagine des poissons qui chantent sur l'herbe ») et surtout à jouer à cru - le décor est réduit à un seul banc - on peut sans conteste parler de performance.
Si le texte a trente ans, il est toujours actuel, comme les thèmes abordés. A vous de le découvrir. C'est un régal !
Entre la finesse de l'écriture, la maîtrise du jeu - il se partage entre son propre personnage, le malade - imaginé - qu'il a en face, la mère du malade - cette habileté à dire sans dire vraiment, à suggérer, à poétiser l'ensemble (« J'imagine des poissons qui chantent sur l'herbe ») et surtout à jouer à cru - le décor est réduit à un seul banc - on peut sans conteste parler de performance.
Si le texte a trente ans, il est toujours actuel, comme les thèmes abordés. A vous de le découvrir. C'est un régal !
Paru le 21/06/2024