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D.R.
Spécial Avignon par Patrick Adler
Lumière !
Au Théâtre Girasole

"Science sans conscience n'est que ruine de l'âme", écrivait Rabelais. C'était il y a cinq siècles. C'est toujours d'actualité. Et la lumière fut !
À l'instar des O'Hara et des O'Timmins de Lucky Luke, deux camps s'affrontent : les Edison vs les Westinghouse. Mais là, on n'est pas dans la pantalonnade, on est dans le sérieux. La science avance, elle ne saurait se divertir. En cette fin de XIXè siècle où la Révolution Industrielle bat son plein aux Etats-Unis, où le capitalisme déjà "décomplexé" avance à grands pas, les ambitions s'affrontent entre Westinghouse, maître du rail et Edison maître de l'ampoule. Chez leur femme, l'une veut - déjà - l'abolition de la peine de mort, quand pour l'autre seul compte le succès de son époux dans la course à l'électricité.
Deux projets diamétralement opposés, deux visions de l'existence, aux antipodes l'une de l'autre: le social vs la rentabilité. Chez Edison comme chez Westinghouse, l'amitié se brise dès lors que la compétition s'engage. Pour peu qu'entre-temps un jeune Professeur Nimbus serbe nommé Tesla, lunaire à souhait, s'immisce dans le projet - le courant alternatif -, ça tire alors à hue et à dia pour avoir ses faveurs. Quand l'un le chasse, l'autre le reprend. Science sans conscience... L'application de la sentence de la peine de mort prend une forme "moderne" (?!) avec... la chaise électrique. On a parfois envie de dire : tout cela pour cela ? D'autant que seul le nom d'Edison parle encore, en tout cas beaucoup plus que Westinghouse et, s'il n'y avait eu Elon Musk, de Tesla !

Comme toujours, Georges Vauraz nous "cueille" avec une scénographie aussi inventive que puissante, aidé par la mise en scène de Maxence Gaillard, les lumières du génial Denis Koransky et la bande-son de Romain Trouillet. Le casting est parfait, les costumes de Virginie H. également. Mention spéciale au jeune Molièrisé Ethan Oliel qui confirme par son jeu très inventif sa puissance scénique. Il est irrésistible et apporte une touche d'humour appréciable par son accent à couper au couteau, sa gestuelle de pantin désarticulé façon mante religieuse. Longiligne, il se déploie à l'envie, se replie, ses mouvements sont hachés, brefs, mécaniques. Surprenant et d'une redoutable efficacité !
En sortant, d'aucuns ont fait avec justesse le parallèle avec "La Machine de Türing". À n'en point douter, "Lumière !" s'apprête à connaitre le même succès. Bravo pour ce biopic... éclairant !

Au Girasole à 15h30
24 bis, rue Guillaume Puy
84000 Avignon

Et à la rentrée au Lucernaire !
Plus d'informations : theatredugirasole.fr/lumiere/
Paru le 05/07/2024