Dans le noir, une voix puissante s'élève. Un slam finement ciselé nous cueille d'emblée. Quand le plateau s'éclaire, un grand gaillard au sourire juvénile et au look "roots" digne des Compagnons d'Emmaüs apparait. Peu lui chaut visiblement d'être "un jeune homme comme il faut". Lui se voit davantage en Diogène, préférant le fond à la forme et c'est là toute sa force.
Il a l'œil diablement intelligent et le verbe affûté, il est un gamin de son temps avec les mots d'hier, maîtrisant aussi bien les jeux vidéo que les alexandrins... et la scène car s'il domine son sujet, il sait aussi captiver son public.
Avec lui, pas de temps mort. Il a l'énergie et l'autorité nécessaires, sait prendre des risques, il a l'art de la pirouette - même physique -, chante, danse, improvise avec talent. Ses aphorismes brillants claquent, comme son sens aigü de la répartie. Il est cash, sincère et c'est ce qui fait tout son charme. Lui ne triche pas - il n'hésite d'ailleurs pas à tacler ses coreligionnaires -, il se moque avec désinvolture de tout et de chacun... et surtout de lui. Derrière son apparente confiance en soi se profile une vraie timidité, voire de la pudeur. D'ailleurs, il n'est jamais aussi convaincant que quand il se met à nu en convoquant ses addictions diverses (alcool, drogue, jeux vidéo, sexe). Le public le suit, comme aimanté car il sait être aussi hilarant qu'émouvant. C'est le charme de la sincérité qui participe à son incroyable charisme.

En confessant sa dernière addiction, la scène, Thibaud Agoston avoue son besoin d'amour. À en juger par les vivats du public et les réservations en hausse, il devrait être vite rassuré et vous rendre ce sourire qui est sa marque de fabrique. Une chose est sûre : il va falloir compter avec ce Grand Talent de l'Humour.

Au Théâtre des Vents à 17h20
63, rue Guillaume Puy
84000 Avignon