Spécial Avignon par Patrick Adler
Ce que nous désirons est sans fin
À Présence Pasteur
Eros vs Thanatos. Depuis l'Antiquité perdurent ces rapports amour/haine. Quand ils concernent le champ familial, on peut parfois basculer dans l'horreur, voire dans le fait divers... Jacques Descorde prend à bras-le-corps cette séquence aussi flippante que puissante qui interroge le mécanisme de détestation d'un fils pour son père qui, sous l'emprise d'un tiers, mène à l'impensable : l'assassinat.
À l'âge critique où l'adolescent cherche à s'émanciper, à avoir son espace de liberté, toute manipulation, toute contrainte d'un élément familial dominant est comprise comme un défi qui se doit d'être relevé. Les Lacaniens verront dans le "Tu es mon père" d'autres déclinaisons : le "Tu hais mon père" peut se muer en "Tuer mon père".
À l'instar de Denali - l'âge est quasi similaire - et dans une atmosphère aussi expressionniste (bande-son forte et vidéos sombres à souhait), le fils, aidé dans sa quête de vengeance par un ami toxique et sans filtre, ayant déjà purgé une peine de prison pour meurtre, cherche à se construire psychologiquement dans une action d'éclat. Cet ami-miroir ou ami-modèle l'entraine dans une émulation physique, lui faisant balayer tous les codes, allant même jusqu'à aiguiser son désir (sexuel ?) dans des corps à corps sensuels et virils, lui livrant un contrat qui le lie à la vie-à la mort ("Une promesse est une promesse" sic), se montre soutien sans faille et arrogant dans son rapport au père. Habile, machiavélique et pervers, il est l'élément déclencheur dans cette adrénaline qui ne saurait être le mobile du crime perpétré par les deux.
Le fils, sous l'emprise de l'enfant du diable, s'est mué en un tournemain en barbare. Il répond à la précautionneuse manipulation d'un père qui souffle sur les braises en se montrant tout à tour aimant et censeur, aimable et violent (il ira jusqu'à découper et manger la photo de la mère de son fils).
Il y a du "Blair Witch" et de "l'Orange Mécanique" dans cette pièce où tout donne le tournis, où tout est mouvant, voire virevoltant, jusqu'aux éléments de décor mobiles. Entre thriller et film d'horreur, le cocktail explosif de Jacques Descordes se sirote néanmoins jusqu'à la lie. Il est servi par deux comédiens exceptionnels (Gaspard Liberelle et Cédric Veschambre) qui, dans leur danse macabre hypnotique, nous glacent d'effroi et nous fascinent. Puissant et malaisant, cet objet théâtral à l'esthétique sombre est un diamant à l'état brut que les esprits avertis apprécieront à sa juste valeur.
À Présence Pasteur à 12h50
13, rue Pont Trouca
84000 Avignon
À l'instar de Denali - l'âge est quasi similaire - et dans une atmosphère aussi expressionniste (bande-son forte et vidéos sombres à souhait), le fils, aidé dans sa quête de vengeance par un ami toxique et sans filtre, ayant déjà purgé une peine de prison pour meurtre, cherche à se construire psychologiquement dans une action d'éclat. Cet ami-miroir ou ami-modèle l'entraine dans une émulation physique, lui faisant balayer tous les codes, allant même jusqu'à aiguiser son désir (sexuel ?) dans des corps à corps sensuels et virils, lui livrant un contrat qui le lie à la vie-à la mort ("Une promesse est une promesse" sic), se montre soutien sans faille et arrogant dans son rapport au père. Habile, machiavélique et pervers, il est l'élément déclencheur dans cette adrénaline qui ne saurait être le mobile du crime perpétré par les deux.
Le fils, sous l'emprise de l'enfant du diable, s'est mué en un tournemain en barbare. Il répond à la précautionneuse manipulation d'un père qui souffle sur les braises en se montrant tout à tour aimant et censeur, aimable et violent (il ira jusqu'à découper et manger la photo de la mère de son fils).
Il y a du "Blair Witch" et de "l'Orange Mécanique" dans cette pièce où tout donne le tournis, où tout est mouvant, voire virevoltant, jusqu'aux éléments de décor mobiles. Entre thriller et film d'horreur, le cocktail explosif de Jacques Descordes se sirote néanmoins jusqu'à la lie. Il est servi par deux comédiens exceptionnels (Gaspard Liberelle et Cédric Veschambre) qui, dans leur danse macabre hypnotique, nous glacent d'effroi et nous fascinent. Puissant et malaisant, cet objet théâtral à l'esthétique sombre est un diamant à l'état brut que les esprits avertis apprécieront à sa juste valeur.
À Présence Pasteur à 12h50
13, rue Pont Trouca
84000 Avignon
Plus d'informations : www.festivaloffavignon.com/spectacles/3935-ce-que-nous-desirons-est-sans-fin
Paru le 11/07/2024