Spécial Avignon par Patrick Adler
Agathe Royale
Au Théâtre des Gémeaux
Jean-Benoit Patricot signe avec « Agathe Royale » un rôle à la dé-mesure de Catherine Jacob qui, à l'instar des divas de la scène ou du cinéma (A quand un biopic sur Bette Davis avec elle ?) joue avec brio l'extravagance comme la fragilité. Quand La Jacob - comme on disait jadis La Dietrich ou La Garbo - arrive en Avignon, le pont tremble. Catherine ? Elle a tout d'une grande !
Dans un décor à l'esthétisme poussé, où les passages vidéo alternent avec les scènes jouées sur le plateau, elle joue Médée l'infanticide face à Quentin, un comédien débutant qu'elle subjugue - sans le savoir - depuis longtemps, dont elle est peut-être même à l'origine de sa passion pour le théâtre. Elle est à l'acmé de sa gloire, lui à ses premiers balbutiements. On a soigné la mise de la prima donna (perruque blanche, costume somptueux), elle est le superflu face à l'essentiel (lui est simplement vêtu d'une tunique et a l'épaule dégagée), elle débite un texte classique avec peu d'enthousiasme, se contentant de « faire le job ». Aussi, quand les premières pollutions sonores surgissent (sonneries de téléphones portables, toux répétées...) elle perd concentration et...patience et décide pour de bon de raccrocher les gants, laissant sur le ring un Quentin médusé.
Sur le principe bien connu du « théâtre dans le théâtre », la pièce bascule alors dans une télé-réalité façon « Confessions intimes » où la grande Catherine déroule comme un bréviaire sa vision du métier, ses certitudes - « les gens viennent avant tout pour moi et pas pour cette nouvelle version de Médée » -, son érotomanie comme son penchant pour l'alcool. Autant garce que responsable, autant féministe que « tradi », elle qui n'a jamais voulu d'enfant s'amuse du transfert qu'opère sur elle le jeune comédien, allant jusqu'à reprendre avec lui des bribes de scènes du répertoire, échanger des confidences. Tantôt odieuse, tantôt aimante, elle joue à la fois l'ironie mordante, le fiel et la bienveillance. En toute sincérité. Le duo fonctionne à merveille, on s'amuse, on rit beaucoup, on s'instruit et c'est toute l'histoire du théâtre qui se déroule devant nos yeux. La candeur du débutant émeut « l'ogresse au grand cœur », avec lui elle accepte de fendre l'armure, constatant d'ailleurs que le gamin est plus malin qu'elle ne l'imaginait. En tirant sa révérence, elle laisse place à la jeunesse avec cette impression d'avoir tout donné. On connaissait la puissance comique de La Jacob, elle est tout aussi bouleversante dans l'émotion, elle maîtrise tout, est impeccable de bout en bout, comme Brice Hillairet, encensé maintes fois dans nos colonnes et récompensé il y a peu dans « Hedwig and the Angry Inch » aux Trophées de la Comédie Musicale. Il est on ne peut plus convaincant et précis face à ce monstre sacré qui, par ses variations de jeu, en feraient vaciller ou « s'évanouir » plus d'un.
Ajoutez au sur-mesure de Jean-Benoit Patricot , à cette réflexion poussée sur le théâtre, le travail des comédiens , le talent et la complicité d'un metteur en scène- Christophe Lidon - qui toujours nous régale et sait mettre en valeur la complexité des acteurs et les sublimer et vous avez là quatre atouts qui s'abattent dans le jeu gagnant d' « Agathe Royale ».
Pour Catherine Jacob, cette « Agathe Royale », tulipe d'exception, fait d'elle ...après celle de Russie, notre « Grande Catherine » !
Sur le principe bien connu du « théâtre dans le théâtre », la pièce bascule alors dans une télé-réalité façon « Confessions intimes » où la grande Catherine déroule comme un bréviaire sa vision du métier, ses certitudes - « les gens viennent avant tout pour moi et pas pour cette nouvelle version de Médée » -, son érotomanie comme son penchant pour l'alcool. Autant garce que responsable, autant féministe que « tradi », elle qui n'a jamais voulu d'enfant s'amuse du transfert qu'opère sur elle le jeune comédien, allant jusqu'à reprendre avec lui des bribes de scènes du répertoire, échanger des confidences. Tantôt odieuse, tantôt aimante, elle joue à la fois l'ironie mordante, le fiel et la bienveillance. En toute sincérité. Le duo fonctionne à merveille, on s'amuse, on rit beaucoup, on s'instruit et c'est toute l'histoire du théâtre qui se déroule devant nos yeux. La candeur du débutant émeut « l'ogresse au grand cœur », avec lui elle accepte de fendre l'armure, constatant d'ailleurs que le gamin est plus malin qu'elle ne l'imaginait. En tirant sa révérence, elle laisse place à la jeunesse avec cette impression d'avoir tout donné. On connaissait la puissance comique de La Jacob, elle est tout aussi bouleversante dans l'émotion, elle maîtrise tout, est impeccable de bout en bout, comme Brice Hillairet, encensé maintes fois dans nos colonnes et récompensé il y a peu dans « Hedwig and the Angry Inch » aux Trophées de la Comédie Musicale. Il est on ne peut plus convaincant et précis face à ce monstre sacré qui, par ses variations de jeu, en feraient vaciller ou « s'évanouir » plus d'un.
Ajoutez au sur-mesure de Jean-Benoit Patricot , à cette réflexion poussée sur le théâtre, le travail des comédiens , le talent et la complicité d'un metteur en scène- Christophe Lidon - qui toujours nous régale et sait mettre en valeur la complexité des acteurs et les sublimer et vous avez là quatre atouts qui s'abattent dans le jeu gagnant d' « Agathe Royale ».
Pour Catherine Jacob, cette « Agathe Royale », tulipe d'exception, fait d'elle ...après celle de Russie, notre « Grande Catherine » !
Paru le 15/07/2024