Spécial Avignon par Patrick Adler
Merteuil
Au Buffon
Dans une atmosphère qui nous rappellerait presque les films de James Ivory, sur un air de « Dis, quand reviendras-tu ? » de feue Barbara, ce rendez-vous inattendu donné par Cécile de Volanges à la Marquise de Merteuil quinze ans après...Mais après quoi ? Diantre ! « Les Liaisons dangereuses » auraient-elles une suite ? Ouiiiii ! Et le pari est totalement réussi par Marjorie Frantz qui signe là un petit bijou de cruauté dans une langue ô combien châtiée qu'on savoure dans un décor simple mais chic et des costumes élégants.
Elle le dit d'emblée en arrivant : « Oui, j'ai vieilli ». Elle, c'est la Marquise de Merteuil. Cash, lucide. Le bovarysme s'est emparé d'elle depuis la mort de Valmont. Elle s'interroge sur la raison de ce billet qui l'enjoint à gagner un relais de chasse - manière de terrain neutre - à une heure avancée. Les choses vont assez vite se préciser : « Il me plait de vous avoir à moi ce soir » lui dit Cécile de Volanges. Le ton est donné et s'ensuit alors, sous la plume alerte et fortement aiguisée de Marjorie Frantz, une joute verbale endiablée entre La Merteuil, aristocrate éclairée et -déjà - émancipée et féministe et Cécile, apparemment plus falote mais qui, patiemment, entend imposer ses objectifs. Quand l'une veut « laver l'honneur de Valmont » (Merteuil) l'autre entend protéger son fils. La suite, que nous ne saurions spoiler, nous explique pourquoi. Merteuil se voulait biographe de Valmont, arrivera-t-elle à faire publier son manuscrit ?
Conduite comme une pièce à suspense avec l'élégance qui sied aux dames de ce rang, ce langage fleuri qui rappelle le « Ridicule » de Leconte, évoquant aussi et surtout le climat social de l'époque qui voit la Révolution poindre et la femme réduite à l'état de parturiente revendiquer des droits, « Merteuil » - désigné ainsi comme un homme - se laisse délicieusement siroter.
Marjorie Frantz la campe avec brio. Elle est séduisante, habile, impériale. Diablement intelligente et rompue à l'exercice du débat, elle ne se départit pas de sa morgue naturelle, de son insolence, elle fait mouche. C'est une femme de pouvoir. Face à elle, l'inattendue, l'outsider, celle qu'on ne voyait pas venir - a-t-on déjà oublié que c'est elle qui a proposé le rendez-vous ? - Cécile (convaincante Chloé Berthier) au départ plus timorée et fragile gagne peu à peu du terrain jusqu'à franchir le Rubicond. Audacieuse, voire téméraire, fera-t-elle fendre l'armure à Merteuil ?
A vous de le découvrir. D'autant que les mots comme les thèmes (patriarcat, maternité) de la pièce résonnent fortement aujourd'hui.
A 19h35. Au Buffon.
18, rue Buffon
84000. Avignon
Conduite comme une pièce à suspense avec l'élégance qui sied aux dames de ce rang, ce langage fleuri qui rappelle le « Ridicule » de Leconte, évoquant aussi et surtout le climat social de l'époque qui voit la Révolution poindre et la femme réduite à l'état de parturiente revendiquer des droits, « Merteuil » - désigné ainsi comme un homme - se laisse délicieusement siroter.
Marjorie Frantz la campe avec brio. Elle est séduisante, habile, impériale. Diablement intelligente et rompue à l'exercice du débat, elle ne se départit pas de sa morgue naturelle, de son insolence, elle fait mouche. C'est une femme de pouvoir. Face à elle, l'inattendue, l'outsider, celle qu'on ne voyait pas venir - a-t-on déjà oublié que c'est elle qui a proposé le rendez-vous ? - Cécile (convaincante Chloé Berthier) au départ plus timorée et fragile gagne peu à peu du terrain jusqu'à franchir le Rubicond. Audacieuse, voire téméraire, fera-t-elle fendre l'armure à Merteuil ?
A vous de le découvrir. D'autant que les mots comme les thèmes (patriarcat, maternité) de la pièce résonnent fortement aujourd'hui.
A 19h35. Au Buffon.
18, rue Buffon
84000. Avignon
Paru le 18/07/2024