Interview par Jeanne Hoffstetter
Catherine Frot
Lorsque l’enfant paraît
Né en 1951, l'enfant n'a de cesse de reparaître entre scènes parisiennes et tournées. Depuis deux ans, Michel Fau et Catherine Frot sont à leur tour pris au jeu d'un succès qui n'en finit pas et enchante Catherine Frot.
C'est ballot tout de même, alors qu'il vient d'obtenir la fermeture des maisons closes et l'accroissement des peines sur les délits d'avortement, Charles Jacquet, le très digne sous-secrétaire d'état à la famille, apprend qu'Olympe, son épouse, est enceinte sur le tard, que sa secrétaire l'est aussi et que le futur père est son fils ! Et j'en passe. Tout cela fait désordre lorsque l'on a des ambitions politiques et que l'on appartient à ce milieu bourgeois engoncé dans sa morale et son hypocrisie, qu'André Roussin croque de sa plume féroce et drôle.
A l'approche d'une reprise à Paris, quel est votre état d'esprit ?
Écoutez, on sort d'une tournée en France, Suisse et Belgique et c'était extraordinaire. Je suis au théâtre tous les quatre ou cinq ans, j'ai joué Beckett il y a dix ans, j'aime la diversité, l'écriture théâtrale, les auteurs, et j'aime mettre de la vie dans tout ça, incarner...
Cette pièce, je continue à la jouer sans me lasser !
Olympe est un rôle irrésistible, plus complexe qu'il ne semble. Comment l'abordez-vous ?
J'ai une partition tellement rare avec ce rôle dont je me sens éloignée et si proche à la fois. J'ai d'abord beaucoup pensé à ma grand-mère, qui n'était pas la femme d'un ministre, mais qui ambitionnait un peu cette espèce de hauteur sociale et qui était à la fois drôle et pénible avec ses principes. Olympe est un personnage terrible qui nous fait rire aujourd'hui parce qu'il nous renvoie là d'où l'on vient, à cette bourgeoisie de l'époque pas si ancienne, pétrie de principes, que l'on remet heureusement en cause aujourd'hui.
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Homme de théâtre accompli, Roussin connaissait les gens et les aimait. Si sa plume assassine enthousiasme le public, n'accorde-t-il pas à Olympe quelque circonstance atténuante ?
La finesse de son écriture montre que c'est une femme totalement rétrograde mais victime des pouvoirs de son mari qui change d'avis comme de chemise et ne cherche que l'assentiment de son « public ». Tout ça la rend dingue et encore plus réactionnaire que lui. Elle essaie de le suivre, elle râle, elle est soumise mais en contradiction avec elle-même, de quoi engendrer des perturbations psychologiques... Et si vous l'avez remarqué, il lui arrive aussi d'avoir des absences, un peu comme si Alzheimer n'était pas loin. Il y a une vraie profondeur dans ce personnage au service duquel on doit rester, alors il n'est pas question de faire son numéro !
Pour la seconde fois au théâtre, vous retrouvez votre partenaire et metteur en scène Michel Fau. Qu'aimez-vous dans son travail ?
Son esthétique, ses décors, ses costumes, qui rendent toujours les gens heureux. Il adore habiller les femmes et il a un très bon costumier. On est là dans une esthétique réaliste mais en même temps picturale. La pièce est jouée telle qu'elle a été écrite et il a magnifiquement reproduit le décorum de l'époque, les couleurs. Voilà, tout en étant réaliste, ce n'est pas ordinaire, on est au spectacle avec lui et j'aime beaucoup ça !
A l'approche d'une reprise à Paris, quel est votre état d'esprit ?
Écoutez, on sort d'une tournée en France, Suisse et Belgique et c'était extraordinaire. Je suis au théâtre tous les quatre ou cinq ans, j'ai joué Beckett il y a dix ans, j'aime la diversité, l'écriture théâtrale, les auteurs, et j'aime mettre de la vie dans tout ça, incarner...
Cette pièce, je continue à la jouer sans me lasser !
Olympe est un rôle irrésistible, plus complexe qu'il ne semble. Comment l'abordez-vous ?
J'ai une partition tellement rare avec ce rôle dont je me sens éloignée et si proche à la fois. J'ai d'abord beaucoup pensé à ma grand-mère, qui n'était pas la femme d'un ministre, mais qui ambitionnait un peu cette espèce de hauteur sociale et qui était à la fois drôle et pénible avec ses principes. Olympe est un personnage terrible qui nous fait rire aujourd'hui parce qu'il nous renvoie là d'où l'on vient, à cette bourgeoisie de l'époque pas si ancienne, pétrie de principes, que l'on remet heureusement en cause aujourd'hui.
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Homme de théâtre accompli, Roussin connaissait les gens et les aimait. Si sa plume assassine enthousiasme le public, n'accorde-t-il pas à Olympe quelque circonstance atténuante ?
La finesse de son écriture montre que c'est une femme totalement rétrograde mais victime des pouvoirs de son mari qui change d'avis comme de chemise et ne cherche que l'assentiment de son « public ». Tout ça la rend dingue et encore plus réactionnaire que lui. Elle essaie de le suivre, elle râle, elle est soumise mais en contradiction avec elle-même, de quoi engendrer des perturbations psychologiques... Et si vous l'avez remarqué, il lui arrive aussi d'avoir des absences, un peu comme si Alzheimer n'était pas loin. Il y a une vraie profondeur dans ce personnage au service duquel on doit rester, alors il n'est pas question de faire son numéro !
Pour la seconde fois au théâtre, vous retrouvez votre partenaire et metteur en scène Michel Fau. Qu'aimez-vous dans son travail ?
Son esthétique, ses décors, ses costumes, qui rendent toujours les gens heureux. Il adore habiller les femmes et il a un très bon costumier. On est là dans une esthétique réaliste mais en même temps picturale. La pièce est jouée telle qu'elle a été écrite et il a magnifiquement reproduit le décorum de l'époque, les couleurs. Voilà, tout en étant réaliste, ce n'est pas ordinaire, on est au spectacle avec lui et j'aime beaucoup ça !
Paru le 20/09/2024
(181 notes) THÉÂTRE MARIGNY Jusqu'au dimanche 29 décembre
COMÉDIE. Après la seconde guerre mondiale, la vie rangée d’un sous-secrétaire d’Etat à la famille qui a obtenu la fermeture des maisons closes et l’augmentation des peines sur les délits d’avortement, bascule quand il apprend le même jour, que sa femme attend un enfant et que son fils a mis enceinte sa sec...
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