Et des sensations fortes, des émotions, des rires, des surprises, il y en a à foison dans cette pièce qui tiendrait presque de la bande dessinée, tant les personnages sont typés et croquignolets. L'auteur, un grand dégingandé aux yeux bleu-azur, plutôt bien fait de sa personne, joue le beau gosse de service, le Popeye arrogant un brin sadique mais terriblement drôle et attachant. Le champion Michaël-Eddie Edwards est lunaire à souhait et ô combien émouvant dans sa quête du titre Olympique. Sa candeur n'est pas incompatible avec sa détermination et le jeu mécanique que lui confère Benjamin Lhommas le rend irrésistible. Il est extatique, comme « habité », c'est un « petit Prince » moderne (d'ailleurs, ajoutez-lui une écharpe et la parentèle physique saute aux yeux) doublé d'un Rain-man. Car, perché comme il est, on comprend qu'il aime prendre de la hauteur... et nous prendre de vitesse car on va de surprise en surprise avec lui.
Dans cette pièce à tiroirs où la scénographie, judicieuse, inventive à souhait, permet à tous les éléments de ce « môle » de bois de trouver une place, chacun joue forcément plusieurs rôles. L'élément féminin (formidable Sophie Accard qui signe aussi la mise en scène) se démultiplie avec agilité et brio dans cette farce. C'est burlesque, enlevé, intelligent, truffé de clins d'œil sur l'actu, les petits comme les grands y trouvent leur compte, c'est une vraie pièce populaire au sens noble du terme. Un cocktail joyeux, euphorisant, loufoque, très inspiré des comédies anglaises, on est entre Monthy Python, Mr Been. Ce « Bloody Mary » se sirote avec délectation, puisqu'il est signé Léonard Prain. Comme ce jeune auteur est capable des plus grandes audaces... À quand le biopic d'une star éphémère de télé-réalité ? Chiche !