Article de Patrick Adler
Les Liaisons dangereuses
À La Comédie des Champs-Elysées.
Arnaud Denis nous offre de la Haute Couture, du sur-mesure pour cette nouvelle version - resserrée - des "Liaisons", tant au niveau de la distribution que du décor, des costumes, sans oublier les lumières de l'orfèvre Denis Koransky. Un véritable bijou théâtral !
Après un succès mondial rencontré au cinéma, une version de John Malkovitch jouée à Paris à guichets fermés, il fallait sans doute l'audace et le talent inouï d'un Arnaud Denis pour relever le défi. En adaptant habilement le texte, Arnaud est allé à l'essentiel. Son découpage séquencé qui offre une multitude d'effets (changement de décors, variation des lumières) donne une fluidité à l'ensemble et permet d'apprécier la beauté d'un texte entrecoupé par les musiques de Haendel, Mozart, Fauré, Beethoven... C'est élégant et noir, comme le sont Merteuil et Valmont, deux "Diaboliques" qui, dans leurs desseins respectifs courent à leur perte au nom d'une infidélité passée ou de désirs compulsifs. Le tout dans un décor et des costumes XVIIIè très raffinés, comme la répartie féroce mais policée de ces deux êtres que tout oppose mais qui sont en tous points comparables dans la perfidie et l'opacité.
Dans l'oisiveté de cette aristocratie où se mêlent désespérance et cynisme, où tout est ruse, faux-semblant, où il est question de "trouver le secret pour avoir le monde à sa merci", où "la pitié n'est pas très aphrodisiaque" (sic) les personnages sont dans un perpétuel combat (Merteuil, veuve très tôt, affiche un féminisme déterminé et partage avec Valmont les joies - et les affres ! - d'un libertinage qui ne sert qu'à combler l'ennui. Avec elle, le sexe dit "faible" monte en puissance. C'est ce qui différencie Choderlos de Laclos de Marivaux !
Entre prédateurs et victimes, entre monstres et ingénus, nous assistons à une fin de règne sur fond d'alcôves chics où les falbalas, les perruques et autres colifichets luxueux n'enlèvent pas la noirceur ambiante.
Pour servir un propos et un texte aussi brillants, il fallait une distribution au cordeau et, là, Arnaud Denis a touché le Graal en engageant Delphine Depardieu ("Sublime, forcément sublime" eût dit Duras) qui n'a rien à envier à la force, à la beauté machiavélique, à la puissance de jeu de Glenn Close. Si elle est "illisible" (sic) pour Valmont, lui assume pleinement d'être trouble. Son sens tactique, son élégante rouerie le rendent fascinant. Pour incarner ce personnage à multiple facettes, il fallait la plastique, le brio et à la finesse de jeu d'un Valentin de Carbonnières, au meilleur de sa forme. Salomé Villiers - lumineuse autant qu'émouvante -, Michèle André - attachante -, Marjorie Dubus, Pierre Devaux et Guillaume de St Sernin - convaincants - complètent cette excellente distribution.
Le public applaudit à tout rompre. Arnaud Denis peut désormais reprendre la formule de Valmont "Ce n'est pas ma faute", qu'on complètera par "Si j'ai autant de talent". Chef-d'œuvre !
Dans l'oisiveté de cette aristocratie où se mêlent désespérance et cynisme, où tout est ruse, faux-semblant, où il est question de "trouver le secret pour avoir le monde à sa merci", où "la pitié n'est pas très aphrodisiaque" (sic) les personnages sont dans un perpétuel combat (Merteuil, veuve très tôt, affiche un féminisme déterminé et partage avec Valmont les joies - et les affres ! - d'un libertinage qui ne sert qu'à combler l'ennui. Avec elle, le sexe dit "faible" monte en puissance. C'est ce qui différencie Choderlos de Laclos de Marivaux !
Entre prédateurs et victimes, entre monstres et ingénus, nous assistons à une fin de règne sur fond d'alcôves chics où les falbalas, les perruques et autres colifichets luxueux n'enlèvent pas la noirceur ambiante.
Pour servir un propos et un texte aussi brillants, il fallait une distribution au cordeau et, là, Arnaud Denis a touché le Graal en engageant Delphine Depardieu ("Sublime, forcément sublime" eût dit Duras) qui n'a rien à envier à la force, à la beauté machiavélique, à la puissance de jeu de Glenn Close. Si elle est "illisible" (sic) pour Valmont, lui assume pleinement d'être trouble. Son sens tactique, son élégante rouerie le rendent fascinant. Pour incarner ce personnage à multiple facettes, il fallait la plastique, le brio et à la finesse de jeu d'un Valentin de Carbonnières, au meilleur de sa forme. Salomé Villiers - lumineuse autant qu'émouvante -, Michèle André - attachante -, Marjorie Dubus, Pierre Devaux et Guillaume de St Sernin - convaincants - complètent cette excellente distribution.
Le public applaudit à tout rompre. Arnaud Denis peut désormais reprendre la formule de Valmont "Ce n'est pas ma faute", qu'on complètera par "Si j'ai autant de talent". Chef-d'œuvre !
Paru le 30/09/2024
(112 notes) COMÉDIE DES CHAMPS-ÉLYSÉES Jusqu'au mardi 1 avril 2025
COMÉDIE RÉPERTOIRE CLASSIQUE. La Marquise de Merteuil sollicite son ancien amant, le Vicomte de Valmont, pour lui proposer un défi immoral : elle souhaite se venger d’une ancienne infidélité en corrompant la jeune Cécile de Volanges, tout juste sortie du couvent, en lui ôtant sa virginité avant le mariage. Valmont, quant à lui...
|