Raoul est un paysan français bourru, nourri à la haine du "boche", parti faire la guerre pour sauver la ferme familiale. Frantz, lui, est allemand, c'est un humaniste qui a deux passions : le violoncelle et sa femme. Les deux soldats sont les victimes collatérales d'une guerre qui les oppose mais qui, dans son absurdité et son horreur les rapproche car tous deux ont... une âme. Et celle de l'instrument qu'a gardé Frantz n'est pas en reste puisque cette petite baguette est le point central des vibrations. Sans elle, point de sonorité ou une sonorité faible. Sans elle, on est désaccordé. Cette opposition entre l'âme du violoncelle et l'âme du canon, entre le flower-power et la boucherie résume la dichotomie que vivent Raoul et Frantz. Ils sont à la foi bourreaux par le jeu mortifère de la guerre et victimes parce qu'ils n'ont rien demandé et sont quelque peu "désarmés" face à l'enjeu. Goethe écrivait que "Tout homme qui marche peut s'égarer".
Alors, dans ce chemin tortueux du champ de bataille et par la cohabitation forcée dans un trou d'obus, les deux hommes vont peu à peu retrouver ce "droit chemin" qu'on appelle aussi la raison. Ils vont peu à peu se parler, se découvrir, s'apprivoiser, surmontant ainsi leurs peurs mutuelles. La construction de cette voie du possible sera lente mais quand on fait le choix des âmes...

Qui sauvera l'autre au jeu de la courte échelle pour sortir de ce cloaque ? Vous le saurez en découvrant ce nouveau lieu : les Gémeaux Parisiens, dont la programmation exigeante et variée nous promet de belles soirées théâtrales et qui, lui aussi, a déjà ce supplément d'âme dont nous avons tant besoin.