Article de Patrick Adler
La femme au bouquet
Au Guichet Montparnasse
On l'avait adorée et encensée dans "Gelsomina", une adaptation théâtrale très réussie de "La Strada". Nina Karacosta nous revient dans un seule-en-scène empreint de poésie, où l'on a plaisir à retrouver sa candeur mâtinée de lucidité. Encore une pépite du "Guichet Montparnasse" !
Elle avance dans le champ, doucement, s'émerveille à chaque fleur qu'elle voit, qu'elle cueille et, comme un éclair, tout lui revient en mémoire. Par séquences. Comme sa rencontre avec cet homme qui lui accorde un peu de son temps avant d'entrer en réunion. L'écoute-t-il seulement, à en juger par les remarques sibyllines qu'il lui adresse ? Loin de l'univers du bureau, de l'informatique, loin des chiffres, des codes du numérique, elle s'évade, pour se retrouver en tant que femme. Et les fleurs sauvages de ce champ sont un formidable support pour réveiller ses souvenirs et maturer sa pensée car, pour innocente et fragile qu'elle apparaisse, il y a chez elle de la force de caractère et même de la colère.
Soutenue dans sa réflexion par les grands auteurs (Beckett, Duras, Sarraute...) qu'elle convoque et dont elle épingle les photos sur un fil, elle devient pasionaria. Mais ce qu'on retiendra surtout, à chaque fleur cueillie, c'est ce regard de gamine émerveillée, cette poésie, cette douceur qui subliment le très beau texte de Désidério Montironi. Comme dans une longue balade chorégraphiée, elle occupe avec grâce la scène, se penchant à cour puis à jardin pour cueillir le bluet, la jonquille, le coquelicot, la marguerite qui servent à raviver sa mémoire et à nourrir... sa pensée ! Un moment de poésie mis en scène par Driss Touati qui, en ces temps de violence accrue, offre un bain de fraîcheur salutaire. E viva Nina !
Soutenue dans sa réflexion par les grands auteurs (Beckett, Duras, Sarraute...) qu'elle convoque et dont elle épingle les photos sur un fil, elle devient pasionaria. Mais ce qu'on retiendra surtout, à chaque fleur cueillie, c'est ce regard de gamine émerveillée, cette poésie, cette douceur qui subliment le très beau texte de Désidério Montironi. Comme dans une longue balade chorégraphiée, elle occupe avec grâce la scène, se penchant à cour puis à jardin pour cueillir le bluet, la jonquille, le coquelicot, la marguerite qui servent à raviver sa mémoire et à nourrir... sa pensée ! Un moment de poésie mis en scène par Driss Touati qui, en ces temps de violence accrue, offre un bain de fraîcheur salutaire. E viva Nina !
Paru le 21/10/2024
FEMME AU BOUQUET (LA) THÉÂTRE DU GUICHET-MONTPARNASSE Du vendredi 18 octobre au dimanche 10 novembre 2024
THÉÂTRE CONTEMPORAIN. Bouquet de vie aux couleurs sombres et lumineuses. Une femme sur un chemin, au printemps, au milieu d’un champ cueille des fleurs sauvages. Un visage lui revient. Celui d’un homme à qui elle avait confié ses blessures.
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