Portrait par Patrick Adler
Solal Bouloudnine
L’homme pressé
C'est peut-être parce qu'il porte un prénom hébraïque, celui d'un Elu, qu'il se sait attendu. Alors, il (se) fraie un chemin, friche, défriche, se jouant des obstacles. Il a la foi, il sait que la lumière est au bout. Pas seulement à Marseille où il est né, à Toulon où il a étudié au Conservatoire avant d'intégrer la prestigieuse ERAC. Que de souvenirs ! 400 appelés. 14 élus. Parmi eux, Solal que rien ne prédestinait puisque, fils de chirurgien, israélite de surcroit, on attendait de lui qu'il fût médecin ou avocat. Forcément. Lui veut jouer. Et vite. Comme si l'intuition lui était venue que notre voyage sur terre était court.
Le 2 août 1992, à huit jours de son septième anniversaire, la Grande Faucheuse happe Michel Berger, non loin de son lieu de vacances. « Crise cardiaque » : deux mots qui, associés, représentent la douleur, l'arrêt, la fin, l'absence. Alors, tout va s'enchaîner. Sa frénésie d'action comme son débit oral, qui s'accélère, Ecoutez-le parler, voyez le jouer aujourd'hui, c'est une boule d'énergie qui vous traverse avec de la poésie dans les yeux, de l'audace dans le geste, ce sourire merveilleux du quadra qui n'a rien oublié de son enfance au point de recréer son « monde de six ans » sur scène, mais aussi des larmes dans le cœur.
Entré chez la prestigieuse Artmedia, il a enchaîné pièces de théâtre, courts et longs métrages. De son aveu d'Elu, il n'est pas de ceux qui ont « ramé ». Il a beaucoup de chance. Il le sait. Il aurait pu rester dans le théâtre dit subventionné. Pour combien de temps ? A-t-il seulement le temps ? Personne ne sait ce qu'il a en tête. Personne ne sait pourquoi il fonce. Pourquoi il est continuellement dans l'urgence. Il a beau être souriant et amène, avoir cette douceur dans la voix, il y a chez lui ce fond de mélancolie qu'on décèle au premier regard.
Il avance en âge, a atteint la quarantaine, est un jeune papa. Et s'il mourait jeune ? Comme Michel ? Toutes ces angoisses, il a décidé d'en faire un objet théâtral pour le moins baroque où, convoquant dans une galerie de portraits tous ceux qui ont jalonné sa vie, il se joue de la mort, de l'espace-temps. A commencer par le nouveau titre donné qui, forcément, interroge : « La fin du début ». Début, fin, milieu... les bornes, quelle hérésie ! Dans le joyeux bordel textuel et scénique qu'il a imaginé, ce plateau digne de Diogène, sur fond des tubes de Michel Berger, on oscille entre rires et larmes. On pense à sa judéité (comme Michel B.) qui le rassure, à ses racines, son clan familial, sa tribu. Solal est un soleil qui refuse sa part d'ombre. En donnant la vie (à son fils), il a prolongé la sienne en jouant. Pour longtemps. Et c'est tant mieux car il a des choses à (nous) dire, cet homme-là ! Respect. Admiration.
Entré chez la prestigieuse Artmedia, il a enchaîné pièces de théâtre, courts et longs métrages. De son aveu d'Elu, il n'est pas de ceux qui ont « ramé ». Il a beaucoup de chance. Il le sait. Il aurait pu rester dans le théâtre dit subventionné. Pour combien de temps ? A-t-il seulement le temps ? Personne ne sait ce qu'il a en tête. Personne ne sait pourquoi il fonce. Pourquoi il est continuellement dans l'urgence. Il a beau être souriant et amène, avoir cette douceur dans la voix, il y a chez lui ce fond de mélancolie qu'on décèle au premier regard.
Il avance en âge, a atteint la quarantaine, est un jeune papa. Et s'il mourait jeune ? Comme Michel ? Toutes ces angoisses, il a décidé d'en faire un objet théâtral pour le moins baroque où, convoquant dans une galerie de portraits tous ceux qui ont jalonné sa vie, il se joue de la mort, de l'espace-temps. A commencer par le nouveau titre donné qui, forcément, interroge : « La fin du début ». Début, fin, milieu... les bornes, quelle hérésie ! Dans le joyeux bordel textuel et scénique qu'il a imaginé, ce plateau digne de Diogène, sur fond des tubes de Michel Berger, on oscille entre rires et larmes. On pense à sa judéité (comme Michel B.) qui le rassure, à ses racines, son clan familial, sa tribu. Solal est un soleil qui refuse sa part d'ombre. En donnant la vie (à son fils), il a prolongé la sienne en jouant. Pour longtemps. Et c'est tant mieux car il a des choses à (nous) dire, cet homme-là ! Respect. Admiration.
Paru le 05/12/2024
(20 notes) THÉÂTRE LEPIC Jusqu'au mardi 29 avril 2025
SEUL-E EN SCÈNE à partir de 12 ans. Le comédien Solal Bouloudnine nous plonge dans l’univers d’un enfant des années 90 qui réalise, comme tous les enfants avant et après lui, que tout a une fin, à commencer par la vie. Nous traversons avec lui une vie marquée par l’angoisse de la fin, dans une comédie touchante et vertigineuse. Une ...
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