Article de Patrick Adler
Black Legends
Bobino
Effet WAOUH pour ce "Musical" qui, en revisitant les grands airs de la musique afro-américaine, a su transformer Bobino en dance-floor. Le public se lève chaque soir comme un seul homme, chanteurs et danseurs se mêlant à la foule. On chante, on danse, on célèbre en musique le "vivre ensemble", la conquête des droits civiques à travers des figures noires charismatiques. Après deux heures de folie visuelle et sonore, on comprend mieux la résilience par la musique des descendants d'esclaves. "Black Legends", c'est techniquement juste... parfait. Vocalement. Physiquement. Valéry Rodriguez, le metteur en scène et sa troupe n'ont pas volé leur Trophée de la Comédie Musicale. Waouh !
Bienvenue au Cotton Club ! Le rideau s'ouvre sur un échafaudage métallique à deux étages, occupé par les musiciens. Chaque titre joué (on en aura une quarantaine, autant que de tableaux) va être illustré par des décors mouvants sur fond d'écran qui vont, chronologiquement, retracer l'histoire de la musique noire américaine, son importance et son évolution sociétales depuis l'esclavage, la ségrégation jusqu'à l'émancipation, avec en prime des extraits sonores (les discours de Martin Luther King, de Barack Obama). Il n'y a pas d'intrigue à proprement parler - c'est peut-être le seul reproche qu'on puisse faire à ce spectacle divinement beau - on assiste davantage à un "revival" des grands airs et des grand(es) interprètes, de celles et ceux qui ont marqué la musique black : le blues - évidemment - puis la soul, le funk, le rock, le hip-hop, le disco et, last but not least, le rap. Dans une débauche de costumes (Chapeau, Sami Bedioui !) et de décors, les chanteurs, danseurs et musiciens sur-vitaminés ne nous laissent aucun répit. Les transitions parlées sont volontairement courtes, Valéry Rodriguez a privilégié la musique et à la danse. Et là... c'est juste bluffant de perfection ! Les chorégraphies sont millimétrées, les voix assurées (mention spéciale au sublime Barry Johnson, à Christian Schummer, aussi à l'aise en chant qu'en danse et à toutes les voix féminines). Cerise sur le gâteau, aucun chanteur, aucune chanteuse ne tombe dans la facilité que serait... l'imitation. Ils évoquent seulement, mais avec talent et une précision vocale admirable Cab Calloway, Beyonce, Michael Jackson, Marvin Gaye, Aretha Franklin, la liste est longue... Il y a même Sylvester et son iconique "Make me feel", autant de madeleines que nous dégustons. Si l'apport pédagogique est un peu mince (on l'a dit, le propos historique est juste survolé, même si l'essentiel est dit dans et par la chronologie, des champs de coton au Cotton Club en passant par le Code Noir, le Klu-Klux-Klan, les exactions policières, les violences conjugales...), "Black Legends" est avant tout du "Grand Spectacle" et, à en juger par son succès croissant depuis bientôt deux ans, le public ne s'y trompe pas qui a choisi de s'offrir un "shoot" musical puissant, voire enivrant. Un grand bravo donc à Valéry Rodriguez qui signe là une formidable mise en scène et qui, en s'adjoignant les services de Christophe Jambois, a visé juste car, dans ce rythme endiablé, à vous couper le souffle, on ne voit pas ces deux heures passer. Le casting - un américain et des descendants d'esclaves (dixit le metteur en scène), formidablement pensé, incarne bien le titre-phare : "I'm black and I'm proud".
Allons plus loin : "Black is beautiful !"
Why ? Because "Black Legends" is gorgeous, amazing !
Allons plus loin : "Black is beautiful !"
Why ? Because "Black Legends" is gorgeous, amazing !
Paru le 30/11/2024
(156 notes) BOBINO Jusqu'au dimanche 2 mars 2025
SPECTACLE MUSICAL. Sur scène, les artistes retracent un siècle de musique afro-américaine à travers 37 tableaux mythiques qui résonnent avec l’Histoire. De Cab Calloway à Beyonce, en passant par Ray Charles, Otis Redding, Tina Turner, Aretha Franklin et Withney Houston. Les tableaux s’enchaînent à un rythme fou, dan...
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