Zoom par Patrick Adler
24 heures de la vie d’une femme
À la Folie Théâtre
Que de bonnes nouvelles ! À celle de Stefan Zweig vient s'ajouter cette autre bonne nouvelle : l'adaptation sur scène de Anne Martinet, comédienne aussi précise que délicate, aussi émouvante dans son jeu que dans ses silences, très étudiés, qui ajoutent à la dramaturgie. Un bijou précieux et habilement éclairé par Stéphanie Daniel dans ce joli écrin qu'est À la Folie Théâtre.
Elle avance dans le noir, cintrée dans sa gabardine. Elle est élégante, elle a ce profil hiératique de l'aristocrate écossaise qu'elle campe. La voix posée, elle s'adresse au public qui, une heure durant, va suivre les méandres de cette rencontre impromptue qui eût pu changer le cours de sa vie, devenue prosaïque depuis la mort de son époux. Telle une Emma Bovary en proie à ses tourments sentimentaux, elle va se livrer à nous avec une sincérité bouleversante. En entrant dans l'univers du jeu, c'est comme une boîte de Pandore qu'elle ouvre, avec ses surprises, celle d'une passion qui prend naissance avec l'observation des mains du joueur (qu'elle décrit avec une précision presque scientifique), celle d'un corps - le sien - qui redécouvre les joies de l'étreinte et du plaisir, celle de la compassion quasi christique pour une âme partie en quelques minutes à la dérive et celle du réveil brutal face à la mystification.
Servie par un texte puissant et beau qui lui permet de passer en un tournemain de la légèreté à l'angoisse, de la douceur de la découverte à la violence de la désillusion, Anne Martinet joue avec fluidité sur la "confusion des sentiments" qui n'est pas sans rappeler l'autre nouvelle de Zweig. Sa présence est magnétique. Elle est tout à la fois charme, élégance, émotion et grâce. Comme habitée par le rôle, avec ce souci de retranscrire à l'identique le texte, sa prosodie, elle hypnotise le public qui, dans un silence religieux, suit ces vingt-quatre heures intenses comme on suit la boule sur la table de jeux.
La mise en scène de Juan Crespillo, subtile et délicate, comme le travail précis sur les lumières participent à ce moment de théâtre suffisamment rare pour être souligné.
C'est... magistral et beau !
Servie par un texte puissant et beau qui lui permet de passer en un tournemain de la légèreté à l'angoisse, de la douceur de la découverte à la violence de la désillusion, Anne Martinet joue avec fluidité sur la "confusion des sentiments" qui n'est pas sans rappeler l'autre nouvelle de Zweig. Sa présence est magnétique. Elle est tout à la fois charme, élégance, émotion et grâce. Comme habitée par le rôle, avec ce souci de retranscrire à l'identique le texte, sa prosodie, elle hypnotise le public qui, dans un silence religieux, suit ces vingt-quatre heures intenses comme on suit la boule sur la table de jeux.
La mise en scène de Juan Crespillo, subtile et délicate, comme le travail précis sur les lumières participent à ce moment de théâtre suffisamment rare pour être souligné.
C'est... magistral et beau !
Paru le 02/12/2024
(17 notes) À LA FOLIE THÉÂTRE Jusqu'au samedi 4 janvier 2025
COMÉDIE DRAMATIQUE RÉPERTOIRE CLASSIQUE à partir de 15 ans. Dans l’atmosphère fébrile du Casino de Monte-Carlo, Madame C rencontre un jeune joueur compulsif qu’elle essaie de sauver de son addiction. Elle nous confie les sentiments contradictoires qu’elle a éprouvés et l’engrenage des évènements qui l’ont entraînée, presque malgré elle, dans un tourbillon ...
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