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D.R.
Zoom par Patrick Adler
Hommage à Fréhel
À l’Essaion

"La nostalgie n'est plus ce qu'elle était", écrivait Simone Signoret. Avec Delphine Grandsart, cette nostalgie est joyeuse et l'hommage vibrant qu'elle rend à Fréhel nous fait revivre avec un bonheur indicible la Belle-Epoque, l'accent des faubourgs, les luttes sociales et toutes ces madeleines que sont "La java bleue", "Tel qu'il est, il me plait", "Du gris" nous enchantent. Elle a la gouaille, la gestuelle, le tempérament frondeur, l'authenticité de son égérie. Seule avec son accordéoniste - bravo à Hubert de Leusse pour sa belle complicité scénique - elle harangue le public, lui chante - a capella, s'il vous plait ! - la misère des femmes, la canaille, les bas-fonds, les pavés, la rue... on y retrouve tout le Paris de Carco. Il y a de la poésie et beaucoup d'humour dans ce tour de chant. Assurément, Delphine Grandsart, c'est du Grand Art !
"Fermez vos gueules, j'ouvre la mienne !". Le ton est donné. Elle s'avance, sanglée dans une robe de cuir aux couleurs de feu qui rappellent sa longue chevelure rousse. Elle est sexy avec son décolleté plongeant. Comme Fréhel, elle a l'énergie du désespoir des filles de la rue. A la fois câline et frondeuse, chatte et tigresse, elle engage une complicité avec le public qui ira jusqu'à le solliciter pour la reprise des grands airs du répertoire. Sa voix est puissante et bien placée. Comédienne et chanteuse, elle figure aussi bien la femme des faubourgs, la femme-caoutchouc que le fils de la femme-poisson, la catcheuse...
Si vous ne voyiez en elle que sa spiritualité, son humour, vous allez vite découvrir qu'elle sait aussi émouvoir. Son tour de chant est, de ce point de vue, un vrai bijou. D'aucuns diront à la sortie qu'elle est "la fille cachée de Fréhel" et pourtant elle ne l'imite à aucun moment. Elle en est juste... l'interprète ! Pour et comme son personnage, elle a choisi une scénographie minimaliste : un tabouret, quelques projections de photos de l'époque et de jolis dessins.

Delphine Grandsart, c'est la simplicité et le plein engagement au service des chansons de Fréhel pour qui, assurément, elle sait garder le cap ! Alors, si vous aimez les moments de partage authentiques, courez à l'Essaion, d'autant qu'elle vous ravira pareillement les vendredis et samedis à 21h avec son second seule-en-scène sur "Louise Weber, dite la Goulue". Quelle énergie, quel tempérament !
Paru le 20/12/2024

(5 notes)
HOMMAGE À FRÉHEL
THÉÂTRE ESSAÏON
Jusqu'au jeudi 2 janvier 2025

SPECTACLE MUSICAL. Ce tour de chant rend hommage à Fréhel, icône de la chanson réaliste de l'entre-deux-guerres dont le répertoire, reflet brut de son vécu et du contexte social de l'époque, nous plonge dans l'âme populaire. Un véritable voyage à travers les quartiers faubouriens, des destins marqués par la vie et d...

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