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D.R.
Zoom par Patrick Adler
Louise Weber dite "La Goulue"
À l'Essaion

Approchez, Mesdames et Messieurs ! Vous voulez du rêve, de l'émotion, de l'humour, de la sincérité ? Que vous soyez homme ou femme, féministe ou non, vous allez vous prendre d'affection pour la Goulue, égérie des cabarets sous la IIIè République, muse de Toulouse-Lautrec, amie de Renoir, Hugo, Zola... Venez découvrir tous ces tableaux qui retracent la vie d'une petite blanchisseuse rebelle et tendre devenue la Reine du Moulin Rouge, l'icône des bordels Parisiens, le tout dans une mise-en-scène rétro-chronologique pour le moins... originale. Comme dans son hommage à Fréhel qui nous avait déjà "scotchés", Delphine Grandsart n'aime rien tant que mettre en avant ces femmes gouailleuses et provocatrices, féministes avant l'heure. Elle les campe avec ses tripes, donne tout. Le résultat est juste... bluffant !
Séquence émotion. En démarrant le biopic de La Goulue au crépuscule de sa vie, le public découvre une vieille dame, accompagnée de sa "dive bouteille". Elle a perdu un peu de sa superbe, de sa hardiesse, elle nous dit aussi avoir perdu un enfant tôt... et gagné des coups sur le tard mais semble résignée : "plutôt tabassée qu'abandonnée", dit-elle. Peu lui chaut donc d'être "habillée par les bleus" (sic). L'homme est violent, la femme meurtrie mais elle assume cette dichotomie entre une liberté chevillée au corps, un tempérament de feu - elle a dompté des fauves, ne l'oublions pas - et une dépendance liée à la peur de la solitude. Elle est faite pour la lumière, c'est là qu'elle est à sa place. Et au moins elle existe encore par le regard et les coups qu'il a posés sur elle. Elle n'oublie pas pour autant les combats menés, ses colères, elle a gardé intact cet accent des faubourgs mâtiné de tendresse. S'éclipsant en coulisses en convoquant ses souvenirs, on la retrouve, flamboyante, dans une série de tableaux aussi facétieux qu'émouvants - surtout dans ses entretiens imaginaires avec Toulouse-Lautrec figuré sur un paravent. Défile alors sa période glorieuse où le Tout-Paris se pressait pour voir ses jupons au Moulin-Rouge, où elle se payait le bourgeois et les têtes couronnées. Elle chante, elle danse, elle lève la jambe haut, très haut, elle a du sex-appeal, elle est...cancan !

C'est dans un bain de fraîcheur et d'émotions que nous plonge Delphine Grandsart, aussi crédible et bouleversante dans la gamine de trois ans qui réconforte son papa mutilé que dans la danseuse adulée, la "Madame Sans-Gêne" débridée et provocante, la femme battue ou la vieille indigente recluse, oubliée de tous. On apprend beaucoup dans cette fresque vivante et on ressort une fois de plus chamboulés par tant d'énergie, de sincérité, de dévotion à ces femmes d'exception qui avaient "l'anarchie au bout du pied" (sic) et dont la soif de liberté résonne encore aujourd'hui. Il fallait une comédienne d'exception comme Delphine Grandsart et la fine plume de Delphine Custau pour explorer toutes les facettes de ces femmes si fantasques et si essentielles. Merci, Mesdames !
Paru le 23/12/2024

(50 notes)
LOUISE WEBER dite LA GOULUE
THÉÂTRE ESSAÏON
Jusqu'au samedi 26 juillet

THÉÂTRE CONTEMPORAIN. Qui était “La Goulue”, icône du Paris de la Belle Époque ? Star du Moulin Rouge, dompteuse de fauves... Le spectacle qui remonte le fil du temps raconte l’incroyable destin de celle qui était avant tout une insoumise menant une vie affranchie de tout carcan mondain ou toute morale, une femme d’un...

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