Zoom par Patrick Adler
Belles de scène
Aux Gémeaux Parisiens.
Lorsque la femme paraît...
Branle-bas de combat à la Cour de Charles II qui décrète en 1661 que désormais les rôles de femmes seront tenus par... des femmes ! C'est cet événement historique marquant qu'a choisi de mettre en scène l'excellent Stéphane Cottin, à la fois auteur-comédien et metteur en scène de ce "Belles de scène". Il nous livre ici un petit chef-d'oeuvre : l'adaptation (cosignée Agnès Boury et Vincent Heden), la distribution, les décors, les costumes et... la scénographie sont de fort belle facture. Une nouvelle pépite des Gémeaux Parisiens qui emballe déjà tout Paris, après deux Avignon à guichets fermés.
Branle-bas de combat à la Cour de Charles II qui décrète en 1661 que désormais les rôles de femmes seront tenus par... des femmes ! C'est cet événement historique marquant qu'a choisi de mettre en scène l'excellent Stéphane Cottin, à la fois auteur-comédien et metteur en scène de ce "Belles de scène". Il nous livre ici un petit chef-d'oeuvre : l'adaptation (cosignée Agnès Boury et Vincent Heden), la distribution, les décors, les costumes et... la scénographie sont de fort belle facture. Une nouvelle pépite des Gémeaux Parisiens qui emballe déjà tout Paris, après deux Avignon à guichets fermés.
"Une femme qui joue une femme, c'est ridicule, où est la prouesse ?" affirme, péremptoire, Edouard Kynaston (sublime Vincent Heden), réprouvant le fait que les Français le font déjà. Le décret est tombé. Il va en faire les frais. L'étoile montante du théâtre Londonien se voit remplacée par une pâle imitation, éclipsant ainsi des années de travail sur le corps, le condamnant au chômage et à l'exil des plateaux, brisant net sa passion.
C'est aussi subtil que somptueux dans le travail sur le jeu - tout est fluide, enlevé, rythmé et tous les acteurs sont au cordeau -, le choix des costumes (d'époque), la création lumières, la bande-son et, d'une manière générale, dans la scénographie avec de jolies trouvailles comme les ombres chinoises figurant le public. On oscille entre rires et larmes dans cette comédie humaine qui décrit à merveille la pusillanimité des uns, la jalousie et l'arrogance des autres, l'hubris des puissants, leur goût du stupre et de la luxure, les minauderies et la vénalité des femmes, les intrigues et bassesses de Cour et autres manipulations. Tous les ingrédients sont là pour faire de ce petit chef-d'œuvre de Jeffrey Hatcher une pièce d'exception. C'est une ode au théâtre et, quelque part, aux femmes, à la féminité dans le puritanisme de l'époque - le Roi va, lui aussi, se prendre au jeu -, c'est une quête d'identité et une réflexion sur le corps (que chacun s'approprie à sa guise : Maria, la nouvelle Desdémone, allant jusqu'à copier à l'identique - mais sans âme - le jeu de son prédécesseur Edouard, lequel se redécouvre sur la fin en jouant pour la première fois un rôle d'homme : Othello). Stéphane Cottin offre ici un éclairage intéressant sur le rapport homme/femme, qu'il voit tantôt émouvant, tantôt drôle (notamment, dans les jeux sexuels du roi avec sa favorite ou la drague lourdaude du mécène), laissant entrevoir un rapport ténu entre art et sexualité. Ça ne vous rappelle rien ?... C'est pourtant d'actualité.
Ce "Belles de scène", servie par des comédiens virtuoses -Vincent Heden (Molière 2025 ?), Patrick Zard', Patrick Chayriguès, Emma Gamet, Sophie Tellier et...Stéphane Cottin- est un événement majeur dans le théâtre. A découvrir de toute urgence aux Gémeaux Parisiens qui, décidément, ne nous a offert jusqu'ici que des pépites !
C'est aussi subtil que somptueux dans le travail sur le jeu - tout est fluide, enlevé, rythmé et tous les acteurs sont au cordeau -, le choix des costumes (d'époque), la création lumières, la bande-son et, d'une manière générale, dans la scénographie avec de jolies trouvailles comme les ombres chinoises figurant le public. On oscille entre rires et larmes dans cette comédie humaine qui décrit à merveille la pusillanimité des uns, la jalousie et l'arrogance des autres, l'hubris des puissants, leur goût du stupre et de la luxure, les minauderies et la vénalité des femmes, les intrigues et bassesses de Cour et autres manipulations. Tous les ingrédients sont là pour faire de ce petit chef-d'œuvre de Jeffrey Hatcher une pièce d'exception. C'est une ode au théâtre et, quelque part, aux femmes, à la féminité dans le puritanisme de l'époque - le Roi va, lui aussi, se prendre au jeu -, c'est une quête d'identité et une réflexion sur le corps (que chacun s'approprie à sa guise : Maria, la nouvelle Desdémone, allant jusqu'à copier à l'identique - mais sans âme - le jeu de son prédécesseur Edouard, lequel se redécouvre sur la fin en jouant pour la première fois un rôle d'homme : Othello). Stéphane Cottin offre ici un éclairage intéressant sur le rapport homme/femme, qu'il voit tantôt émouvant, tantôt drôle (notamment, dans les jeux sexuels du roi avec sa favorite ou la drague lourdaude du mécène), laissant entrevoir un rapport ténu entre art et sexualité. Ça ne vous rappelle rien ?... C'est pourtant d'actualité.
Ce "Belles de scène", servie par des comédiens virtuoses -Vincent Heden (Molière 2025 ?), Patrick Zard', Patrick Chayriguès, Emma Gamet, Sophie Tellier et...Stéphane Cottin- est un événement majeur dans le théâtre. A découvrir de toute urgence aux Gémeaux Parisiens qui, décidément, ne nous a offert jusqu'ici que des pépites !
Paru le 24/12/2024
(102 notes) THÉÂTRE DES GEMEAUX PARISIENS Jusqu'au dimanche 16 mars
COMÉDIE ROMANTIQUE. Londres, 1661. Après dix-huit années de fermeture imposée par la révolution puritaine, les théâtres ouvrent à nouveau, pour le plus grand plaisir des londoniens assoiffés de divertissement. Mais la loi interdit toujours aux femmes de se présenter sur scène. Jusqu’au jour où… Une histoire inspirée ...
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