Zoom par Patrick Adler
Les Collectionnistes
Au Petit Montparnasse.
Eh ben, Lidon ! Il était une fois... un marchand d'art qui portait un joli nom : Paul Durand-Ruel... et de jolis costumes. Fils d'un marchand d'art, il avait dû reprendre la galerie familiale suite à une maladie qui lui avait fait interrompre ses études militaires. Nous sommes à Londres, en 1870. L'homme féru d'art a soif de nouveauté, il rencontre Monet puis Renoir, Degas, Monet, Sysley... des peintres qu'il entend soutenir, bien qu'ils ne fassent pas bonne "impression" dans l'Académisme ambiant. Peu lui chaut la fronde des pisses-vinaigre et autres huissiers, il achète, il achète, il collectionne... Vous mourez d'envie d'en savoir davantage ? Allez, en route pour le biopic impressionnant du plus grand collectionneur de toiles... Impressionnistes ! Il est écrit par François Barluet et mis en scène par Christophe Lidon. Un duo de choc qui, par sa connaissance exhaustive du nuancier, sait mettre en valeur les tableaux !
Comme tout visionnaire, Paul Durand-Ruel a une "vista", celle que n'ont que les précurseurs, les visionnaires, ceux qui ont un temps d'avance. S'il collectionne les tableaux, sa femme Jeanne collectionne... les robes. Epouse frivole et espiègle, elle joue de ses charmes pour sauver son couple de la banqueroute. Car elle l'aime, son Paul mais la peinture de ces jeunes talents qu'il défend mordicus prend depuis peu l'allure d'une maîtresse envahissante et coûteuse car les toiles - invendues - s'accumulent au gré des ennuis financiers. Pour Jeanne, elles ne sont pas dans l'air du temps, pas rentables parce que pas représentatives. D'ailleurs, elle ne jure que par les peintres de Barbizon, ne voit dans la peinture que l'imitation de la vie. En somme, elle ne voit que la chose alors que Paul, lui, voit, l'effet produit par la chose. Elle aura beau le brocarder à l'envi, dénigrer les nus laiteux d'un Renoir, y voir des corps en décomposition, tourner l'inventaire de Paul en adultère, rien n'y fait, pas même le "chambre à part" qu'elle lui impose. Aux contingences matérielles qu'elle met en avant, il lui répond en louant la fièvre créatrice qui produit des chefs-d'œuvre et dit miser sur le temps long pour que ses "poulains" soient reconnus. Pour autant, elle s'activera en coulisses pour la liberté artistique et défendra son mari.
A ce ping-pong verbal entre les époux qui donne à l'ensemble un air de comédie légère, voire de boulevard dans le salon bourgeois, viennent se glisser Armand Lagrange, le truculent critique du journal "Le Constitutionnel" peu avare de bons mots (merveilleux Frédéric Imberty, jovial et taquin à souhait ) et le foutraque Renoir (Victor Bourigault en artiste maudit mal fagoté et hyper-sensible est parfait dans le rôle) dont "les nues" émoustillent à l'envi Lagrange, pour peu qu'elles lui rappellent quelqu'une.
Le décor de Christophe Lidon, les costumes de Daniel Wuillermoz sont somptueux, les éclairages de Moïse Hill léchés, la bande-son de Cyril Giroux et les vidéos de Léonard ajoutent à la dramaturgie et le casting est juste...formidable !
Christophe de Mareuil campe un Paul Durand-Ruel aussi élégant que sensible et fougueux, Christelle Reboul incarne Jeanne, l'épouse. Elle est pétillante et semble s'en donner à cœur joie dans les ruptures, les sautes d'humeur, elle est à la fois chic et choc, chatte et panthère, câline et perfide. Energique en diable, sautillante, elle opère une mue touchante avec l'arrivée de Nadar et de la photographie et acceptera à la fin l'idée que la peinture puisse réinventer le réel.
C'est un beau voyage dans le temps où, du Havre de Monet aux bords de Marne de Renoir, nous voyageons à travers les mots subtils de François Barluet et l'habillage somptueux de Christophe Lidon. Au rythme soutenu de l'ensemble s'ajoutent les multiples effets visuels qui voient les toiles du chevalet central se refléter dans le miroir au-dessus de la cheminée.
Il était une fois un petit bijou théâtral nommé "Les Collectionnistes", une comédie légère taillée comme un diamant avec finesse et raffinement. C'est intelligent, pédagogique, tout public... Une vraie réussite !
A ce ping-pong verbal entre les époux qui donne à l'ensemble un air de comédie légère, voire de boulevard dans le salon bourgeois, viennent se glisser Armand Lagrange, le truculent critique du journal "Le Constitutionnel" peu avare de bons mots (merveilleux Frédéric Imberty, jovial et taquin à souhait ) et le foutraque Renoir (Victor Bourigault en artiste maudit mal fagoté et hyper-sensible est parfait dans le rôle) dont "les nues" émoustillent à l'envi Lagrange, pour peu qu'elles lui rappellent quelqu'une.
Le décor de Christophe Lidon, les costumes de Daniel Wuillermoz sont somptueux, les éclairages de Moïse Hill léchés, la bande-son de Cyril Giroux et les vidéos de Léonard ajoutent à la dramaturgie et le casting est juste...formidable !
Christophe de Mareuil campe un Paul Durand-Ruel aussi élégant que sensible et fougueux, Christelle Reboul incarne Jeanne, l'épouse. Elle est pétillante et semble s'en donner à cœur joie dans les ruptures, les sautes d'humeur, elle est à la fois chic et choc, chatte et panthère, câline et perfide. Energique en diable, sautillante, elle opère une mue touchante avec l'arrivée de Nadar et de la photographie et acceptera à la fin l'idée que la peinture puisse réinventer le réel.
C'est un beau voyage dans le temps où, du Havre de Monet aux bords de Marne de Renoir, nous voyageons à travers les mots subtils de François Barluet et l'habillage somptueux de Christophe Lidon. Au rythme soutenu de l'ensemble s'ajoutent les multiples effets visuels qui voient les toiles du chevalet central se refléter dans le miroir au-dessus de la cheminée.
Il était une fois un petit bijou théâtral nommé "Les Collectionnistes", une comédie légère taillée comme un diamant avec finesse et raffinement. C'est intelligent, pédagogique, tout public... Une vraie réussite !
Paru le 10/02/2025






![]() ![]() ![]() ![]() ![]() (56 notes) LE PETIT MONTPARNASSE Jusqu'au dimanche 15 juin
COMÉDIE DRAMATIQUE. 1870, Paul Durand-Ruel, marchand de tableaux réfugié à Londres, rencontre Claude Monet. De retour à Paris, ce dernier lui présente Renoir, Degas, Pissarro… de jeunes peintres dont il perçoit aussitôt le génie et la modernité. Enthousiasmé par le talent de ces artistes qu’on ne qualifie pas encore ...
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