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D.R.
Zoom par Patrick Adler
Candide ou l’optimisme de Voltaire
Au Poche-Montparnasse

Comment faire court quand on s'appelle Long et surtout comment faire mieux dans le mouchoir de Poche du théâtre éponyme ? La réponse est donnée dans les quatre-vingt-dix minutes de ce beau voyage initiatique qui conduit Candide, Cunégonde et Pangloss à travers le monde en une foultitude de tableaux très réussis.
Effet de mode ? Pour le "Père Goriot", ils étaient trois aux Gémeaux Parisiens à camper une dizaine de personnages, trois également pour "les Mystères de Paris" à La Huchette. Pari réussi à chaque fois grâce à un casting de haut vol et une direction d'acteurs précise. Didier Long, metteur en scène de renom, a su lui aussi dénicher trois "perles" pour traverser la Westphalie, la Bulgarie, échapper au désastre de Lisbonne, subir les guerres, la maladie, l'inquisition, découvrir l'Eldorado imaginaire... Soutenus par une bande-son et des jeux de lumières parfaitement adaptés, les trois virtuoses s'en donnent à cœur joie et nous font vivre sur un rythme trépidant les déboires de leurs personnages. A l'instar de Voltaire, dont il respecte l'esprit - faussement léger - et l'ironie mordante, Didier Long fait de ce Candide (impeccable Charles Templon) une épopée drolatique, sans mettre sous le boisseau la réflexion sur l'intolérance, le fanatisme religieux, la guerre. C'est aussi divertissant qu'enrichissant, comme un "Que sais-je" en version BD et c'est sans doute pour cela que cet éclairage moderne plait autant au jeune public. Il faut dire que le rythme est soutenu. Charles Templon tient son "Candide" de bout en bout et rafle la mise par sa touchante naïveté. Telle la chrysalide devenant papillon, on suit avec bonheur l'éveil à la conscience de son personnage qu'il campe à merveille. Cassandre Vittu de Kerraoul est juste... irrésistible. Qu'elle apparaisse en Cunégonde, sensuelle et coquine, ou en vieille femme acariâtre, elle fait mouche, elle est d'une énergie débordante et ne s'en laisse pas conter, d'autant qu'elle a face à elle le "couteau Suisse" de la pièce, le formidable Sylvain Katan qui, de Pangloss au Chef Bulgare, de l'Inquisiteur à... tous les autres, se démultiplie et nous donnerait presque le tournis. C'est jubilatoire !

Décidément, ce Théâtre de Poche n'en finit plus de nous étonner. Entre la sociétaire Judith Magre dont on ne se lasse pas, le facétieux Christophe Barbier et son Offenbach, l'élégant Jean-Paul Borde dans "Les mémoires d'Hadrien" et cette jolie pépite qu'est le "Candide" adapté par Didier Long, force est de constater qu'à chaque fois c'est dans Le Poche et... dans la poche ! Succès assuré, donc !
Paru le 18/02/2025

(17 notes)
CANDIDE OU L’OPTIMISME
THÉÂTRE DU POCHE-MONTPARNASSE
Jusqu'au dimanche 20 avril

THÉÂTRE CONTEMPORAIN. "Cultivons notre jardin", dit Candide à la fin de sa longue épopée. Accompagné par son précepteur Pangloss et par sa fiancée Cunégonde, le jeune homme met son innocence à l’épreuve du monde. A travers ce Conte initiatique Voltaire fustige avec humour et insolence les redresseurs de torts, les cons...

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