D'aucuns diront : forcément, c'est du Guitry, ça marche !
Or, un Guitry mal joué, sans rythme, sans cette petite musique des mots reconnaissable entre toutes, est voué à l'échec. Et les cinq qui constituent la Compagnie des Hauts de Scène se connaissent suffisamment bien, ont acquis depuis des années cette connivence et cette intelligence de jeu qui rendent l'exercice facile. Et pour une fois, ce sont les femmes qui sont majoritaires : trois femmes, deux hommes. Elles sont mises à l'honneur dans ces cinq pièces en un acte, ce qui chez Guitry peut interpeller vu son goût peu prononcé pour le féminisme. Ici, elles chargent à hue et à dia le sexe fort, ne se laissant jamais démonter. Sous la houlette de Laure Trégouet (qui signe une mise en scène au cordeau), on s'amuse follement. Le plateau est plus grand, l'aire de jeu formidable. Il n'aura pas fallu longtemps pour que la troupe retrouve ses marques.
Fraiche, aguerrie et joyeuse, elle sert à la perfection un texte finement ciselé. Dans la salle, ce ne sont qu'avalanches de rires. Quoi de plus naturel quand le jeu est précis, l'effet marqué, la connivence évidente. Public et comédiens se délectent des rebondissements à foison, des quiproquos et autres mots d'esprit qui sont la patte de Guitry. Les cinq comédiens seront passés en quelques mois d'une jauge de cinquante à une jauge de deux cents. Avec le succès qu'on sait puisqu'ils sont reçus... cinq sur cinq !