Il est question d'un combat, celui que nous menons tous - mais en vain - dans notre pitoyable existence, un combat humain magnifié par des textes d'une férocité hallucinante et les costumes et prothèses de Carole Allemand qui ajoutent au foutraque, au loufoque des personnages qui se changent à vue et qui, s'ils font rire à gorge déployée, conjurent en même temps nos angoisses existentielles. C'est licencieux, démesuré, avec cette vulgarité assumée qui malgré tout se fond bien dans la farce générale qu'est cette vie, représentée par ces personnages hauts en couleurs, espiègles à souhait, qui nous renvoient dans leur outrance à nos petites mesquineries, à notre vision étriquée du bonheur, à nos chimères. Qui sommes- nous, gens de peu ? On rit. Beaucoup. On en oublierait presque la gravité du propos tant le rythme effréné du jeu, la profusion des couleurs, des masques, des prothèses comme la distorsion des corps et les chants de Charly Voodoo nous éblouissent.
Ce "Que d'espoir !" est un "Grand Guignol" érudit et virtuose. D'aucuns le qualifieront de gonflé, voire de trash mais cette précision d'horloger qui caractérise le travail de Hugo Bardin, David Migeot et Céline Milliat-Baumgartner, dirigés de main de maître par Valérie Lesort - qui joue aussi en alternance - force le respect. C'est un petit chef-d'œuvre qu'il ne faut manquer sous aucun prétexte.