Le classique reste vraiment superbe. Toujours d'actualité

Bien joué. Mise en scène un peu sobre.

Belle pièce mise en valeur par Carole Bouquet et ses acolytes, dans une mise en scène épurée. C'était la dernière, applaudissements appuyés. Un bémol sur le fond musical permanent qui enlève plus qu'il n'apporte à mon avis, et trouble un peu l'écoute du texte par moment.

Remarquablement placée, merci au carré or Starter, je me suis tout de suite posée dans ce décor contemporain, voire minimaliste , prête à me délecter des si beaux alexandrins de la langue de Molière . Mais hélas, ce soir là ils ne m'ont pas emportée dans la tragédie. J'ai entendu, parfois deviné, bien que tendant l'oreille, une longue litanie monocorde sans ressentir aucune émotion. Je connaissais déjà bien le texte, que j'accompagnais heureusement de mémoire, mais suis restée à distance, un peu noyée aussi dans une musique ambiante parfois trop présente. J'aurais, aussi, aimé entendre les silences .
Titus, m'a semblé un peu fragile, peu sûr de lui, , sans la prestance, la classe, la présence de l'empereur que j'attendais. Antiochus, m'a d'abord conquise, avec un peu plus une allure de roi, quand même... Plus solide, il aurait dû m'en imposer face à Titus, mais dans un pseudo combat, caricatural de leur amour pour Bérenice, je l'ai trouvé timide et ridicule et m'en suis détachée ...
Je n'ai pas du tout réussi à entrer dans le drame .Je me sentais davantage dans une mauvaise série, sortie de boite de nuit, à me demander lequel des deux réussirait à conquérir et ramener la belle chez lui. L'un et l'autre m'ont semblé être dans le renoncement de la raison, et accepter, banalement et sans acharnement que ni l'un ni l'autre ne l'emporterait : combat truqué d'avance. ... Bérénice ,m'est apparue froide et figée, sans passion, linéaire dans le jeu d'une longue plainte, que les alexandrins n'ont pas réussi à me sublimer. Elle ne m'a transmis aucune émotion, aucun désespoir...
Chacun rentrera seul.e ce soir.
Quel dommage d'avoir raté ce RV avec des acteurs de si grand talent ! Peut-être ai-je été mise à distance par ce que j'ai ressenti comme un décalage dû à l'âge des personnages de Racine, Titus 29 ans, et Bérénice 40 ? Peut-être des comédiens plus jeunes m'auraient t-ils davantage émue et touchée par des élans moins matures, plus fougueux, , avec une passion moins raisonnante, plus dévorante ?
Petite compensation à la soirée : je ne suis heureusement pas restée sur ma faim, le dîner au restaurant de la SCALA était, lui, excellent.

Bérénice, c'est une pièce de Racine, en 5 actes et 1506 alexandrins, présentés pour la première fois à l'automne 1670 !
Bérénice, c'est une histoire de destins et de fidélités ( fidélité au pouvoir de Rome, à la passion, à l'amitié) !
Bérénice, à la Scala c'est un très beau décor, des jeux d'ombres et de lumières magiques, une musique envoûtante !
Bérénice, c'est un trio d'acteurs convaincants mais dont les tons plaintifs appauvrissent les alexandrins de Racine. C'est dommage parce que ces vers ont une vibration qui met en valeur la contradiction des sentiments exprimés par les personnages ( mais peut-être est-ce un choix de classicisme assumé ?).
Bérénice, c'est finalement une histoire de cœurs qui se brisent en l'espace d'une heure trente (les 1506 alexandrins ne sont pas tous présents) !
Bérénice c'est Carole Bouquet ... du beau classique.