Pièce nécessaire qui dénonce l'homophobie au XXIème siècle au Brésil - intense et magnifiquement interprétée (un chouille trop longue?). Les émotions sont palpables dans cette danse macabre entre beaux-frères. Magnifique jeu des deux acteurs ; Armando Babioff est époustouflant!

Le thème de la pièce n'est pas très original en soi et presque un peu daté, la venue d'un homme à l'enterrement de son compagnon de vie, inconnu de sa famille (cf. la pièce l'hirondelle l'an dernier). Mais la mise en scène, la tension physique, le jeu charnel des acteurs sont remarquables et poignants, même si cela aurait pu être un peu plus court.

Même si j'ai préféré cette version à celle vue il y a quelques mois à la Manufacture des Abbesses, je ne suis toujours pas très fan de cette pièce québécoise jadis adaptée au cinéma par Xavier Dolan et transposée ici dans le Brésil profond. Certes, la mise en scène très physique, voire animale, est impressionnante (notamment sur ce qui touche à la circulation du désir) et convient parfaitement au vaste plateau de ce beau théâtre qui a une âme. Certes, les quatre comédiens sont extrêmement impliqués. Mais au-delà de la nécessaire dénonciation de l'homophobie, le texte me semble manquer d'originalité et de profondeur. Face à l'unanimité des commentaires dithyrambiques et à l'ovation debout proposée tous les soirs par les spectateurs dans une salle comble, je me sens peu seul et presque coupable de ne pas avoir été ému par un spectacle qui m'a paru par ailleurs un peu étiré...

Sublime

Tom à la ferme ou l'art de garder un Secret. C'est avant tout un lourd Secret car il est jugé par la Morale (la Société). La mise en scène très sobre développe un fort parallèle avec la terre. Les deux acteurs finissent recouverts de terre comme s'ils voulaient se cacher (s'enfouir sous terre), afin de pouvoir renaitre en étant débarrassés du secret. Chacun des protagonistes représente quelque chose : Le frère la Morale, la mère la Religion (la dévotion), le fils le Secret, l'amie la Féminité et Tom la Vérité. Chaque protagoniste défend ce qu'il représente et fait que ça résonne très fortement en nous. Soraya Ravenle et Camila Nhary sont parfaites dans leur rôle de mère qui ne sait pas et de fausse petite amie qui sait. Les émotions qui sont transmises par Armando Babaioff et Gustavo Rodriguez interpellent tous les spectateurs (grand silence dans la salle !). La « standing ovation » et les nombreux rappels du public sont largement mérités pour cette magnifique interprétation.