Zoom par Philippe Escalier
Miss Daisy et son chauffeur
En voiture Micheline !
Une vieille dame incapable de conduire se voit imposer un chauffeur par son fils. Tout en finesse, cette pièce, qui en surprendra plus d'un, laisse éclater le talent de Micheline Dax.
Pour avoir confondu marche arrière et marche avant, Daisy Werthan a mis hors d'usage une voiture et un atelier de bricolage. Effrayé, son fils se résout à affronter sa mère pour lui imposer un chauffeur recruté et payé par ses soins, un homme noir d'une cinquantaine d'années. Dans la Géorgie des années 50, trouver du travail n'est pas chose aisée pour une personne de couleur. Hoke Colburn est ravi d'être engagé, d'autant que son salaire est convenable et qu'il "préfère travailler pour des juifs", signifiant ainsi qu'entre minorité, on peut mieux se comprendre. Largement couronnée à Brodway comme à Hollywood où le film avec Jessica Tandy et Morgan Freeman décroche quatre oscars, l'œuvre d'Alfred Uhry séduit par le mariage heureux que l'histoire intime noue avec le contexte politique. Hoke et Miss Daisy vont passer un quart de siècle ensemble. Durant cette période, le racisme demeure très présent et ne s'atténue qu'avec l'arrivée combative du pasteur Luther King. Dans le même temps, la vieille dame, très attachée à sa religion, ironise volontiers sur les tentatives faites par sa belle-fille pour fêter Noël et "épater les goys !".
Ce contexte politico-religieux subtil sert de toile de fond à cette rencontre. La vieille dame au caractère entier est, au début du moins, inflexible. Se trouvant trop jeune pour renoncer à son véhicule, elle veut ignorer la présence de son chauffeur et jure qu'elle fera désormais ses courses à pied. Peu à peu, elle finit par accepter de se laisser conduire, sans pour autant cesser de donner ses directives en râlant. Qu'elle refuse de voir sa voiture garée devant la grande entrée de la synagogue ou qu'elle évoque les conditions de vie précaires du temps de sa jeunesse, Miss Daisy est toujours haute en couleur. Un peu excessive, parfois de mauvaise foi, elle est dotée d'un grand cœur qui ne manque pas de séduire son employé. Micheline Dax, actrice-née, apporte à son personnage une véracité et une émotion qu'elle fait partager à la salle entière avec la simplicité qui la caractérise. Face à sa prestation, parfaitement à l'unisson, Jean-Michel Martial (le chauffeur) et Jean-Loup Horwitz (le fils), étonnent par la justesse de leur jeu. Conduit par Stephan Meldegg - il signe une belle mise en scène ludique -, ce trio d'acteurs nous offre un délicieux moment.
Ce contexte politico-religieux subtil sert de toile de fond à cette rencontre. La vieille dame au caractère entier est, au début du moins, inflexible. Se trouvant trop jeune pour renoncer à son véhicule, elle veut ignorer la présence de son chauffeur et jure qu'elle fera désormais ses courses à pied. Peu à peu, elle finit par accepter de se laisser conduire, sans pour autant cesser de donner ses directives en râlant. Qu'elle refuse de voir sa voiture garée devant la grande entrée de la synagogue ou qu'elle évoque les conditions de vie précaires du temps de sa jeunesse, Miss Daisy est toujours haute en couleur. Un peu excessive, parfois de mauvaise foi, elle est dotée d'un grand cœur qui ne manque pas de séduire son employé. Micheline Dax, actrice-née, apporte à son personnage une véracité et une émotion qu'elle fait partager à la salle entière avec la simplicité qui la caractérise. Face à sa prestation, parfaitement à l'unisson, Jean-Michel Martial (le chauffeur) et Jean-Loup Horwitz (le fils), étonnent par la justesse de leur jeu. Conduit par Stephan Meldegg - il signe une belle mise en scène ludique -, ce trio d'acteurs nous offre un délicieux moment.
Paru le 15/03/2004
MISS DAISY ET SON CHAUFFEUR THÉÂTRE SAINT-GEORGES Du samedi 24 janvier au samedi 5 juin 2004
COMÉDIE. Miss Daisy Werthan, veuve âgée et fortunée, est douée d'un caractère énergique et autoritaire. Elle est devenue la terreur des assurances d'Atlanta en cette année 1948, tant elle multiplie les accidents de voiture. Mais cette incapacité à conduire, et la pression de sa famille, vont finalement l'o...
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