Dossier par Philippe Escalier
Le Petit coiffeur
de Jean-Philippe Daguerre
Acteur et metteur en scène, Jean-Philippe Daguerre s'est lancé dans l'écriture en 2016 avec "Adieu Monsieur Haffmann", la pièce saluée par quatre Molières, suivie de "La Famille Ortiz". Sa dernière création, "Le Petit coiffeur" est à l'affiche du Rive Gauche avec Brigitte Faure, Charlotte Matzneff, Félix Beaupérin, Arnaud Dupont et Romain Lagarde.
Jean-Philippe Daguerre
Il connait bien son histoire, il sait que la Libération, avec ses heures peu glorieuses, a durablement marqué le pays mais aussi des auteurs qu'il affectionne comme Jean Anouilh ou Marcel Aymé. "Au fur et à mesure de mon travail de documentation, je me disais que l'on avait perdu la guerre en 40 et raté la paix en 45". Marqué par cette photo célèbre prise en 1945 par Robert Capa, "La Tondue de Chartres", il a imaginé la vie amoureuse et romanesque du petit coiffeur requis pour effectuer cet acte de vengeance. Dans sa pièce, Jean-Philippe Daguerre a eu à cœur de raconter une histoire, loin de tout manichéisme et sans porter de jugement. Rendant au passage hommage aux femmes résistantes ayant pris la défense de celles qui, durant l'épuration, se trouvaient dans la tourmente pour des raisons d'amours interdites, il fait vivre cinq personnages attachants, parfois cocasses, dans une ambiance où les sentiments, le suspens et l'humour ne manquent pas.
Concernant sa double casquette, il avoue : "la mise en scène est mon domaine de prédilection, j'ai du mal à lâcher le bébé, d'ailleurs, je n'hésite pas à me décrire comme un metteur en scène qui écrit ! Je me figure toute la partie visuelle de la pièce en l'écrivant et j'imagine aussi la distribution".
Une anticipation facilitée par sa passion des acteurs. "Je vais régulièrement au théâtre et j'ai souvent des noms en tête". Une exception pour cette pièce où Jean-Philippe Daguerre a procédé à des auditions. En privilégiant le talent et les qualités humaines. Pour le plus grand plaisir des spectateurs qui répondront, une nouvelle fois, présents au rendez-vous qu'il nous fixe.
Arnaud Dupont
appartient à ces comédiens illustrant l'adage selon lequel le théâtre est une famille. Il entretient des relations fidèles avec certains artistes. "Quand votre metteur en scène vous connait bien, il peut vous pousser vers d'autres univers comme du contre-emploi par exemple, toujours passionnant à faire".
À l'image de son rôle dans "Le Cas de la famille Coleman", où la troupe dirigée par Johanna Boyé remporte le concours du théâtre 13 et où Jean-Philippe Daguerre va le découvrir. Il y interprète un rôle marquant présentant une similitude avec celui qu'il tient dans "Le Petit coiffeur", à savoir un garçon souffrant d'un handicap mental : "Il faut vraiment composer quelque chose et dérégler la logique de nos raisonnements et de nos comportements, sans tomber dans la caricature" souligne-t-il avant d'ajouter «"mon personnage est très attachant, un peu naïf, avec une troublante forme de clairvoyance."
Dans un palmarès déjà étoffé, l'on remarque une "Reine de beauté de Leenane", mais aussi "La Dame de chez Maxime" jouée au Théâtre 13 puis au Rive Gauche, récompensée par trois nominations aux Molières ou encore la création du "Cercle des Illusionnistes" d'Alexis Michalik en 2014 qu'il joue sans interruption pendant les dix-huit premiers mois de création, puis en alternance et qui lui offre une vraie visibilité.
Paradoxalement, sa carrière professionnelle commence par un poste d'enseignant. "Je ne viens pas d'une famille d'artistes. Quand je suis arrivé sur Paris, je me suis remis à faire du théâtre avec Isabelle Desage. Elle a cru en moi et m'a encouragé à me professionnaliser". Ce regard extérieur fait office de déclic. Avec elle, il joue en 2004 le monologue de Blaise Cendras, "La Prose du Transsibérien".
Ce sont le plus souvent de belles rencontres humaines, comme celle de Jean-Philippe Daguerre, qui l'ont amené sur les plateaux ou à l'écriture, activité qu'il partage avec Naéma Boudoumi venue du subventionné. Leur prochain spectacle est programmé à La Tempête en mai 2021. "Je n'écris jamais seul, j'aime accompagner les gens dans l'écriture, je doute moins et j'avance beaucoup plus vite". Pour l'heure, il ne fait aucun doute qu'il ait trouvé un rôle à sa mesure dans "Le Petit coiffeur."
Félix Beaupérin
À vingt-neuf ans, ce comédien qui a déjà été nommé aux Molières dans la catégorie "Révélation masculine" en 2015, a incarné des personnages très différents avec beaucoup d'intensité et de justesse.
Comment êtes-vous arrivé au rôle titre du "Petit Coiffeur" ?
Jean-Philippe Daguerre m'a proposé une audition après être venu voir "La Ménagerie de verre". Ce spectacle m'a marqué par la qualité du texte et les quatre excellents comédiens avec qui nous avons joué un an à Paris et cinq mois en tournée (interrompus par le Covid) et m'a aussi donné le plaisir d'intégrer la troupe du "Petit coiffeur."
Votre nouveau rôle en quelques mots ?
Mon personnage a plusieurs facettes, c'est un homme passionné ayant du mal à trouver sa place et qui se cherche. Ce fils d'une haute figure de la résistance, ennemi de la violence, se trouve entrainé malgré lui dans cette séquence de l'épuration. Souffre-t-il du complexe de ne pas avoir combattu ? Laissons planer le suspens d'autant que nous sommes au début de l'été : la découverte et le travail de ce rôle n'en est qu'au début.
Donc vous n'arrivez pas en répétition avec des idées trop arrêtées ?
Non, le théâtre est un travail d'équipe, il est important de bien connaitre ses partenaires et leur façon de voir leur personnage. Ensuite, répéter un rôle requestionne les idées qui surgissent à la lecture de la pièce. La vision d'un personnage peut évoluer avec les répétitions. D'ailleurs, une interprétation peut aussi bouger au fil des représentations. Nous sommes confrontés à un texte puis à la vision d'un metteur en scène, enfin à celle de nos partenaires. Tout cela est mouvant et vivant !
Qu'avez-vous fait en dehors du théâtre récemment ?
J'ai tourné une série pour France 2, "Victor Hugo, ennemi d'Etat" à Bergerac dans laquelle je jouais Auguste Vacquerie, frère du gendre de Hugo, qui mourut noyé avec Léopoldine en 1843. J'étais fier de partager cette belle aventure et, accessoirement de pouvoir faire découvrir Bergerac aux autres comédiens, ville où je travaille une partie de l'année depuis 2014 avec ma compagnie et où j'ai monté, notamment avec Chloé de Broca, le festival du théâtre du Roi de Coeur, un festival de théâtre populaire. L'an dernier, il a réuni plus de 8000 personnes sur deux semaines. Il s'est déroulé cette année du 11 au 22 août, juste avant la reprise des répétitions pour "Le Petit coiffeur".
Il connait bien son histoire, il sait que la Libération, avec ses heures peu glorieuses, a durablement marqué le pays mais aussi des auteurs qu'il affectionne comme Jean Anouilh ou Marcel Aymé. "Au fur et à mesure de mon travail de documentation, je me disais que l'on avait perdu la guerre en 40 et raté la paix en 45". Marqué par cette photo célèbre prise en 1945 par Robert Capa, "La Tondue de Chartres", il a imaginé la vie amoureuse et romanesque du petit coiffeur requis pour effectuer cet acte de vengeance. Dans sa pièce, Jean-Philippe Daguerre a eu à cœur de raconter une histoire, loin de tout manichéisme et sans porter de jugement. Rendant au passage hommage aux femmes résistantes ayant pris la défense de celles qui, durant l'épuration, se trouvaient dans la tourmente pour des raisons d'amours interdites, il fait vivre cinq personnages attachants, parfois cocasses, dans une ambiance où les sentiments, le suspens et l'humour ne manquent pas.
Concernant sa double casquette, il avoue : "la mise en scène est mon domaine de prédilection, j'ai du mal à lâcher le bébé, d'ailleurs, je n'hésite pas à me décrire comme un metteur en scène qui écrit ! Je me figure toute la partie visuelle de la pièce en l'écrivant et j'imagine aussi la distribution".
Une anticipation facilitée par sa passion des acteurs. "Je vais régulièrement au théâtre et j'ai souvent des noms en tête". Une exception pour cette pièce où Jean-Philippe Daguerre a procédé à des auditions. En privilégiant le talent et les qualités humaines. Pour le plus grand plaisir des spectateurs qui répondront, une nouvelle fois, présents au rendez-vous qu'il nous fixe.
Arnaud Dupont
appartient à ces comédiens illustrant l'adage selon lequel le théâtre est une famille. Il entretient des relations fidèles avec certains artistes. "Quand votre metteur en scène vous connait bien, il peut vous pousser vers d'autres univers comme du contre-emploi par exemple, toujours passionnant à faire".
À l'image de son rôle dans "Le Cas de la famille Coleman", où la troupe dirigée par Johanna Boyé remporte le concours du théâtre 13 et où Jean-Philippe Daguerre va le découvrir. Il y interprète un rôle marquant présentant une similitude avec celui qu'il tient dans "Le Petit coiffeur", à savoir un garçon souffrant d'un handicap mental : "Il faut vraiment composer quelque chose et dérégler la logique de nos raisonnements et de nos comportements, sans tomber dans la caricature" souligne-t-il avant d'ajouter «"mon personnage est très attachant, un peu naïf, avec une troublante forme de clairvoyance."
Dans un palmarès déjà étoffé, l'on remarque une "Reine de beauté de Leenane", mais aussi "La Dame de chez Maxime" jouée au Théâtre 13 puis au Rive Gauche, récompensée par trois nominations aux Molières ou encore la création du "Cercle des Illusionnistes" d'Alexis Michalik en 2014 qu'il joue sans interruption pendant les dix-huit premiers mois de création, puis en alternance et qui lui offre une vraie visibilité.
Paradoxalement, sa carrière professionnelle commence par un poste d'enseignant. "Je ne viens pas d'une famille d'artistes. Quand je suis arrivé sur Paris, je me suis remis à faire du théâtre avec Isabelle Desage. Elle a cru en moi et m'a encouragé à me professionnaliser". Ce regard extérieur fait office de déclic. Avec elle, il joue en 2004 le monologue de Blaise Cendras, "La Prose du Transsibérien".
Ce sont le plus souvent de belles rencontres humaines, comme celle de Jean-Philippe Daguerre, qui l'ont amené sur les plateaux ou à l'écriture, activité qu'il partage avec Naéma Boudoumi venue du subventionné. Leur prochain spectacle est programmé à La Tempête en mai 2021. "Je n'écris jamais seul, j'aime accompagner les gens dans l'écriture, je doute moins et j'avance beaucoup plus vite". Pour l'heure, il ne fait aucun doute qu'il ait trouvé un rôle à sa mesure dans "Le Petit coiffeur."
Félix Beaupérin
À vingt-neuf ans, ce comédien qui a déjà été nommé aux Molières dans la catégorie "Révélation masculine" en 2015, a incarné des personnages très différents avec beaucoup d'intensité et de justesse.
Comment êtes-vous arrivé au rôle titre du "Petit Coiffeur" ?
Jean-Philippe Daguerre m'a proposé une audition après être venu voir "La Ménagerie de verre". Ce spectacle m'a marqué par la qualité du texte et les quatre excellents comédiens avec qui nous avons joué un an à Paris et cinq mois en tournée (interrompus par le Covid) et m'a aussi donné le plaisir d'intégrer la troupe du "Petit coiffeur."
Votre nouveau rôle en quelques mots ?
Mon personnage a plusieurs facettes, c'est un homme passionné ayant du mal à trouver sa place et qui se cherche. Ce fils d'une haute figure de la résistance, ennemi de la violence, se trouve entrainé malgré lui dans cette séquence de l'épuration. Souffre-t-il du complexe de ne pas avoir combattu ? Laissons planer le suspens d'autant que nous sommes au début de l'été : la découverte et le travail de ce rôle n'en est qu'au début.
Donc vous n'arrivez pas en répétition avec des idées trop arrêtées ?
Non, le théâtre est un travail d'équipe, il est important de bien connaitre ses partenaires et leur façon de voir leur personnage. Ensuite, répéter un rôle requestionne les idées qui surgissent à la lecture de la pièce. La vision d'un personnage peut évoluer avec les répétitions. D'ailleurs, une interprétation peut aussi bouger au fil des représentations. Nous sommes confrontés à un texte puis à la vision d'un metteur en scène, enfin à celle de nos partenaires. Tout cela est mouvant et vivant !
Qu'avez-vous fait en dehors du théâtre récemment ?
J'ai tourné une série pour France 2, "Victor Hugo, ennemi d'Etat" à Bergerac dans laquelle je jouais Auguste Vacquerie, frère du gendre de Hugo, qui mourut noyé avec Léopoldine en 1843. J'étais fier de partager cette belle aventure et, accessoirement de pouvoir faire découvrir Bergerac aux autres comédiens, ville où je travaille une partie de l'année depuis 2014 avec ma compagnie et où j'ai monté, notamment avec Chloé de Broca, le festival du théâtre du Roi de Coeur, un festival de théâtre populaire. L'an dernier, il a réuni plus de 8000 personnes sur deux semaines. Il s'est déroulé cette année du 11 au 22 août, juste avant la reprise des répétitions pour "Le Petit coiffeur".
Paru le 28/10/2020
(144 notes) THÉÂTRE RIVE-GAUCHE Du jeudi 8 octobre 2020 au mercredi 15 juin 2022
COMÉDIE DRAMATIQUE. Août 1944 : Chartres vient tout juste d’être libérée de l’Occupation allemande. Dans la famille Giraud, on est coiffeur de père en fils, et c’est donc Pierre qui a dû reprendre le salon-hommes de son père, mort dans un camp de travail un an plus tôt. Marie, sa mère, héroïne de la Résistance frança...
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