Dossier par Philippe Escalier
Arnaud Bertrand
Le métier de producteur
Producteur et co-directeur d'une agence artistique, Arnaud Bertrand fait partie de cette nouvelle génération d'entrepreneurs ayant mis ses talents et son énergie au service de créations artistiques de qualité. Il revient avec nous sur sa vision exigeante de son métier.
On a parfois un peu tendance à fantasmer sur le rôle de producteur. Comment le définiriez-vous ?
Pour vous répondre d'une manière globale, car il s'agit d'un métier polymorphe, j'aimerai faire référence à la notion de cadre. Pour moi, le producteur est quelqu'un qui définit un cadre économique, artistique dans lequel la création va être possible. Son travail est de faire en sorte que tout le monde reste dans ce cadre définissant un budget à respecter et une proposition artistique à mener à bien. Il s'agit donc d'un regard extérieur et d'un travail d'accompagnement définis par des règles et des barrières qui sont très importantes. Le producteur peut être l'initiateur ou celui qui choisit de soutenir un spectacle.
Pour vous donner deux exemples, j'ai un projet, dont je suis à l'origine, d'adaptation au théâtre d'un film de Netflix « Les Deux Papes » pour lequel j'ai eu un coup de foudre. Je me suis dit Netflix, ce ne sera pas possible, avant de m'apercevoir que le film était une adaptation d'une pièce de théâtre pour laquelle l'auteur avait conservé ses droits. J'espère donc pouvoir le réaliser à la rentrée prochaine.
Par ailleurs, et là c'est différent, le théâtre du Rond-Point va programmer dans quelques semaines « Snow Therapy »: ce sont les adaptateurs Jeanne Le Guillou et Bruno Dega qui sont rentrés dans mon bureau en me proposant le projet, c'était leur idée, je me suis simplement contenté d'approuver. Cela s'est passé de la même façon pour « Noire » de et avec Tania de Montaigne mise en scène par Stéphane Foenkinos.
Enfin, je soulignerai que le théâtre laisse plus de liberté au producteur que le cinéma.
C'est pour cela que vous êtes davantage centré sur le théâtre ?
Oui et non. Au départ, cela vient d'une contrainte légale : j'ai créé avec Elisabeth Tanner « Time Art », une agence artistique que nous co-dirigeons. La loi prévoit que l'on ne peut pas produire d'audiovisuel pour éviter les conflits d'intérêts. Cette incompatibilité ne s'applique pas au spectacle vivant pour lequel j'ai une passion depuis longtemps. Cette contrainte rejoint donc une envie profonde sans compter que le théâtre a aussi pour avantage d'offrir des projets plus nombreux, capables de se monter plus rapidement.
Vos multiples activités vous ont laissé le temps d'écrire « Récréation » avec Sam Azulys !
J'ai la chance d'être entouré d'une équipe formidable et de pouvoir déléguer. « Récréation» a vu le jour car c'est toujours important que le producteur ne se prenne pas pour un auteur quand il monte un projet et qu'il ait l'humilité de s'effacer devant l'artiste. Pour saisir cette différence, il n'y a rien de mieux que de se confronter à l'écriture. Mais je ne me prends pas pour un auteur professionnel.
Pour finir, comment traversez-vous cette crise ?
Je la vis avec de l'inquiétude pondérée par une certaine sérénité, notamment parce que je crois que le théâtre n'est pas en jeu, les spectateurs sont toujours là. Pour le cinéma c'est un peu différent, une frange de son public n'est pas revenue et l'on n'est pas certain qu'elle reviendra. Face à cette incertitude, on se rassure avec des pièces qui cartonnent en ce moment à Paris et le fait que le théâtre corresponde à ce que les gens attendent en termes de sorties aujourd'hui.
Pour vous répondre d'une manière globale, car il s'agit d'un métier polymorphe, j'aimerai faire référence à la notion de cadre. Pour moi, le producteur est quelqu'un qui définit un cadre économique, artistique dans lequel la création va être possible. Son travail est de faire en sorte que tout le monde reste dans ce cadre définissant un budget à respecter et une proposition artistique à mener à bien. Il s'agit donc d'un regard extérieur et d'un travail d'accompagnement définis par des règles et des barrières qui sont très importantes. Le producteur peut être l'initiateur ou celui qui choisit de soutenir un spectacle.
Pour vous donner deux exemples, j'ai un projet, dont je suis à l'origine, d'adaptation au théâtre d'un film de Netflix « Les Deux Papes » pour lequel j'ai eu un coup de foudre. Je me suis dit Netflix, ce ne sera pas possible, avant de m'apercevoir que le film était une adaptation d'une pièce de théâtre pour laquelle l'auteur avait conservé ses droits. J'espère donc pouvoir le réaliser à la rentrée prochaine.
Par ailleurs, et là c'est différent, le théâtre du Rond-Point va programmer dans quelques semaines « Snow Therapy »: ce sont les adaptateurs Jeanne Le Guillou et Bruno Dega qui sont rentrés dans mon bureau en me proposant le projet, c'était leur idée, je me suis simplement contenté d'approuver. Cela s'est passé de la même façon pour « Noire » de et avec Tania de Montaigne mise en scène par Stéphane Foenkinos.
Enfin, je soulignerai que le théâtre laisse plus de liberté au producteur que le cinéma.
C'est pour cela que vous êtes davantage centré sur le théâtre ?
Oui et non. Au départ, cela vient d'une contrainte légale : j'ai créé avec Elisabeth Tanner « Time Art », une agence artistique que nous co-dirigeons. La loi prévoit que l'on ne peut pas produire d'audiovisuel pour éviter les conflits d'intérêts. Cette incompatibilité ne s'applique pas au spectacle vivant pour lequel j'ai une passion depuis longtemps. Cette contrainte rejoint donc une envie profonde sans compter que le théâtre a aussi pour avantage d'offrir des projets plus nombreux, capables de se monter plus rapidement.
Vos multiples activités vous ont laissé le temps d'écrire « Récréation » avec Sam Azulys !
J'ai la chance d'être entouré d'une équipe formidable et de pouvoir déléguer. « Récréation» a vu le jour car c'est toujours important que le producteur ne se prenne pas pour un auteur quand il monte un projet et qu'il ait l'humilité de s'effacer devant l'artiste. Pour saisir cette différence, il n'y a rien de mieux que de se confronter à l'écriture. Mais je ne me prends pas pour un auteur professionnel.
Pour finir, comment traversez-vous cette crise ?
Je la vis avec de l'inquiétude pondérée par une certaine sérénité, notamment parce que je crois que le théâtre n'est pas en jeu, les spectateurs sont toujours là. Pour le cinéma c'est un peu différent, une frange de son public n'est pas revenue et l'on n'est pas certain qu'elle reviendra. Face à cette incertitude, on se rassure avec des pièces qui cartonnent en ce moment à Paris et le fait que le théâtre corresponde à ce que les gens attendent en termes de sorties aujourd'hui.
Paru le 30/03/2022