Zoom par Patrick Adler
Jacques et Chirac
à la Contrescarpe
Une comédie assez culottée pour un Roi mis à nu qui, pour paraphraser Henri Salvador pourrait donner : « J'aimerais tant voir si Chirac use ».
« Le RPR est un parti qui est mort, comme le PS ». Le ton est donné.
Vous vous attendiez à un biopic ? Quelque part, c'en est un, mais à la sauce rockn'roll.
Donc, à pas de charge. Quoi de normal pour un petit-fils de hussard de la République !
L'écriture aussi est une charge, bien que l'auteur (talentueux Régis Vachlos) s'en défende.
Pas de panique, c'est plus un « J'accuse !» qu'un « J'abuse !». Et puis c'est avant tout une comédie. Basée néanmoins sur des faits avérés. Car le Chirac inconditionnel de la pomme, de la fracture sociale, à la fibre rad-soc de ses ancêtres, le bon Jacques qui a vendu l'Humanité sur les marchés dans sa jeunesse ne saurait faire oublier le bulldozer plus fric que freaks, le Super-menteur brocardé par feus les Guignols, le hâbleur invétéré, l'inconstant, le traitre, l'intrigant de la Françafrique, le roi de la débrouille et le pape de la magouille.
Et pourtant...Malgré tous ces chefs d'accusation, Chirac garde un capital sympathie , peut-être par son authenticité, sa sincérité...jusque dans la trahison. Oui, il trahit. Dans l'exercice du Pouvoir. Comme dans l'intimité. Un Président, ça trompe énormément.
Alors, pourquoi dégage-t-il une telle sympathie ? Effet miroir ?
Et si on avait tous quelque chose en nous de Chichi...
L'homme est complexe : il aime les honneurs mais peut congédier des officiels pour parler aux petites gens. Qui ne se souvient de ses marathons au cul des vaches et aux buvettes du Salon de l'Agriculture, buvant des coups avec les agriculteurs et faisant bonne chère.
Mais il est aussi à l'aise dans les palaces des têtes couronnées Africaines.
Au fond, Chirac est COOL, adepte du grand écart, du « en même temps » avant l'heure !
Cool comme le récit malin à souhait de Régis Vachlos qui se délecte en traitant le factuel - car tout l'est assurément dans cette bible pour les politologues - avec une bonhomie, une légèreté , mâtinées de sauvagerie. C'est irrévérencieux à souhait, parfois même trash, comme la représentation du Président dans le plus simple appareil (un slip bleu-blanc-rouge et des mi-bas) et de Bernadette en hippie, coiffée « afro blonde » et stone à souhait.
C'est irrévérencieux aussi dans la représentation polysémique : le trône du Pouvoir devient le trône des wc, les lunettes pour capter, la lunette pour évacuer. Les punchlines fusent : « Je ne trompe pas ma femme, je me suis trompé de femme ». On se délecte. On en redemande. Et on n'est jamais décus. Une fausse pub vient nous cueillir : « Prostamol ? No problemol ».
C'est jouissif, c'est rythmé, c'est subtil et précis dans le jeu comme dans la mise en scène inventive du malicieux Marc Pistolesi . Ajoutez Charlotte Zotto à l'adaptation, vous avez alors un travail choral d'une grande efficacité.
« Jacques et Chirac », c'est un trio de Pieds Nickelés facétieux à souhait qui savent tout jouer
Il y a du Hara-Kiri, de l'esprit « Guignols de l'Info », des « Nuls » dans ces 80 minutes de fous-rires où, à l'instar des comédiens, les éléments de décor et autres accessoires deviennent eux-aussi polyvalents. Le micro-ondes sert de télé puis de boîte magique, les téléphones sortent de partout, comme les lampes qui figurent couronne, diadème. C'est chic et choc. Et délicieusement drôle. Goûter l'Histoire de la Vè République de cette manière est un savoureux mille-feuilles. Puisque chacun se sucre...
Vous vous attendiez à un biopic ? Quelque part, c'en est un, mais à la sauce rockn'roll.
Donc, à pas de charge. Quoi de normal pour un petit-fils de hussard de la République !
L'écriture aussi est une charge, bien que l'auteur (talentueux Régis Vachlos) s'en défende.
Pas de panique, c'est plus un « J'accuse !» qu'un « J'abuse !». Et puis c'est avant tout une comédie. Basée néanmoins sur des faits avérés. Car le Chirac inconditionnel de la pomme, de la fracture sociale, à la fibre rad-soc de ses ancêtres, le bon Jacques qui a vendu l'Humanité sur les marchés dans sa jeunesse ne saurait faire oublier le bulldozer plus fric que freaks, le Super-menteur brocardé par feus les Guignols, le hâbleur invétéré, l'inconstant, le traitre, l'intrigant de la Françafrique, le roi de la débrouille et le pape de la magouille.
Et pourtant...Malgré tous ces chefs d'accusation, Chirac garde un capital sympathie , peut-être par son authenticité, sa sincérité...jusque dans la trahison. Oui, il trahit. Dans l'exercice du Pouvoir. Comme dans l'intimité. Un Président, ça trompe énormément.
Alors, pourquoi dégage-t-il une telle sympathie ? Effet miroir ?
Et si on avait tous quelque chose en nous de Chichi...
L'homme est complexe : il aime les honneurs mais peut congédier des officiels pour parler aux petites gens. Qui ne se souvient de ses marathons au cul des vaches et aux buvettes du Salon de l'Agriculture, buvant des coups avec les agriculteurs et faisant bonne chère.
Mais il est aussi à l'aise dans les palaces des têtes couronnées Africaines.
Au fond, Chirac est COOL, adepte du grand écart, du « en même temps » avant l'heure !
Cool comme le récit malin à souhait de Régis Vachlos qui se délecte en traitant le factuel - car tout l'est assurément dans cette bible pour les politologues - avec une bonhomie, une légèreté , mâtinées de sauvagerie. C'est irrévérencieux à souhait, parfois même trash, comme la représentation du Président dans le plus simple appareil (un slip bleu-blanc-rouge et des mi-bas) et de Bernadette en hippie, coiffée « afro blonde » et stone à souhait.
C'est irrévérencieux aussi dans la représentation polysémique : le trône du Pouvoir devient le trône des wc, les lunettes pour capter, la lunette pour évacuer. Les punchlines fusent : « Je ne trompe pas ma femme, je me suis trompé de femme ». On se délecte. On en redemande. Et on n'est jamais décus. Une fausse pub vient nous cueillir : « Prostamol ? No problemol ».
C'est jouissif, c'est rythmé, c'est subtil et précis dans le jeu comme dans la mise en scène inventive du malicieux Marc Pistolesi . Ajoutez Charlotte Zotto à l'adaptation, vous avez alors un travail choral d'une grande efficacité.
« Jacques et Chirac », c'est un trio de Pieds Nickelés facétieux à souhait qui savent tout jouer
Il y a du Hara-Kiri, de l'esprit « Guignols de l'Info », des « Nuls » dans ces 80 minutes de fous-rires où, à l'instar des comédiens, les éléments de décor et autres accessoires deviennent eux-aussi polyvalents. Le micro-ondes sert de télé puis de boîte magique, les téléphones sortent de partout, comme les lampes qui figurent couronne, diadème. C'est chic et choc. Et délicieusement drôle. Goûter l'Histoire de la Vè République de cette manière est un savoureux mille-feuilles. Puisque chacun se sucre...
Paru le 30/08/2023
(52 notes) CONTRESCARPE (LE) Jusqu'au dimanche 5 janvier 2025
COMÉDIE SATIRIQUE. Une comédie satirique, drôle et grinçante sur le pouvoir, le mensonge et la République. Un feu d’artifice sur Jacques Chirac, mené à cent à l’heure. Après les spectacles Dieu est mort et moi non plus j'me sens pas très bien et Cabaret Louise, Jacques et Chirac est la nouvelle création de Régis Vla...
|