Zoom par Philippe Escalier
Le Repas des fauves
Théâtre Hébertot
La pièce de Vahé Katcha, récompensée en 2011 par trois Molières, adaptée et mise en scène par Julien Sibre, revient à l'affiche. Ce huis clos, décrivant, dans des moments dramatiques, une cruelle vision de l'âme humaine, est un moment de théâtre d'une rare intensité.
Le romancier et scénariste français d'origine arménienne Vahé Katcha n'a écrit que deux pièces, dont « Le Repas des fauves » en 1960. Depuis de nombreuses années, Julien Sibre s'est intéressé à ce texte, joué pour la première fois en 2009 et plus de 700 fois depuis. Au fil du temps, il a remanié et perfectionné son adaptation pour en faire ce spectacle terriblement dynamique et envoutant.
Nous sommes au début de l'occupation. Un attentat contre deux officiers allemands, sous les fenêtres d'un appartement où sont rassemblés sept amis pour un anniversaire, va mettre brutalement un terme à la fête. Les nazis ne font pas dans la dentelle et exigent que deux personnes soient livrées en otage pour être exécutées. Faussement magnanime, l'allemand chargé de l'enquête laisse au petit groupe le soin de désigner deux des leurs. L'insupportable et cruel dilemme va alors révéler la véritable personnalité des personnages.
La tension qu'implique ce choix aux conséquences fatales va très vite atteindre des sommets. Faut-il faire un choix ? Comment faire ce choix ? Face à cette situation impossible, les sept convives essaient de trouver une porte de sortie. Ils vont surtout s'entredéchirer autour d'André, le riche industriel (magnifique Thierry Frémont) enrichi par ses ventes d'acier aux allemands, qui joue de son aura pour mener la danse et surtout, sauver sa peau. Dans cette situation dramatique, les masques tombent et toute la faiblesse et la noirceur de l'âme humaine va se dévoiler. Devant le danger, la bienséance explose dynamitée par des instincts primaires.
Le mérite de Vahé Katcha, outre la peinture précise de ses personnages, est d'avoir magnifiquement su décrire la monstruosité de la situation tout en instillant, tout au long de la pièce, un humour décapant. Les spectateurs rient quand ils n'écoutent pas le texte dans un silence religieux. Dans « Le Repas des fauves » l'auteur a magnifiquement démontré la maitrise de son art de scénariste, avec ce suspens étouffant, ces rebondissements multiples et ces moments où le rire vient désarmer la tension. Devant un texte à l'architecture subtile, parfaitement adapté et joué*, les spectateurs sont littéralement envoutés. Il n'y a pas de meilleur retour critique possible que l'attention rare et absolue des spectateurs portée à ce qui se passe sur scène durant « Le Repas des fauves ».
*Thierry Frémont, Cyril Aubin, Oliver Bouana, Benjamin Egner, Jochen Hägele, Stéphanie Hédin, Jérémy Prévost, Julien Sibre, Barbara Tissier, Sébastien Desjours, Alexis Victor, Caroline Victoria selon les soirs.
Nous sommes au début de l'occupation. Un attentat contre deux officiers allemands, sous les fenêtres d'un appartement où sont rassemblés sept amis pour un anniversaire, va mettre brutalement un terme à la fête. Les nazis ne font pas dans la dentelle et exigent que deux personnes soient livrées en otage pour être exécutées. Faussement magnanime, l'allemand chargé de l'enquête laisse au petit groupe le soin de désigner deux des leurs. L'insupportable et cruel dilemme va alors révéler la véritable personnalité des personnages.
La tension qu'implique ce choix aux conséquences fatales va très vite atteindre des sommets. Faut-il faire un choix ? Comment faire ce choix ? Face à cette situation impossible, les sept convives essaient de trouver une porte de sortie. Ils vont surtout s'entredéchirer autour d'André, le riche industriel (magnifique Thierry Frémont) enrichi par ses ventes d'acier aux allemands, qui joue de son aura pour mener la danse et surtout, sauver sa peau. Dans cette situation dramatique, les masques tombent et toute la faiblesse et la noirceur de l'âme humaine va se dévoiler. Devant le danger, la bienséance explose dynamitée par des instincts primaires.
Le mérite de Vahé Katcha, outre la peinture précise de ses personnages, est d'avoir magnifiquement su décrire la monstruosité de la situation tout en instillant, tout au long de la pièce, un humour décapant. Les spectateurs rient quand ils n'écoutent pas le texte dans un silence religieux. Dans « Le Repas des fauves » l'auteur a magnifiquement démontré la maitrise de son art de scénariste, avec ce suspens étouffant, ces rebondissements multiples et ces moments où le rire vient désarmer la tension. Devant un texte à l'architecture subtile, parfaitement adapté et joué*, les spectateurs sont littéralement envoutés. Il n'y a pas de meilleur retour critique possible que l'attention rare et absolue des spectateurs portée à ce qui se passe sur scène durant « Le Repas des fauves ».
*Thierry Frémont, Cyril Aubin, Oliver Bouana, Benjamin Egner, Jochen Hägele, Stéphanie Hédin, Jérémy Prévost, Julien Sibre, Barbara Tissier, Sébastien Desjours, Alexis Victor, Caroline Victoria selon les soirs.
Paru le 17/11/2023
(154 notes) THÉÂTRE HÉBERTOT Du jeudi 14 septembre 2023 au samedi 15 juin 2024
COMÉDIE DRAMATIQUE. La soirée se déroule sous les meilleurs auspices, jusqu'à ce qu'au pied de leur immeuble soient abattus deux officiers allemands. En représailles, la Gestapo investit l'immeuble et décide de prendre deux otages par appartement. Le Commandant Kaubach, qui dirige cette opération, reconnaît en la per...
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