Les lumières sont encore allumées, le spectacle n'a pas démarré et un importun se faufile à travers les tables, fait signe à un spectateur de lui céder la place, ce qu'il consent, hébété. Il s'assied, attend quelques secondes puis repart pour trouver meilleur champ de vision, déloge d'autres gens qui se montrent étonnamment polis ou... perplexes. Puis, il grimpe avec agilité sur scène. Le noir se fait, la musique retentit et c'est parti pour quatre-vingt minutes d'un show électrisant où vont se mêler toutes les formes de danse, du classique au hip-hop, de la break-dance à la samba. Cet importun du début n'est autre que Régis Truchy, danseur, chorégraphe mais aussi un formidable mime, un étonnant contorsionniste, un comédien hors-pair qui inspecte toutes les formes d'expression comme les ombres chinoises, la magie et même le langage des signes. Avec ce regard d'enfant, cet éternel sourire qui fascine petits et grands, il parle à tous. Et tout parait si simple, si naturel, si facile chez cet homme-caoutchouc ! Quel travail, quelle perfection, quelle virtuosité ! Servi par une bande-son au cordeau qui ne lui permet aucun écart - hormis la parenthèse interactive qu'il s'accorde avec le public vers la fin - il adapte son mouvement, ses gestes, ses mimiques aux musiques. Tout est calibré dans ce show qui ne lui accorde aucune pause et c'est juste... époustouflant de voir une telle élasticité du corps. De Billy Jean aux Dents de la mer, de la Panthère Rose à Jurassic Park, de E.T à All that jazz, de Rabbi Jacob au Space Oddity de feu Bowie, des Bee-Gees à Donna Summer, comme dans un grand "blind-test ", il nous invite à redécouvrir les grands airs du répertoire qu'il a revisités dans des chorégraphies hilarantes. Un régal. Le public, qui n'aime rien tant que d'être mis à contribution, suit au doigt et à l'œil ce chef d'orchestre d'un soir, aussi déjanté que rigoureux qui, dès le début, lui a appris à régler les applaudissements, allant même jusqu'à sortir son métronome. Le tout, sans un mot. Un seul regard, un seul geste auront suffi. Sauf à la fin - pardon - quand il dit "Merci".

Excentrique ou Eccentric, une chose est sûre : il sort du cercle. Parce qu'il est unique. Comme ce moment que vous allez vivre à la Nouvelle Eve !