Hypokhâgne, maîtrise de philo et de mise en scène... il est pour le moins capé, ce jeune comédien qui, une heure durant, avec un sens inouï de la scène, une connaissance fine de la prosodie, du rythme et ce don fou de la rupture, va présenter ses petits stratagèmes de "gamer" à un public médusé par tant de maîtrise. Car il ne se contente pas d'expliquer le jeu dont on comprend vite qu'il est pour lui une réponse à l'ennui, à cette solitude qu'il dit assumer - on comprend mieux cette acuité du regard sur les autres - mais il image le tout et là, on prend une leçon de théâtre. Il campe avec justesse tous les êtres qu'il rencontre, du chanteur fatigué au prof de philo verbeux, du couple en crise face à un clochard sur fond de saumon gravlax au serveur peu amène, du taxi grassouillet à la nana shootée. La galerie de portraits est un tourbillon de bonheur. Avec lui, les mots sont vivants. Aucun décor, un seul accessoire - une chaise -, il va crescendo sur son fil. Tombera-t-il ?
La salle, elle, tombe des nues. Il est diablement doué ! Courez l'applaudir !