Elle, c'est Geneviève Casile, immense actrice, emblématique icône des « Rois Maudits ». Elle a joué les grands textes du répertoire, les auteurs dits « classiques ». Pour autant, après quelques années de silence, c'est l'adaptation sur scène de la courte vie d'un empereur fou, Héliogabale, qui va la remettre en selle. L'histoire est certes romancée - dixit les historiens -mais il permet à la solaire Geneviève , muée en Julia Maesa, grand-mère d'un « monstre » d'afficher une autorité, un cynisme, une froideur assez inattendues. Face à Héliogabale, campé par Mickael Winum qui, depuis Néron, campe avec bonheur les tyrans, elle ne cède pas un pouce à sa folie destructrice, vilipende sa débauche et sa cruauté, tout en se conduisant elle-même en véritable tyranne, protégeant ainsi son pouvoir. Sur scène, les lumières, savamment agencées, figurent bien cette atmosphère ténébreuse sur fond crépusculaire de nuages noirs épais qui abondent sur une toile par la magie de la vidéo. Les personnages eux-mêmes sont tout de noir vêtus, Héliogabale allant jusqu'à appliquer force khôl sur les yeux, ce qui accentue son côté diabolique et fou. « Trans » avant l'heure, il affiche sans vergogne un goût prononcé pour le sexe masculin, aime les habits féminins et s'exprime avec force afféteries, poussant même à l'aigu dans ses colères. Inégal et inconstant - d'aucuns diraient « hystérique » il prend appui tantôt sur Maesa tantôt sur son factotum Comazon, promu Préfet de Rome, tout en les renvoyant l'un et l'autre. Allez comprendre...

Qui gagnera la bataille ? Héliogabale sauvera-t-il son trône ? A moins que Maesa ne lui impose l'adoption de son cousin Alexandre...
Sur un plateau quasi nu - un trône, un petit siège et pour accessoires une bouteille et deux verres - , habillés « contemporain » pour signifier l'universalité du thème (le personnage a d'ailleurs été évoqué en d'autres temps par Genet et Artaud), c'est le texte et la direction d'acteurs qu'a mis en valeur Pascal Vitellio, metteur en scène. Avec le talent qu'on sait.