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© D.R© Frédérique Toule
Dossier par Philippe Escalier
La Voix d’or

Après deux années de succès au festival d'Avignon, cette pièce musicale et chorale est à l'affiche à Paris au Théâtre Actuel La Bruyère. Focus sur « La Voix d'or » en compagnie de son co-auteur et metteur en scène, Éric Bu ainsi que Sandrine Seubille et Grégory Benchenafi qui tient le rôle-titre.

Éric Bu


Pas de rentrée théâtrale sans qu'Éric Bu ne soit à l'affiche. 2024 ne fait pas exception à la règle. Belle récompense pour un homme de théâtre, venu de l'image, dont il est souvent dit que ses films sont assez théâtraux quand ses pièces ont un aspect un peu cinématographique, à l'image de « La Voix d'or » créée à Avignon en 2023 et aujourd'hui à l'affiche à Paris.

« La pièce est née d'une rencontre avec Thibaud Houdinière comme raconté dans la pièce. C'était lors d'une des premières d'« Arletty » au Petit Montparnasse. Au cours de la discussion, il me parle de son grand-père qui pourrait faire un sujet de spectacle. Quelques semaines plus tard, je suis revenu vers lui pour lui demander des éléments pour y réfléchir et il a commencé à écrire. Face à cette matière formidable, je me suis demandé pourquoi cette histoire plus qu'une autre ? Il me manquait un élément déclencheur et ce qui allait faire théâtre. Or, dans l'histoire de départ, il y avait beaucoup de trous. J'ai donc proposé de la compléter avec ma version inventée. J'ai brodé autour de l'histoire de Charles. Se passe alors quelque chose de très fort : Thibaud pose des questions à des membres de sa famille, leurs réponses corroborent quasiment tout ce que j'avais imaginé. De là, tout a démarré ! Au travers de ces histoires et de ces inconscients reliés les uns aux autres, il s'agissait de mettre en scène notre relation à tous les deux en faisant une mise en abime tout en créant un duo de clowns pour prendre de la distance ».
Avec, pour la partie musicale, deux ambiances : des chansons classiques qui racontent l'histoire et des créations originales qui décrivent ce que ressentent les personnages.

« Le rôle de l'auteur a été écrit pour Marc Citti et a été joué magnifiquement par Stéphane Giletta à Avignon. J'ai pensé très tôt à Benjamin Egner pour son talent et sa ressemblance avec Thibaud. Pour Charles, avec Grégory Benchenafi, à la fois chanteur et comédien, nous savions détenir la perle rare, tout comme avec Sandrine Seubille et Élodie Menant qui a demandé à auditionner malgré son succès dans « Arletty ». Pour Charlie Fargialla, l'histoire est encore plus belle. J'étais convaincu qu'il nous fallait un homme de 60 ans mais il nous a dépanné pour une lecture où il a été tellement génial que nous n'avons pas hésité, l'âge n'étant qu'un détail en vérité. Tous sont magnifiquement accompagnés par le pianiste Stéphane Isidore ».
Toujours sur tous les fronts, dans quelques mois, en janvier 2025, Éric Bu présentera sa mise en scène de la nouvelle pièce de Gilles Dyrek « Je m'appelle Georges » au théâtre Actuel La Bruyère avant de proposer au public son adaptation d'un livre de David Foenkinos « Les Souvenirs », courant de l'année prochaine.


Sandrine Seubille


Artiste aux talents multiples et à la formation pluridisciplinaire, Sandrine Seubille est venue au théâtre par les études de lettres. « Je me destinais à une carrière d'enseignante. En même temps que ma formation universitaire, j'ai suivi des cours au Conservatoire d'Art Dramatique de Brest. Les deux s'enrichissaient. Je suis venue à la comédie musicale beaucoup plus tard. En arrivant à Paris, je suis entrée en dernière année des Cours Florent et à l'école du Théâtre de Chaillot où j'ai rencontré Christiane Legrand et Patrice Peyrieras. »

Deux rencontres capitales qui lui donneront le virus du théâtre musical et lui feront rencontrer Michel Legrand, avec qui elle travaillera dès sa sortie de Chaillot. « J'ai aussi pris des cours de lyrique. J'ai même été chanteuse soliste au Moulin Rouge pendant 4 ans. Pour moi, il n'y a pas de clivage entre le théâtre, la danse et le chant. Je ne veux pas être cloisonnée dans une seule discipline. Aujourd'hui, je peux jongler entre des pièces comme « Les Téméraires » que je viens de jouer à Avignon ou des spectacles musicaux ». L'artiste, qui a présenté avec panache en 2024 les 6ème Trophées de la Comédie Musicale, en compte déjà huit à son actif.

Si elle aime beaucoup le festival d'Avignon, elle n'en est pas une habituée, comédies musicales obligent ! Avec deux grands spectacles cette année, elle se rattrape quelque peu. « Quand j'ai lu le texte de « La Voix d'or », j'ai été extrêmement touchée par l'histoire et j'ai tout de suite eu une envie folle de jouer Christine Vercel. J'y ai trouvé un livret magnifique avec une partition d'actrice incroyable faite de chant et de danse. Pour moi, c'est l'idéal. J'avais déjà été gâtée par « Chicago » à Mogador, il y a 5 ans. À nouveau, je retrouve un très beau rôle au sein d'une merveilleuse équipe accueillie à Avignon par un public très attachant, démonstratif, chaleureux, s'exprimant avec beaucoup de spontanéité et de générosité ». Un auditoire de qualité comme celui qui attend Sandrine Seubille au Théâtre Actuel La Bruyère.


Grégory Benchenafi


Peut-on imaginer titre plus adapté à ce comédien chanteur, à la belle voix de baryton-Martin, qui incarne toujours à la perfection tous ses personnages? Rôle-titre dans « La Voix d'or », Grégory Benchenafi revient avec nous sur une année riche et un spectacle dans lequel il s'épanouit totalement.

Pour lui, l'année a été occupée par « Turing » de Benoît Solés (il en est à sa 380ème représentation), des concerts en Espagne notamment et sa participation à des opérettes. Il a mis en scène « Encore », un spectacle live créé à Casablanca, sur des tableaux de comédies musicales et continue sa collaboration avec la compagnie Trabucco pour la mise en scène de leurs spectacles, dont « Twist à Saint-Tropez » qui est parti en tournée. Sans oublier sa 23ème mise en scène pour un spectacle ayant fait 6 Zenith pour les 100 ans d'une grosse boite et qui lui a demandé un an de travail. Un emploi du temps qui ne l'a pas empêché de se rendre disponible pour « La Voix d'or » lors du festival d'Avignon et, en ce moment, à l'affiche du théâtre Actuel La Bruyère avant de faire une parenthèse (comment faire autrement ?) avec « Les Misérables » mis en scène par Ladislas Chollat à partir de novembre 2024 au Châtelet.

« Quand Thibaut Houdinière m'a parlé du rôle, je jouais « Turing » qui m'a permis de montrer ce que je pouvais faire comme comédien dans un double rôle passionnant. J'ai fait beaucoup de comédies musicales, cela a été un long processus pour ne pas être seulement identifié comme chanteur. J'ai donc un peu hésité avant de découvrir que « La Voix d'or » était un vrai spectacle de théâtre musical dans lequel le personnage de Charles Gentes s'avère incroyable à interpréter. Il peut apparaitre en prince charmant dans l'émission de Jean Nohain, puis, d'un coup, basculer vers ses failles, ses peurs, sa violence et son état chaotique. C'est jouissif d'aller chercher des choses assez loin et j'ai pu y travailler avec toute l'équipe. C'est un vrai travail choral. » Un plaisir de jouer d'évidence largement partagé par le public.
Paru le 15/09/2024

(66 notes)
VOIX D'OR (LA)
THÉÂTRE ACTUEL / LA BRUYÈRE
Jusqu'au dimanche 12 janvier 2025

SPECTACLE MUSICAL. Chansons originales de l’époque, reprises des grands airs de la chanson française (Aznavour, Brel, Piaf, Trenet, Brassens, Montand, en passant par Dario Moreno et Dalida), amours passionnés, traversez cette folle et tendre saga familiale qui va se fabriquer sous vos yeux et vous emmènera de l’Egyp...

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