Article de Patrick Adler
À cœur perdu
À l'Essaion.
Quand la résilience opère par l'écriture, le jeu, la danse, quand on sent son corps bouger, quand on ne regrette rien de cette expérience inédite de la mort provisoire, cela donne un souffle de vie, un roman à succès d'Emmanuelle de Boysson puis une pièce-ode à la vie qui se déguste à petites gorgées grâce au talent de Carmen Vadillo, dont la vitalité, l'humour, la grâce ne sont pas sans rappeler une certaine Victoria Abril.
Elle revient de loin, comme on dit. Si d'aucuns subissent les effets collatéraux du coma que sont les hallucinations, pertes de mémoire, déséquilibres physiques et mentaux, elle, la miraculée (sic) aurait bien prolongé l'expérience. Avoir vécu la mort est déjà une chance car, à part Lazare et le Christ, les seuls que l'on connaisse à ce jour et encore (qui nous le prouve ?)... il n'y a personne de véritablement crédible pour nous narrer par le menu ce passage de vie à trépas et son contraire. Tout au plus quelques témoignages, quelques livres et désormais des conférences, des livres-référence, des pièces (notamment "Les frottements du cœur" de Katia Ghanty, gros succès d'Avignon 2024) et ce petit bijou de sensibilité : "À cœur perdu", mis en scène avec talent et finesse par Hervé Bentégeat.
Revenir à la vie fait mal, très mal, nous dit l'autrice. Au point d'avoir envie de retrouver l'iconique "paradis blanc", chanté par feu Michel Berger. Comment partager le miracle ? Peut-être par les mots, sources d'oxygène, deuxième peau. Écrire pour respirer, pour réparer. Les mots sont des armes pour affronter la vie.
Elle dit tout cela, entre quelques sanglots, quelques accès de colère, quelques moments de désespoir qui ne sont que petits nuages gris dans un ciel qu'elle voit bleu ou blanc car, de cette expérience et de ce retour à la vie sur terre - qu'elle a un temps pensé à abréger -, elle fait de ces petits bonheurs quotidiens (les cris des enfants, les tableaux de Jérôme Bosch, des papillons qui volètent, la Passion de St Matthieu de Bach...), des moments d'émerveillement où elle retrouve cette joie inextinguible de vivre. Il aura suffi d'un bruit de clef dans la serrure pour qu'elle recrache ses cachets. Son compagnon est là. C'est l'électro-choc du bonheur retrouvé.
Carmen Vadillo a cette énergie communicative, cette force de vie, ce sourire éclatant. Elle est lumineuse, solaire. Mi-chatte, mi-démon, elle nous subjugue par ses trilles, sa gestuelle - toute théâtrale -, ses pas de danse et... son accent. Ah, cet accent ! Il est poésie, baume, évasion. Dans cette invitation au grand "voyage" ou plutôt au grand "retour", on ne pouvait trouver meilleure interprète pour de si jolis mots.
Revenir à la vie fait mal, très mal, nous dit l'autrice. Au point d'avoir envie de retrouver l'iconique "paradis blanc", chanté par feu Michel Berger. Comment partager le miracle ? Peut-être par les mots, sources d'oxygène, deuxième peau. Écrire pour respirer, pour réparer. Les mots sont des armes pour affronter la vie.
Elle dit tout cela, entre quelques sanglots, quelques accès de colère, quelques moments de désespoir qui ne sont que petits nuages gris dans un ciel qu'elle voit bleu ou blanc car, de cette expérience et de ce retour à la vie sur terre - qu'elle a un temps pensé à abréger -, elle fait de ces petits bonheurs quotidiens (les cris des enfants, les tableaux de Jérôme Bosch, des papillons qui volètent, la Passion de St Matthieu de Bach...), des moments d'émerveillement où elle retrouve cette joie inextinguible de vivre. Il aura suffi d'un bruit de clef dans la serrure pour qu'elle recrache ses cachets. Son compagnon est là. C'est l'électro-choc du bonheur retrouvé.
Carmen Vadillo a cette énergie communicative, cette force de vie, ce sourire éclatant. Elle est lumineuse, solaire. Mi-chatte, mi-démon, elle nous subjugue par ses trilles, sa gestuelle - toute théâtrale -, ses pas de danse et... son accent. Ah, cet accent ! Il est poésie, baume, évasion. Dans cette invitation au grand "voyage" ou plutôt au grand "retour", on ne pouvait trouver meilleure interprète pour de si jolis mots.
Paru le 03/10/2024
(18 notes) THÉÂTRE ESSAÏON Jusqu'au mardi 14 janvier 2025
TEXTE(S). Cette femme revient d’un voyage terrifiant, merveilleux : la mort. Ce pays où les sensations et les émotions sont d’une intensité si puissante, qu'elle repousse le moment de revenir sur terre. Les frontières entre vivants et morts s’estompent. Ici tout devient jeu, espoir, amour, enfance et joie.
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