Connexion : Adhérent - Invité - Partenaire

D.R.
Article de Patrick Adler
Le voyage d’un assassin
Au Darius Milhaud.

Remarqué il y a peu dans "le Quai" à la Manufacture des Abbesses, Paul Duvaux nous surprend encore dans ce seul-en-scene sombre où il laisse éclater toutes les facettes de son talent. Impressionnant !
Le texte est puissant. Entre road-movie et western, entre brutalité et poésie, il offre une partition intéressante à jouer. Ce voyage initiatique qui laisse alterner l'ombre et la lumière, illustrations du réel et de l'onirique chez le serial-killer en quête de rédemption, offre, avec le soutien puissant d'une bande-son très étudiée, une tension de tous les instants. Le jeune assassin convoque et toise la mort, figurée par un long manteau, interpelle les anges qui n'ont pas été à la hauteur de ses attentes. Dans son long soliloque il s'adresse à son sac, une besace nommée Calepin, devenue dans sa folie son seul compagnon de voyage. Paul Devaux, aidé par la mise en scène subtile et très fouillée de l'autrice Roxane Brunet et de Camille Helbeïe - qui signe avec brio la création lumières -, construit le voyage sous nos yeux avec des matériaux bruts (tissus, morceaux de bois, bouts de fer, baril) et laisse ainsi notre imagination travailler.

De la maison abandonnée aux montagnes enneigées, du terrain vague et crasseux à la tente de fortune, du linceul à l'arrivée dans le train, on oscille entre effroi et tendresse pour cet assassin qui se raconte et s'interroge, ce jeune paumé qui crève de solitude et semble tuer par ennui. Comme dans un dédoublement de personnalité, il est à la fois auteur et spectateur de ses crimes. La question fondamentale est : comment se racheter ? En retrouvant les siens ? Retour à la case départ, aux artichauts de son enfance, à son village, à sa sœur, à la vie d'avant... ?
Paul Duvaux se fond avec talent dans ce tableau sombre et fou qui a des accents de Goya ou Caravage. Il offre, entre violence et poésie, une palette de jeu assez impressionnante qui scotche plus d'un spectateur. Standing-ovation !
Paul Devaux. Un nom à retenir.
Paru le 04/10/2024

(1 notes)
VOYAGE D’UN ASSASSIN
DARIUS-MILHAUD
Du mercredi 11 septembre au mercredi 27 novembre 2024

SEUL-E EN SCÈNE à partir de 13 ans. Pleine nuit d’orage. Un homme s’introduit par effraction dans une maison abandonnée. Il se tapit dans l’ombre et attend. Cet homme, c’est Emile, assassin de métier recherché pour les crimes qu’il a commis. Au petit matin, un train rugit tout près. Il s’y introduit clandestinement. Il va vers son v...

Voir tous les détails